Ishii Shiro (石井 四郎), homme derrière l’Unité 731 voit le jour le 25 juin 1892 à Chiyoda dans la préfecture de Chiba au Japon.
Dans les pages sombres de l’histoire du XXe siècle, un nom japonais sinistre résonne : Ishii Shiro, architecte de l’un des chapitres les plus macabres et terrifiants de la Seconde Guerre mondiale.
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Bien qu’aujourd’hui peu connu du grand public, Ishii Shiro était le cerveau diabolique derrière l’Unité 731. Sa mission principale consistait à superviser les recherches en matière d’armes bactériologiques, même si cela contredisait le Protocole de Genève de 1925 auquel le Japon avait adhéré.
Ishii devint l’architecte central de programmes d’expérimentations biomédicales à grande échelle, utilisant cruellement des cobayes humains.
Accrochez-vous, car nous allons pénétrer dans la vie tortueuse derrière cette Unité morbide.
☠️ Qui est Ishii Shiro ?
Issu d’une famille aisée, il brille dès son jeune âge par ses capacités intellectuelles. Après une solide éducation et l’obtention de diplômes universitaires, il entame des études en médecine à l’Université impériale de Kyoto.
Après avoir décroché son diplôme, il intègre l’armée en tant que chirurgien lieutenant. Durant l’été 1922, il obtient son transfert vers l’hôpital de la première Armée de Tokyo.
À ce moment il se démarque par son intelligence, son charisme, mais aussi par son caractère souvent instable et versatile. Son extravagance et son ambition le rendent fervent nationaliste, il est animé par la vision de faire du Japon un leader incontesté en Asie.
En 1922, il s’engage dans l’armée japonaise en tant que médecin militaire. Son charme et son intelligence lui ouvrent des portes au sein de l’armée. Il rejoint également une société secrète défendant des idéaux nationalistes radicaux.
☠️ Engagement Vers l’Empire et les Armes Chimiques et Bactériologiques
Il se distingue professionnellement rapidement par son intellect et son zèle pour le nationalisme. En 1925 il rédige un rapport sur les gaz de combat et les armes bactériologiques. Ce document pique l’intérêt de ses supérieurs.
Il obtient ensuite une bourse pour étudier en Europe, où il acquiert de vastes connaissances sur les armes chimiques et biologiques.
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De retour au Japon et soutenu par des personnalités influentes telles que le ministre de la Guerre ainsi que des colonels appartenant à des factions ultra-nationalistes, il intègre en 1930 le service de prévention des épidémies au sein de l’école de médecine de l’armée.
À cette époque, il se consacre non seulement à la prévention des maladies, mais aussi à la mise au point d’armes bactériologiques. C’est à partir de ce moment-là qu’il commence secrètement à mener des expériences sur des cobayes humains non consentants…
☠️ De Premières Expérimentations Horrifiantes à l’Unité 731
En effet, dès 1931, il commence à tester des souches virales sur des prisonniers politiques. Les expériences sont d’une cruauté inimaginable, mais les premiers résultats mènent à la création de premières armes bactériologiques. Cette arme est testée sur des populations civiles en Chine, provoquant une épidémie mortelle de peste.
Face à ce succès macabre, il gagna la confiance de ses supérieurs, notamment de l’empereur lui-même, qui crée sous son commandement une nouvelle unité de l’armée.
En 1932, Shiro Ishii reçoit l’autorisation du ministre de l’Armée, Sadao Araki, pour mettre en place un programme de recherche et mener des expériences sur des êtres humains.
Sous sa direction, le laboratoire de recherche sur la prévention des épidémies, qui servait en réalité à étudier les armes bactériologiques, est établi en 1932 à Harbin, une ville située dans le nord de la Mandchourie.
Cependant, il devient évident que Harbin n’est pas suffisamment sécurisée pour préserver la confidentialité de ces expériences. En fin d’année 1932, Ishii décide de déplacer ses opérations vers Beiyinhe, une petite ville isolée située à soixante kilomètres au sud de Harbin.
Là, il fait construire un bunker-laboratoire massif surnommé la « Forteresse Zhongma ». Il mène des expériences sur des prisonniers politiques, et lorsque ces derniers viennent à manquer, sur d’autres détenus.
Ces activités sont interrompues fin 1934 en raison d’une révolte parmi les cobayes humains et de l’explosion d’un dépôt de munitions voisin qui endommage les installations. Certains prisonniers parviennent même à s’échapper, mettant ainsi en péril le secret de l’opération.
