Depuis des décennies, le Japon a fondé son influence internationale sur sa compétitivité économique plutôt que sur sa puissance militaire.
Le Japon semble abandonner sa politique de sécurité pacifiste d’après-guerre, qui limitait les dépenses de défense à environ 1 % de son produit intérieur brut et renonçait aux capacités offensives, pour adopter un rôle central dans le maintien de la sécurité dans la région indo-pacifique.
La Nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale Japonaise
Le Japon a récemment dévoilé une nouvelle stratégie audacieuse en matière de sécurité nationale, incluant un plan visant à doubler les dépenses de défense en cinq ans. Ces dépenses, s’élevant à environ 320 milliards de dollars, financeront le plus important renforcement militaire du Japon depuis la Seconde Guerre mondiale et impliquent le troisième plus grand budget de défense au monde après les États-Unis et la Chine.
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Cette nouvelle stratégie comprend l’acquisition de capacités de contre-attaque préventive, telles que les missiles de croisière Tomahawk des États-Unis et le développement de ses propres armes hypersoniques.
Ce tournant a été initié sous l’ancien Premier ministre Abe Shinzo, assassiné en juillet dernier. Sous sa direction, le Japon a augmenté ses dépenses de défense d’environ 10 % et, plus significativement, a réinterprété (avec l’approbation du parlement) la « Constitution de paix » imposée par les États-Unis pour permettre à l’armée de se mobiliser outre-mer pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale.
Abe a également cherché à modifier l’article 9 de la Constitution, qui renonce à « la menace ou l’usage de la force » par le Japon, mais ses efforts ont été entravés par les protestations des mouvements pacifistes au Japon.
Le Premier ministre Fumio Kishida n’a pas rencontré la même résistance. Au contraire, les sondages d’opinion montrent qu’une majorité de Japonais soutiennent ce renforcement militaire. Un changement similaire s’est opéré chez Kishida lui-même, qui était largement considéré comme un pacifiste lorsqu’il était ministre des Affaires étrangères.
L’impulsion de ce changement nippon
En 2013, l’année où Xi Jinping est devenu président de la Chine, la Stratégie de Sécurité Nationale du Japon considérait la Chine comme un partenaire stratégique. En revanche, selon la stratégie mise à jour, la Chine représente « un défi stratégique sans précédent et le plus grand pour assurer la paix et la sécurité du Japon ». L’expansionnisme progressif mais incessant de la Chine sous Xi a rendu la position pacifiste du Japon intenable.
Cela est devenu plus évident que jamais après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a intensifié les craintes que la Chine puisse envisager une option militaire contre Taïwan, qui est effectivement une extension de l’archipel japonais.
En août dernier, 5 des 9 missiles tirés par la Chine lors d’exercices militaires dans les eaux entourant Taïwan ont atterri dans la zone économique exclusive du Japon. Le Japon considère aujourd’hui la sécurité de Taïwan comme vitale pour la sienne.
Une tendance similaire de militarisation est apparue parmi les alliés du Japon
L’Allemagne, un autre pays pacifiste, s’est engagée à augmenter ses dépenses de défense à 2 % du PIB (le même niveau que Kishida vise) et à accepter un rôle de leadership militaire en Europe. Le Royaume-Uni a déjà dépassé le niveau de 2 % du PIB et vise à doubler ses dépenses de défense d’ici 2030. Les États-Unis viennent d’augmenter leurs dépenses militaires déjà énormes de 8 %. La Suède et la Finlande rejoignent une OTAN revigorée.
Bien que le réarmement du Japon soit accepté, il est peu probable qu’il suffise à dissuader la progression expansionniste de la Chine.
Face aux 3 Guerres Chinoises : Limites et Défis
Elles se concentrent sur les aspects psychologiques, d’opinion publique et légaux du conflit, ont permis à la Chine de sécuriser des victoires stratégiques en mer de Chine méridionale — de la prise du récif Johnson South en 1988 à l’occupation du récif de Scarborough en 2012 — sans pratiquement tirer un coup de feu.
Parce que la Chine évite généralement les conflits armés, elle subit des coûts internationaux minimes pour ses actions, même en redessinant unilatéralement la carte géopolitique de la mer de Chine méridionale et en grignotant progressivement les frontières du Bhoutan, un pâturage à la fois. Le gouvernement de Pékin a réussi à décimer l’autonomie de Hong Kong sans faire face à des sanctions occidentales.
Toute cette impunité n’a fait qu’encourager Xi, qui cherche maintenant à reproduire la stratégie de la mer de Chine méridionale en mer de Chine orientale en intensifiant les incursions maritimes et aériennes pour renforcer ses revendications sur les îles Senkaku administrées par le Japon.
Et l’adoption par le Japon de missiles Tomahawk et d’armes hypersoniques ne représente pas nécessairement un moyen efficace de résister… Pour cela, le Japon doit trouver ses moyens de modifier le statu quo tout en évitant le risque d’un combat ouvert.
La réponse du Japon est restée jusqu’à présent mesurée, pour le moins que l’on puisse dire : aucun ministre japonais de la Défense n’a même effectué une inspection aérienne des Senkakus, de peur de fâcher ses voisins…
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