Entre régulation tardive, questions de sécurité, et tensions géopolitiques, retour sur une réforme qui dit beaucoup plus que « fini de tricher ».

Pendant des années, une rumeur un peu folle circulait dans les cercles de voyageurs initiés : « Au Japon, tu peux repartir avec un permis de conduire local sans trop te fouler. » C’était vrai. Jusqu’à récemment.
Mais depuis le 1ᵉʳ octobre 2025, c’est terminé. Le Japon vient de verrouiller une brèche étonnante qui permettait à des touristes… de s’offrir un permis japonais comme on achète une carte postale.
🛑 Ce qui change concrètement (et pourquoi)
La réforme est claire : la conversion facile du permis de conduire pour les touristes est désormais impossible. Voici les trois nouveaux garde-fous mis en place :
Résidence exigée, preuves à l’appui
Fini les adresses d’hôtel ou les petits logements Airbnb déclarés à la va-vite. Pour entamer une conversion, il faut désormais fournir un 住民票 (jūminhyō) — un certificat de résidence officiel. En clair : pas de résidence = pas de conversion.
Examen théorique renforcé
Le test simplifié avec quelques questions illustrées ? C’est du passé. Place à un véritable QCM de 50 questions (majoritairement en texte), avec un seuil de réussite fixé à 90 %. Pas plus de 5 erreurs tolérées. C’est autant qu’un lycéen japonais préparant son permis.
Épreuve pratique durcie
Les examinateurs sont désormais plus stricts sur :
- le respect des passages piétons,
- les traversées ferroviaires,
- l’usage des clignotants,
- les contrôles d’angles morts,
- et les trajectoires en virage.
Objectif : mettre fin aux conversions express qui mettaient parfois en danger les autres usagers.
🔍 Pourquoi ce tour de vis maintenant ?
Les conversions explosaient : 68 600 demandes en 2024, soit plus du double qu’en 2015. Des cas très médiatisés ont précipité la réforme, comme :
- À Saitama, un conducteur chinois a fui après avoir blessé des écoliers.
- À Mie, un Péruvien a roulé à contresens sur l’autoroute Shin-Meishin.
Dans les deux cas, leur permis avait été converti depuis l’étranger.
Ajoutez à cela une crispation sociale sur la sécurité routière et une réalité géopolitique : la Chine ne reconnaît pas les permis internationaux de 1949, rendant le permis japonais très convoité dans certaines régions d’Asie.
🕵️ Comment des touristes contournaient le système
Sous l’ancien système, certains hôtels (notamment à Fuchū, Tokyo) délivraient un « certificat de retour temporaire » (一時帰国証明書 / ichiji kikoku shōmeisho). Ce document, destiné à l’origine aux Japonais vivant à l’étranger, attestait… d’une adresse temporaire.
Résultat ? Des touristes pouvaient présenter ce faux-semblant de résidence pour obtenir un permis japonais sans y vivre. Une absurdité administrative connue mais longtemps tolérée.
🌍 Qui peut encore convertir un permis étranger ?
Le Japon maintient ses accords de réciprocité avec certains pays. Si votre permis est issu d’un État partenaire, vous restez exempté des épreuves écrite et pratique… mais à condition d’être résident. La simple possession d’un visa temporaire ne suffit plus.
Des préfectures comme Kanagawa publient les listes de pays concernés. Pour les autres : il faudra passer par le parcours complet.
❌ Touristes : permis international ou rien
Les voyageurs venant d’un pays signataire de la Convention de Genève de 1949 peuvent toujours conduire temporairement avec un permis international + leur permis d’origine. Mais aucune conversion n’est possible sans résidence légale.
🧭 « Gaimen kirikae » : le guide
Étape | Ce qui change (ou reste) |
---|---|
Résidence | Jūminhyō obligatoire – pas de résidence, pas de conversion |
Test écrit | 50 questions, 90 % requis, texte majoritaire |
Test pratique | Barème plus strict (priorités, trajectoires, clignotants) |
Touristes | Plus de conversion possible — seulement IDP temporaire |
Réciprocité | Maintenue, mais réservée aux résidents |
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