Le Japon s’apprête à refermer une faille administrative qui permettait à certains touristes d’obtenir un permis de conduire sans y résider.

La mesure, bien que visant à renforcer la sécurité routière, soulève des préoccupations quant à une possible stigmatisation des étrangers, en particulier des ressortissants chinois.
🛣️ Un raccourci vers le permis japonais
Traditionnellement, l’obtention d’un permis de conduire au Japon nécessite de résider dans le pays et de passer des examens rigoureux. Cependant, une procédure appelée « gaimen kirikae » permet aux détenteurs de permis étrangers de le convertir en permis japonais, à condition de prouver une résidence d’au moins trois mois dans le pays d’origine après l’obtention du permis.
Cette procédure, initialement destinée aux Japonais revenant de l’étranger, a été détournée par certains touristes qui utilisaient des adresses temporaires, comme des hôtels, pour satisfaire aux exigences administratives.
Ce stratagème est particulièrement attractif pour les ressortissants de pays non signataires de la Convention de Genève de 1949, comme la Chine, car un permis japonais permet de conduire dans plus de 100 pays.
Face à l’augmentation des conversions de permis, qui ont atteint 60 010 cas en 2023, les autorités japonaises envisagent de renforcer les conditions d’obtention. Les mesures proposées incluent l’obligation de fournir un certificat de résidence (jūminhyō) et l’augmentation du nombre de questions dans l’examen théorique, actuellement composé de 10 questions avec un taux de réussite de 90 %. Ces changements visent à s’assurer que seuls les résidents légitimes puissent bénéficier de la conversion de permis.
🧨 Des incidents… mais une rhétorique inquiétante
Deux accidents récents impliquant des conducteurs étrangers ayant converti leur permis ont alimenté le débat. Un ressortissant chinois a été arrêté après un délit de fuite ayant blessé quatre écoliers, tandis qu’un Péruvien a causé un accident en conduisant à contresens sur une autoroute. Ces incidents ont été largement médiatisés, certains responsables politiques suggérant que le système de conversion est trop laxiste et pourrait compromettre la sécurité publique.
Cependant, il est important de noter que ces cas isolés ne reflètent pas nécessairement une tendance généralisée. Les données disponibles ne permettent pas de conclure que les conducteurs étrangers ayant converti leur permis sont plus susceptibles de causer des accidents que les conducteurs japonais.
Malgré les préoccupations exprimées, il manque des données statistiques solides pour étayer l’idée que les conducteurs étrangers représentent un danger accru. Les discussions actuelles semblent davantage motivées par des sentiments nationalistes et des stéréotypes que par des analyses objectives.
La volonté de renforcer les règles de conversion des permis de conduire au Japon est compréhensible dans une optique de sécurité routière. Cependant, il est crucial que ces mesures soient fondées sur des données concrètes et qu’elles ne contribuent pas à la stigmatisation des étrangers. Une approche équilibrée, combinant rigueur administrative et respect des droits des résidents étrangers, est essentielle pour maintenir la cohésion sociale et l’image d’un Japon ouvert et inclusif.
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