Suite à la seconde guerre mondiale, le Japon est devenu leader en matière de technologie et d’art jusqu’à aujourd’hui...
Il y a 70 ans, la capitulation du Japon mettait fin à la Seconde Guerre mondiale. Et c’est ainsi que commença l’occupation américaine et une nouvelle forme de censure de la culture japonaise…
Les débuts du cinéma japonais
La réalisation de films au Japon remonte à 1897 : un caméraman travaillant pour les frères Lumière a filmé les curiosités de Tokyo. Cependant les images en mouvement remontent à bien plus loin. Les Hollandais avaient déjà introduit la lanterne magique auprès des Japonais au 18e siècle, devenue alors déjà très populaire dans les villages japonais.
Grâce à la rétroprojection, ils utilisaient des ombres chinoises pour montrer des squelettes, des fantômes et des démons. Il n’est pas surprenant que les premiers films japonais soient des histoires de fantômes !
L’ère du film muet au Japon a duré jusque dans les années 1930, en partie grâce à la popularité du benshi. Les premiers films de samouraïs au rythme rapide étaient comparés à de la danse rythmique. Leurs films étaient non seulement acclamés par la critique, mais aussi des succès commerciaux.
Dans les années 1930, le gouvernement japonais s’est beaucoup plus impliqué dans le cinéma, insistant sur la production de documentaires de propagande et de promotion (bunka eiga) traduction du terme allemand kulturfilm :
Pendant la seconde guerre mondiale, le gouvernement japonais a exigé une augmentation de la propagande dans les cinémas. Les films devaient montrer alors la gloire et la puissance de l’Empire du Japon. Le ministère de l’Intérieur japonais a un contrôle total sur toutes les affaires intérieures. Il contrôle l’éducation, la santé, l’information, les nouvelles, la publicité, les événements publics et le cinéma. Tout film offensant devait être coupé ou interdit.
Suite à l’attaque de Pearl Harbor qui déclencha l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Elle se terminera par les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en août 1945. Le 2 septembre 1945, l’Empire du Japon se rendra aux États-Unis.
Pendant la guerre, la faiblesse de l’économie japonaise et la montée en flèche du taux de chômage ont fait souffrir fortement le cinéma japonais. La majorité des longs métrages réalisés étaient axés sur la guerre. Dans les années qui ont suivi la guerre, le général américain Douglas MacArthur a été chargé de réviser la constitution japonaise et de combattre la propagande inhérente au cinéma japonais de l’époque.
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Il lance donc une campagne de propagande dans le cadre de laquelle les studios d’Hollywood projettent des films américains dans tout le Japon. Plus de 600 films ont été distribués, chacun présentant le mode de vie américain. L’objectif était de présenter l’Amérique comme un modèle pour la population japonaise.
Succès au box-office et faisant du Japon un marché clé, les films américains sont alors largement diffusés dans le pays, les autorités US contrôlant et censurant strictement les films japonais. La priorité était de présenter les idéaux américains, et tous les autres points de vue étaient supprimés !
L’influence d’Akira Kurosawa
Cette nouvelle période a vu l’avènement du réalisateur japonais le plus célèbre de tous les temps – qui a été très actif au cours de cette période – Akira Kurosawa. Il a révolutionné non seulement le cinéma japonais, mais aussi le monde du cinéma dans son ensemble.
Son frère aîné, Heigo Kurosawa, était un benshi réputé à Tokyo. Comme les films narratifs ont perdu de leur popularité dans les années 30, Heigo a commencé à perdre du travail. En juillet 1933, Heigo s’est suicidé. Sa mort a eu un impact durable sur la vie d’Akira Kurosawa. 2 ans après la mort de Heigo, Akira Kurosawa a quitté son emploi de peintre pour entrer dans l’industrie cinématographique japonaise via le studio Toho et c’est là qu’il trouve son mentor, Kajiro Yamamoto.
