Les Enfers japonais sont empreints de shintô et de bouddhisme : découvrez ces récits, créatures surnaturelles et réflexions philosophiques.
Contrairement aux Enfers occidentaux, souvent réduits à des flammes éternelles, les Enfers nippons se distinguent par leur complexité et leur variété.
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En explorant leurs récits, on découvre que les Enfers japonais ne sont pas seulement des lieux de tourment, mais aussi des miroirs des peurs, des espoirs et des valeurs de toute une culture.
Plongeons ensemble au cœur de ces visions d’horreur, entre mythes fondateurs et figures emblématiques de l’au-delà.
🌿 Les Enfers Shintô (黄泉国, Yomi) : Une Vision de la Décomposition et de l’Impureté
Dans la tradition shintô, l’Enfer, connu sous le nom de Yomi (黄泉国), n’est pas un lieu de punition morale, mais une étape universelle marquée par la souillure du corps.
Contrairement aux Enfers occidentaux, il n’existe pas de séparation entre les bons et les mauvais. La mort est un processus naturel, mais effrayant, incarné par la décomposition et l’altération physique :
Un des mythes les plus célèbres du shintô, la légende d’Izanagi (伊邪那岐) et d’Izanami (伊邪那美), illustre cette conception. Ces deux divinités créatrices façonnèrent le monde, mais lorsque Izanami mourut en mettant au monde le kami du feu, elle fut envoyée dans le royaume des morts, Yomi.
Izanagi, fou de douleur, tenta de la ramener, mais à la vue de son corps en putréfaction, il fut pris d’horreur et s’enfuit, scellant l’entrée des Enfers. Ce récit symbolise la nature implacable de la mort et son impact sur le vivant.
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Dans le shintô, la décomposition corporelle est perçue comme une forme d’impureté (穢れ, kegare). Elle est omniprésente dans la vie terrestre et doit être combattue par des rites de purification appelés misogi (禊).
Cette impureté n’est pas liée à des actes immoraux, mais à la condition humaine elle-même, rendant donc l’Enfer shintô inévitable pour tous.
🔥 Les Enfers Bouddhistes (地獄, Jigoku) : Une Punition pour le Mauvais Karma
Contrairement au shintô, le bouddhisme voit l’Enfer comme une conséquence directe des actions d’une personne sur terre, mesurées par son karma (カルマ, karuma).
Appelé Jigoku (地獄) en japonais, cet Enfer est divisé en différents cercles, chacun correspondant à des péchés spécifiques.
Contrairement à la damnation éternelle des Enfers occidentaux, les Enfers bouddhistes sont temporaires : une fois la peine purgée, les âmes peuvent rejoindre le cycle des réincarnations, ou samsara (輪廻, rinne).
Au Japon, les Huit Grands Enfers (Hachi Dai Jigoku, 八大地獄) sont particulièrement redoutés. Le premier cercle, Toukatsu Jigoku (等活地獄), est réservé aux meurtriers, qui y sont condamnés à s’entretuer éternellement, ressuscitant après chaque combat pour recommencer leur supplice.
Plus on descend dans les cercles, plus les tortures deviennent terrifiantes : immersion dans du métal en fusion, corps broyés par des montagnes, ou ingestion de braises.
D’autres niveaux, comme Avīci (無間地獄, Mugen Jigoku), sont dédiés aux péchés les plus graves, tels que le meurtre de ses parents. Ce dernier cercle est connu pour infliger des souffrances si atroces qu’elles donnent l’illusion de l’éternité.
Outre les Enfers brûlants, les Enfers glacés, ou Kan Jigoku (寒地獄), infligent des supplices liés au froid. Les âmes y subissent des engelures qui font éclater leur corps ou se brisent sous l’effet d’une pression insoutenable. Cette dualité entre chaud et froid reflète la diversité des péchés et des souffrances humaines.
Le destin des âmes dans les Narakas est décidé par dix grands juges infernaux, chacun supervisant une période précise après la mort. Ces juges, dont le plus connu est Yama, le Roi des Enfers, évaluent les actions de la vie passée en tenant compte des rites funéraires accomplis par les vivants.
Ces pratiques permettent d’atténuer les souffrances des défunts, donnant au bouddhisme une dimension d’interconnexion entre vivants et morts.
🕯 Les Yôkai et Fantômes : Habitants des Enfers Japonais
Ces entités, qui hantent le quotidien et les contes du Japon depuis des siècles, sont souvent associées à l’au-delà ou aux Enfers.
Les Yôkai (妖怪), créatures surnaturelles du folklore japonais, peuplent les récits des Enfers. Parmi eux, certains provoquent la peur ou le dégoût, comme l’Akaname (垢嘗), un petit esprit hideux qui se nourrit des saletés des maisons et des bains publics.
Les fantômes, ou yûrei (幽霊), se distinguent des yôkai par leur nature éminemment humaine.
Dans la tradition bouddhiste japonaise, les âmes chargées de péchés errent dans des contrées infernales, mais il reste parfois un espoir de rédemption si les vivants prient et accomplissent les rites appropriés (offrandes, purification, incantations).
Selon la croyance, une personne qui meurt avec un fort sentiment d’injustice, de rancœur ou de regret peut se transformer en esprit errant.
- Goryô (御霊) : Fantômes de nobles ou de personnalités politiques injustement traitées, capables de semer le chaos par leur rancune.
- Onryô (怨霊) : Esprit vengeur et violent, l’onryô est généralement attaché à un sentiment de colère ou de haine si puissant qu’il demeure dans le monde des vivants pour se venger.
- Les Ubume (産女) : Les esprits de femmes mortes en couche, hantant les lieux où elles ont perdu la vie. Leur apparence, avec leurs longs cheveux noirs et leurs robes blanches, est emblématique des récits de fantômes japonais.
🌀 Une Confrontation de Deux Visions : Shintô et Bouddhisme
L’imaginaire japonais des Enfers reflète une coexistence entre deux visions distinctes mais complémentaires.
- Le shintô, avec sa vision universelle de la mort comme une étape inévitable, invite à accepter la décomposition comme une réalité physique et spirituelle.
- Le bouddhisme, en revanche, place l’accent sur la responsabilité morale et offre la perspective d’une rédemption à travers le cycle des réincarnations.
Ces deux perspectives trouvent un écho dans la vie des Japonais, souvent résumée par l’expression : « Les Japonais naissent shintô et meurent bouddhistes. »
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