Derrière ces chiffres se cache une histoire vaste, qui touche à la fois la société, la politique et même la psychologie japonaise.

Pour la première fois depuis mars, le riz vendu dans environ 1 000 supermarchés japonais est repassé sous la barre psychologique des 4 000 ¥. À 3 920 ¥ pour 5 kg, c’est une chute marquée (–256 ¥ en une semaine), la plus forte depuis mars 2022.
📉 Une baisse des prix orchestrée par le gouvernement
Depuis fin mai, le Premier ministre Shigeru Ishiba a fait du riz une priorité nationale. Son objectif ? Ramener le prix entre 3 000 et 4 000 ¥ d’ici mi-juin. Mission quasi accomplie : les prix baissent pour la quatrième semaine consécutive.
Sous l’impulsion du ministre Shinjirō Koizumi, le gouvernement a choisi d’intervenir directement, abandonnant les enchères traditionnelles au profit de contrats directs avec les enseignes. Résultat : on trouve déjà des sacs à 2 000 ¥ en rayon.
Pour alimenter cette baisse, 120 000 tonnes ont été sorties des entrepôts, et 300 000 tonnes supplémentaires devraient suivre d’ici juillet. Koizumi se félicite d’ouvrir « une nouvelle étape » pour maîtriser les prix, tout en prévenant que le combat n’est pas terminé.
🌏 Quand le riz importé séduit les Japonais
Avec les prix qui s’envolaient ces derniers mois, les Japonais se sont tournés vers une solution longtemps boudée : le riz importé.
Les importations privées ont explosé, multipliées par 3,5 en avril–mai. Rien qu’en mai, le pays a importé 10 600 tonnes, un record. Les consommateurs se laissent convaincre par des riz venus des États-Unis, de Corée, du Vietnam ou de Taïwan — des marques autrefois jugées « inférieures ».
Selon The Guardian, beaucoup trouvent désormais ces riz « acceptables », signe d’un changement culturel profond. Tokyo envisage même d’utiliser un quota TRQ de 100 000 tonnes, exonéré de droits, pour alléger la facture des ménages.
🔥 Une crise agricole comme toile de fond
Tout part de la récolte 2023, sérieusement perturbée : canicule record, afflux touristique, et même panique post-séisme. Ces facteurs ont déclenché une pénurie, faisant grimper les prix de gros.
Résultat : une hausse historique de +89 % sur le riz dans l’indice des prix à la consommation à Tokyo (+3,1 % au global).
Au-delà des chiffres, c’est tout l’équilibre agricole japonais qui est fragilisé.
Si le prix moyen est repassé sous 4 000 ¥, il cache d’importantes disparités : environ 4 500 ¥ dans l’ouest, contre 3 800–4 000 ¥ au nord-est.
Ces différences creusent encore plus les inégalités régionales, une préoccupation majeure pour les autorités.
🗳 Une bataille politique avant les élections
Ce « chantier riz » est aussi une arme électorale. Ishiba espère redorer son image avant l’élection de juillet, après la perte de la majorité à la Chambre basse.
Koizumi, de son côté, met en avant les sacs à 2 000 ¥ comme preuve de son efficacité, tout en promettant un effet durable sur le pouvoir d’achat.
Les États-Unis n’ont pas tardé à réagir. L’administration Trump menace le Japon de représailles tarifaires s’il ne libéralise pas son marché du riz.
Certains économistes parlent déjà d’un possible « deal » : plus de riz américain contre moins de barrières pour les exportations automobiles japonaises. Un scénario qui rappelle la stratégie « rice for cars » des années 80.
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