La thérapie Morita ne propose pas un chemin vers la perfection émotionnelle, mais une voie vers l’acceptation joyeuse de la vie.

Et si, au lieu de lutter contre nos émotions, nous apprenions à surfer sur elles ? C’est exactement ce que propose la thérapie Morita, née il y a plus d’un siècle au Japon.
La thérapie Morita est une forme de psychothérapie japonaise introduite par Morita Shôma (1874-1938) en 1919. À l’origine, elle visait principalement à traiter le taijin kyofusho, une forme d’anxiété sociale typique du Japon, où la personne craint d’embarrasser ou de gêner les autres par son comportement ou son apparence.
Shoma Morita a souffert jeune d’angoisses liées à la peur de la mort, avant de forger sa méthode basée sur l’acceptation et l’action. En 1927, l’hôpital Sansei a été fondé pour pratiquer exclusivement cette thérapie, avec des étapes progressives menant de la passivité absolue à la renaissance active au sein de la société.
La Thérapie Morita est d’ailleurs proche du courant phénoménologique français. Shoma Morita enseigne comme professeur de psychologie clinique à l’université du Bouddhisme de Kyoto et exerce comme psychiatre praticien à l’hôpital Sansei, petit établissement spécialisé dans cette approche inspirée du Zen.
L’idée centrale de Morita est simple et profonde : accepter ce que l’on ressent et continuer d’agir malgré tout : il n’est pas nécessaire d’attendre d’être parfaitement serein pour avancer dans la vie. Au contraire, c’est en avançant avec nos émotions que l’on trouve la véritable paix intérieure.
🔑 Les grands principes de la méthode
Le directeur de l’hôpital Sansei, le Dr Usa, écrivait en 1984 : « Où est la lune ? Dans notre hôpital, nous donnons l’expérience de la guérison totale par l’acceptation de l’irrationalité de l’esprit ‘telle quelle’, sans chercher à comprendre la cause du symptôme ni à étudier la thérapie. »
Cet état, « sans aucune parole » ni « aucune norme », représente un retour immédiat et naturel au soi profond, sans préparation particulière.
La thérapie Morita repose donc sur une forme de lâcher-prise très active. Elle enseigne d’abord à accueillir ses émotions telles qu’elles viennent, sans se juger et sans tenter de les effacer. Ressentir de l’anxiété, de la tristesse ou de la colère est profondément humain ; il ne s’agit pas d’un défaut à corriger.
Ensuite, elle nous encourage à passer à l’action, même en présence de ces émotions inconfortables. Tu ressens de la peur avant d’envoyer un mail important ? Tu le fais quand même. La guérison, dans l’esprit de Morita, ne vient pas de la disparition des émotions mais de ta capacité à continuer ton chemin en leur compagnie.
Enfin, Morita rappelle que nos émotions suivent les lois de la nature. Tout comme les saisons se succèdent, nos sentiments évoluent eux aussi. L’enjeu n’est donc pas de rester figé, mais de devenir stable au cœur même de la tourmente.
Traditionnellement, la méthode suit un parcours en 4 étapes : repos complet, réalisation de petits travaux simples, implication dans des activités physiques plus soutenues, puis un retour progressif à une vie sociale et active.
Voilà un petit résumé :
- Acceptation des émotions
- Action malgré tout
- Présent et nature
- Phases de pratique
🏡 Comment pratiquer la thérapie Morita chez soi ?
Bon, tout ça c’est bien joli, mais comment fait-on sans thérapeute ? Pas de panique, on peut expérimenter ces idées chez soi. Pour commencer, une bonne lecture ou vidéo introductive sur Morita vous donnera le contexte (certains ouvrages en anglais sont disponibles, ou des articles de vulgarisation).
Pas besoin d’un maître zen pour expérimenter cette approche ! Commencer peut être aussi simple que de tenir un journal où tu notes chaque matin et chaque soir tes émotions sans chercher à les modifier. En observant ces variations, tu réaliseras qu’aucune émotion n’est permanente.
