La hausse historique du prix du riz au Japon n’est pas seulement un problème de conjoncture mais aussi de modèle agricole…

Cette hause met en lumière une série de failles structurelles qui affectent à la fois l’agriculture nationale, le pouvoir d’achat des ménages et la souveraineté alimentaire du pays.
🌾 Une crise enracinée dans un écosystème agricole fragile
La crise actuelle prend sa source dans un été 2023 marqué par des records de chaleur. Résultat : les rendements de riz ont chuté de 18 % en moyenne, atteignant jusqu’à 30 % de pertes dans certaines exploitations de Niigata et Hokkaido, les grandes régions rizicoles du pays. Ces pertes massives ont rapidement mis sous pression les chaînes d’approvisionnement dès l’été 2024.
Mais au-delà de cette mauvaise récolte, c’est la vulnérabilité structurelle de l’agriculture japonaise face au dérèglement climatique qui inquiète. Le National Institute for Environmental Studies prévoit une baisse de 15 % supplémentaire des rendements d’ici 2030, si aucune adaptation sérieuse n’est engagée.
Une pénurie de riz qui réside aussi dans la politique japonaise de réduction des surfaces cultivées.
📈 Spéculation et déséquilibres sur les marchés
La flambée des prix ne s’explique pas seulement par la pénurie physique. Des comportements spéculatifs aggravent la situation. Près de 25 % des stocks commerciaux auraient été volontairement retenus entre septembre 2024 et janvier 2025, dans l’attente d’une hausse des prix.
Donc les circuits de distribution sont engorgés, et les consommateurs peinent à trouver du riz à prix raisonnable, alors que 90 % de la population en consomme quotidiennement.
🏛️ Des réponses gouvernementales en demi-teinte
Le gouvernement japonais a tenté de calmer la situation en procédant à trois vagues de déstockage entre février et avril 2025. En tout, 290 000 tonnes ont été injectées sur le marché. Un volume qui, hélas, ne représente que moins de 5 % de la consommation annuelle.
Pire encore, seules 65 % de ces quantités ont réellement été écoulées, freinées par des soucis logistiques et des critiques sur la qualité du riz fourni. De quoi remettre en question l’efficacité du système de réserves d’urgence.
En parallèle, la grande distribution, à commencer par Aeon, a lancé un riz hybride nippo-américain, vendu 30 % moins cher. Si cette alternative séduit sur le plan économique, elle reste culturellement rejetée : pour 68 % des Japonais, il s’agit d’une solution de dernier recours, tant le riz reste un pilier identitaire de la gastronomie nationale.
💸 Un impact direct sur les ménages japonais
Entre 2023 et 2025, que ce soit pour le riz bas de gamme comme haut de gamme, le budget moyen annuel consacré au riz a explosé de 82 %, passant de 24 000 à 43 700 yens par foyer. Les populations rurales et âgées, souvent plus dépendantes de ce produit de base, sont les premières touchées.
Face à la pression sur le portefeuille, les Japonais modifient leurs habitudes. Les ventes de pâtes et de pain ont bondi de 22 % au premier trimestre 2025. On observe aussi un engouement croissant pour les alternatives comme le quinoa ou le sarrasin.
🔮 Quelles perspectives pour la filière rizicole japonaise ?
Les experts tablent sur une accalmie des prix à l’automne 2025, à condition que la prochaine récolte soit normale. Cela dépendra largement des conditions climatiques et du déploiement de serres climatisées, notamment dans les régions du Tohoku.
La crise relance les débats autour de la diversification variétale et de la modernisation des pratiques agricoles.
De nouvelles souches comme la variété résistante à la chaleur Hoshiyume, expérimentée à Kyushu, offrent des pistes d’espoir. Mais l’attachement aux variétés traditionnelles freine encore leur adoption à grande échelle.
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