C’est à ce moment-là que Shiro Ishii obtient l’autorisation de construire un nouvel ensemble de soixante-dix bâtiments à Pingfang, située à 24 kilomètres au sud de Harbin.
☠️ L’Unité 731
En octobre 1936, Hirohito émet le décret impérial créant une nouvelle unité de l’armée japonaise, la Boeki Kyusui Bu, chargée de la fourniture d’eau et de la prophylaxie pour l’armée du Guandong mais pas que…
À l’inauguration du nouveau centre en 1938, Ishii est promu colonel et la majeure partie de ses activités sont désormais secrètes et morbides. Bien que l’Unité ait pour mission officielle la purification des eaux, la majeure partie de ses activités sont dédiés à des recherches sur les armes bactériologiques.
En plus de ses ressources humaines et scientifiques considérables, il bénéficie du soutien de l’armée de terre japonaise, qui lui fournit des cobayes humains. La taille du complexe lui permet d’organiser des tests macabres à l’air libre sur des soldats et des civils, notamment Chinois, Mandchous, Coréens et Russes dès 1938.
Sous la direction d’Ishii, cette unité devient l’Unité 731 en 1941, une organisation majeure employant près d’un millier de chercheurs nippons : médecins, biologistes, vétérinaires et chimistes.
Ses 2 frères, Takeo et Mitsuo, jouent également un rôle actif dans le projet. Ils supervisent la sécurité des prisonniers humains et de la reproduction : cobayes animaux, rats, bacilles et puces.
Ishii mène des expériences visant à étudier les effets de nouvelles armes, de températures extrêmes et de l’inoculation de souches bactériologiques sur les cobayes humains, qu’il surnomme les « marutas » (en français bûches).
Entre 1937 et 1945, des centaines de milliers de Chinois perdent la vie à cause de maladies telles que la peste bubonique, le choléra, l’anthrax, la tuberculose et la typhoïde, résultant de l’utilisation d’armes bactériologiques dans les camps.
L’un des projets les plus sinistres d’Ishii est l’opération « Cerisiers en fleurs dans la nuit » ou Opération PX. Finalisé en 1945, ce projet prévoyait le largage sur la région de San Diego en Californie du Sud d’insectes porteurs de pathogènes, tel celui de la peste. Heureusement, ce plan n’a jamais été mis en œuvre !
Aujourd’hui, seuls quelques bâtiments sont accessibles au public ou en cours de fouille archéologique, et les témoignages de certains scientifiques japonais constituent les principaux restes de l’existence de l’Unité.
☠️ Pas de procès pour Ishii Shiro
Le 3 mai 1946, Tokyo est le théâtre d’un procès historique, mettant en lumière cette page sombre de l’histoire.
Le procès de Tokyo, second en son genre après le Tribunal de Nuremberg encore en cours, convoque 28 hauts dignitaires japonais parmi les 80 appréhendés, tous accusés de crimes contre la paix, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Le procès de Tokyo se soldera par la condamnation à mort de 7 accusés, tandis que d’autres écopent de peines étonnamment clémentes.
On y note l’absence remarquée de criminels de guerre dont le général Ishii Shiro. L’influence et la puissance d’Ishii Shiro à l’époque sont sans précédent.
En effet à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont pris connaissance des activités de l’Unité 731 et ont arrêté Ishii et certains de ses collaborateurs.
Cependant, plutôt que de les traduire en justice, les autorités américaines ont conclu un accord secret avec Ishii et son équipe. En échange de l’accès à leurs données de recherche, les États-Unis ont offert l’immunité à Ishii et à ses collègues, les empêchant ainsi d’être jugés pour crimes de guerre.
Cette décision a été prise dans le cadre de l’opération « Paperclip » visant à recruter des scientifiques et des experts allemands et japonais après la guerre, dans le but de bénéficier de leurs connaissances.
D’ailleurs Russes, Américains et Japonais ont gardé les activités de l’Unité 731 fortement classifiées et secrètes, dissimulant ainsi la vérité de l’Unité 731 pendant des décennies. C’est le quotidien communiste Shinbun Akahata (しんぶん赤旗) qui publia les premiers récits sur l’Unité 731 dans les années 80.
En avril 2018, les Archives nationales du Japon ont rendu public une liste presque complète de 3 607 membres de l’Unité 731 à Katsuo Nishiyama, professeur à l’Université des sciences médicales de Shiga.
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