Après la fin de la première guerre de l’opium, le Japon, voisin de la Chine, a lui aussi été soumis à la diplomatie militaire occidentale.
Les guerres de l’opium sont 2 conflits commencés 1839 et 1856 et motivés par des raisons commerciales. Les guerres de l’opium opposèrent la dynastie Qing chinoise et le Royaume-Uni qui voulait imposer l’opium en Chine en paiement des marchandises qu’elle y importait.
La défaite de l’armée chinoise en 1860 contre l’armée britannique alliée aux États-Unis et à la France, obligea alors la Chine à concéder le territoire de Hong Kong à la Grande-Bretagne (pour 99 ans).
Dans le cas du Japon, ce n’est pas les britanniques, mais plutôt une expédition américaine dirigée par le commodore américain Matthew Perry qui a forcé les choses en faisant deux démonstrations de puissance navale, en 1853 et 1854.
Les droits et privilèges qui caractérisaient les traités inégaux arrachés à la Chine après la première guerre de l’opium ont été repris dans les traités conclus avec le Japon : extraterritorialité, statut de nation la plus favorisée et tarif fixe.
L’opium lui-même, en revanche, n’est jamais entré dans le pays, que ce soit avant ou après Perry. Le Japon était pourtant alors favorables à la partie chinoise et très critiques à l’égard des étrangers considérés comme des barbares.
🧧 Le Japon et les guerres de l’opium
Pendant les guerres de l’opium, les étrangers n’étaient pas autorisés à entrer au Japon, de plus, les Japonais n’étaient pas autorisés à quitter le pays puis à y revenir.
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Dans la pratique, cependant, la politique du pays fermé n’était pas si étanche et c’est comme cela que le Japon s’est informé sur les guerres de l’opium voisines.
L’une des exceptions les plus significatives à la stricte réclusion était une fenêtre sur le monde extérieur établie dans la ville portuaire de Nagasaki, dans l’île la plus méridionale de Kyushu. Des échanges commerciaux réglementés y étaient autorisés, réservés presque exclusivement aux Hollandais et aux Chinois. Cette fenêtre permettait aux marchandises d’entrer et de sortir du Japon. Elle ouvrait également le pays à la connaissance du monde au-delà de ses frontières, sous la forme d’écrits chinois et de livres néerlandais.
En raison de la politique de réclusion, il n’y avait donc pas d’observateurs japonais officiels en Chine pour assister à la guerre. C’est les échanges de Nagasaki qui ont permis au Japon de prendre connaissance de ce conflit.
Jusqu’à ce que le Commodore Perry fasse sa première démonstration de force dans la baie d’Edo en 1853, les Japonais n’avaient jamais vu de navire de guerre à vapeur.
Ils avaient cependant lu des articles sur ces navires dans le cadre de la guerre qui se déroulait chez leurs voisins au début des années 1840, et avaient même dessiné leurs propres images de ces navires qui rendaient la marine britannique redoutable.
Cependant, dans ce contexte, les informations factuelles détaillées allaient de pair avec la désinformation fabrication.
Les Japonais ont produit des illustrations très imaginatives de la guerre. L’exemple graphique fondamental de la guerre de l’opium aux yeux des Japonais a été publié en cinq parties reliées en 1849, sous le titre Kaigai Shinwa. L’auteur était un érudit samouraï nommé Mineta Fuko :
Bien que le Kaigai Shinwa soit devenu connu au Japon, il n’a pas été accueilli favorablement par le Shogunat. Mineta a été emprisonné pendant 2 ans pour avoir publié ce livre sans autorisation.
L’œuvre de Mineta était principalement basés sur des sources chinoises, et il était extrêmement favorable à la partie chinoise. En revanche, les illustrations n’avaient pas de modèles chinois : elles étaient le pur produit de l’imagination japonaise.
Sur le terrain les forces terrestres chinoises se sont battues avec courage s’attirant les louanges de leurs adversaires britanniques. Elles n’ont cependant remporté aucune victoire significative.
Dans l’ensemble, davantage de troupes britanniques sont mortes de maladie que de combat, le chiffre officiel des pertes britanniques étant d’un minuscule 156 morts. En revanche, le nombre total de Chinois tués et blessés est cent fois supérieur.
Mineta n’a donc pas inventé des exploits militaires chinois imaginaires. Des comptes-rendus trompeurs étaient omniprésents dans les rapports des officiels chinois de l’époque, et se retrouvaient dans les documents écrits sur lesquels Mineta et ses pairs samouraïs s’appuyaient…
Une fois les occidentaux au Japon, et contrairement à la Chine, aucun coup de feu n’a été échangé. Il n’y a pas eu de carnage et de victimes directes dans les deux camps !
Du fait de l’omniprésence des récits des guerres de l’opium sur l’archipel, la puissance militaire de l’Occident semblait alors irrésistible aux habitants et au pouvoir japonais.
Les dirigeants féodaux, menés par le Shogun et son gouvernement à Edo, ont reconnu la puissance de feu supérieure et ont accepté d’ouvrir le pays au commerce, à la résidence étrangère et aux échanges diplomatiques.
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