Ce crime, immortalisé par une photographie qui fera le tour du monde, reste l’un des événements politiques les plus marquants de l’après-guerre.

Le 12 octobre 1960, un drame d’une violence inouïe secoue le Japon : Inejirō Asanuma, figure majeure du Parti socialiste japonais, est assassiné en plein discours, en direct à la télévision. Et cet assassinat d’Inejirō Asanuma ne se résume pas à un simple fait divers.
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Son meurtrier, Otoya Yamaguchi est un jeune extrémiste de 17 ans. Il commet alors un acte qui résonne bien au-delà du Japon, illustrant les tensions idéologiques de l’époque.
🌏 Un Japon en pleine tourmente politique
Pour comprendre l’impact de cet assassinat, il faut se replonger dans le Japon des années 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, le pays est en pleine reconstruction, mais aussi déchiré entre 2 visions :
- Les conservateurs, soutenus par les États-Unis, prônent une alliance militaire avec l’Occident et défendent le traité de sécurité nippo-américain (AMPO).
- Les forces de gauche, dont le Parti socialiste japonais (PSJ), s’opposent à cette influence américaine, dénonçant un retour de l’impérialisme sous une autre forme.
Inejirō Asanuma, président du PSJ, incarne cette opposition avec force. Charismatique et provocateur, il n’hésite pas à attaquer violemment le gouvernement et ses alliés américains.
Son discours en Chine en 1959, où il déclare que « l’impérialisme américain est l’ennemi commun des peuples japonais et chinois », le place dans le viseur des nationalistes. Pour eux, il est un traître.
🎭 Un assassinat sous les projecteurs
Le 12 octobre 1960, Asanuma prend la parole lors d’un meeting politique à l’auditorium Hibiya de Tokyo. Devant une foule de militants et de journalistes, l’événement est retransmis en direct à la télévision.
Soudain, un jeune homme bondit sur scène, un wakizashi (un sabre court) à la main. Otoya Yamaguchi frappe Asanuma à deux reprises avec une violence fulgurante. Les images sont terrifiantes : l’homme politique s’effondre sous les yeux du public, tandis que son assassin est rapidement maîtrisé.
Une photo, capturée par Yasushi Nagao, fige cet instant dans l’histoire. Ce cliché, récompensé par le prix Pulitzer en 1961, devient un symbole de l’extrémisme politique qui gangrène alors le Japon.
🗡️ Otoya Yamaguchi : un fanatique prêt à mourir pour son idéal
Otoya Yamaguchi n’est pas un simple assassin. Militant d’extrême droite et membre de la Dai Nippon Aikokutō, un groupe ultranationaliste, il se considère comme un défenseur du Japon contre l’influence étrangère et le communisme.
Lors de son arrestation, il revendique son acte sans remords, affirmant avoir agi pour « sauver le Japon ».
Avant de se suicider en prison, Otoya Yamaguchi a inscrit sur le mur de sa cellule, avec du dentifrice, les phrases « 10 000 ans pour l’Empereur » et « Sept vies pour mon pays », reprenant les célèbres derniers mots du samouraï Kusunoki Masashige, symboles de sa dévotion ultranationaliste :

Pour certains nationalistes, il devient un martyr. Pour d’autres, il n’est que le symbole tragique de la radicalisation extrême…
🌍 Un choc national et international
Cet assassinat d’Asanuma provoque une onde de choc au Japon et dans le monde :
- Pour les socialistes, c’est une perte immense et un signe que la démocratie japonaise est en danger.
- Pour les conservateurs, bien que beaucoup condamnent officiellement l’acte, cet événement contribue à affaiblir l’opposition.
- À l’international, les images du meurtre révèlent les tensions profondes qui divisent le Japon, alors en pleine Guerre froide.
Et plus de 60 ans après, l’affaire Asanuma n’a pas mis fin aux tensions idéologiques au Japon, mais il a contribué à renforcer le rejet de la violence politique. Aujourd’hui, le pays valorise l’harmonie et la retenue, et les débats publics évitent toute forme d’agressivité extrême.
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