Tu peux également t’accorder quelques minutes de pause consciente chaque jour : t’asseoir, fermer les yeux, respirer profondément et simplement être là. Ce moment de calme volontaire agit comme un petit bain de repos mental, semblable aux premières étapes de la thérapie Morita traditionnelle.
Une autre manière de s’initier est d’entreprendre de petites tâches quotidiennes – faire la vaisselle, jardiner, écrire quelques lignes – avec toute ton attention portée sur le geste. Même si l’anxiété surgit, tu l’observeras sans réagir, en continuant doucement ton activité.
Au fil du temps, il est bon d’intégrer une activité physique plus soutenue : une marche rapide, un peu de bricolage, du sport doux. L’effort physique aide le corps à libérer les tensions et renforce la stabilité intérieure.
Enfin, après cette phase de recentrage, tu pourras reprendre progressivement tes activités sociales et professionnelles. Sans précipitation, mais avec la confiance retrouvée qu’il est possible d’agir même lorsque l’émotion est présente.
Résumé :
- Journal de bord
- Pause consciente
- Petits travaux
- Montée en puissance
- Réintégration progressive
🌱 Applications concrètes au quotidien
La beauté de la méthode Morita est qu’elle s’applique à de nombreuses situations de la vie courante. Avant un examen ou une réunion importante, plutôt que de lutter contre ton trac, reconnais-le comme naturel. Puis avance, ouvre ton cahier, rédige ton plan : l’action apaise plus sûrement que mille ruminations.
Lors d’une rencontre personnelle stressante, accepte la nervosité que tu ressens. Concentre-toi sur l’instant, écoute l’autre avec attention, respire profondément. Peu à peu, la tension perdra de sa force.
Si tu te retrouves bloqué(e) face à un projet créatif, décide simplement de t’y mettre quelques minutes par jour. Écris une phrase, trace un trait : l’important est de nourrir l’élan, pas d’attendre l’inspiration parfaite.
Visualise tes émotions comme une pluie passagère sur un jardin japonais. Tu ne peux pas arrêter la pluie, mais tu peux continuer d’arroser ton bonsaï. À force de patience, ton jardin intérieur deviendra plus serein, plus vivant.
✨ Conseils pour rester motivé(e)
Pour entretenir ta pratique, chaque petit pas compte. Félicite-toi pour chaque action entreprise, même minuscule. Un geste apparemment banal, comme lancer une machine à laver malgré la peur, est en réalité une immense victoire intérieure.
Associe ta pratique à un moment de plaisir : un thé fumant, un morceau de musique douce, un parfum d’encens. Tu créeras ainsi des liens positifs qui encourageront ton esprit à persévérer.
Quand tu sens tes vieux réflexes de lutte revenir, souris-toi intérieurement. Puis recentre-toi doucement, comme un sabreur qui se replace après une frappe ratée.
Garde en tête l’image du mont Fuji, imperturbable sous les tempêtes. Toi aussi, tu peux cultiver cette force tranquille, patiemment.
Enfin, rappelle-toi que la culture japonaise valorise le gaman, cette endurance sereine et silencieuse. Faire partie de cette humanité imparfaite est une richesse, non une faute.
Et pour égayer les jours plus lourds voici une liste de quelques mantras inspirés de l’esprit Morita :
- Petits pas : un geste après l’autre, sans pression.
- Rituels agréables : associer action et plaisir doux.
- Zen attitude : accueillir les émotions passagères comme des nuages.
- Inspiration Fuji : stable même sous la tempête.
- Complicité japonaise : l’endurance tranquille, toujours valorisée au Japon.
L’essence ultime de la thérapie Morita est l’obéissance à la nature. Le désir de vivre nous pousse toujours en avant, même au prix de nos peurs. Accepter cet élan naturel sans le compliquer par l’intellect est la clé de la libération selon Morita.
La tempête passe, et la douceur revient toujours : tu n’as pas besoin d’attendre d’aller bien pour vivre pleinement. Gambatte ! 🌸
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