Kurosawa se hisse rapidement au rang d’assistant réalisateur sur de nombreux projets de Yamamoto. En 1942, un roman sur le judo est publié par Tsuneo Tomita. Kurosawa lit le livre et demande à la Toho d’en obtenir les droits pour réaliser La Légende du grand judo en 1943.
En 1945, Kurosawa cherche à faire un film adapté à la censure. Il réalise Les Hommes qui marchèrent sur la queue du tigre (虎の尾を踏む男達), les censeurs américains ont alors déclaré que le film était trop féodal, et a été interdit. Le film ne sortira pas avant 1952. Ironiquement, pendant la production du film, la censure japonaise avait jugé le film trop occidental !
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En 1950, Kurosawa entame l’âge d’or du cinéma japonais. Il produit et sort le film Rashomon. Lors de sa sortie initiale au Japon, le film n’a connu qu’un succès modéré.
Cependant Kurosawa était un fantastique compositeur de mouvements, metteur en scène, certains disent le meilleur de l’histoire…
L’âge d’or du cinéma japonais
Kurosawa se tourne alors vers son prochain projet, mais le film est inscrit au Festival du film de Venise. En septembre 1951, Rashomon a reçu le Lion d’or, la récompense la plus prestigieuse du Festival du film de Venise !
Il produit alors Les Sept Samouraïs, adapte Macbeth de Shakespeare et sort La Forteresse cachée. Kurosawa continue dans les années 1960 avec des films comme Yojimbo et Barbe rouge. Tous ces films connaîtront un succès international et influenceront une toute nouvelle génération de cinéastes.
Rashomon a mis en évidence les compétences de Kurosawa en tant que réalisateur. Il avait adopté le cinéma occidental, les œuvres de Shakespeare et les romans de gare américains. En combinant ces éléments avec la culture orientale traditionnelle, les films de Kurosawa se démarquent du style japonais traditionnel et son travail a trouvé un public international, faisant de lui un réalisateur désormais légendaire !
De plus les techniques industrielles japonaises développées à l’époque ont directement influencé Ed Catmull, président de Pixar Animation et de Disney Animation, Catmull a d’ailleurs déclaré que les innovations japonaises de l’époque a été déterminante pour le succès initial de Pixar…
En 1954, les essais nucléaires dans le Pacifique ont provoqué des retombées radioactives au Japon. Ce Japon de l’après-guerre se débattait encore avec les effets des bombes atomiques, et les essais nucléaires ont créé un état de peur accru. Les cinéastes japonais, comme Kurosawa, se concentrent donc alors sur les effets des retombées nucléaires, et c’est un tout nouveau genre qui s’y intéresse.
Le studio Toho va créer la plus grande star du cinéma au Japon. En adoptant l’allégorie de la bombe atomique, le studio a créé style kaiju avec son « Gojira » aka Godzilla réalisé par Ishiro Honda (ami de Kurosawa). Godzilla a donné lieu à une série de suites jusqu’à nos jour et une myriade d’autres films Kaiju…
Cette période est également marquée par la sortie de Tokyo Story de Yasujiro Ozu. Ce film est considéré comme le chef-d’œuvre d’Ozu, souvent cité comme l’un des plus grands films jamais réalisés.
Ces films de l’âge d’or du cinéma japonais ont inspiré des réalisateurs de live actions comme d’animation les plus renommés et dont beaucoup attribuent à ces films une influence directe sur leurs propres projets !
Le réalisateur Sergio Leone a d’ailleurs littéralement « pompé » l’œuvre de Kurosawa, en cadrant souvent les plans exactement de la même manière, lorsqu’il a adapté Yojimbo en Une poignée de dollars…
Autre grand cinéaste influencé par l’âge d’or du cinéma japonais George Lucas cite La Forteresse cachée comme une influence majeure sur sa saga spatio-occidentale Star Wars :
Qu’en reste-t-il des décennies plus tard ? Les films d’Akira Kurosawa ont été les films les plus adaptés ou remodelés du cinéma japonais…
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