🇯🇵🇺🇸 Okinawa : une patrouille de policiers japonais et militaires américains pour apaiser la colère

Derrière les enjeux militaires, c’est avant tout une population qui aspire à la dignité, au respect, et à un avenir libéré du poids du passé.

okinawa policiers japonais et militaires américains

Depuis 1972, plus de 6 200 crimes et délits ont été recensés, incluant des faits graves comme des agressions sexuelles et viols. Ces événements ont érodé la confiance, alimenté une colère sourde, et cristallisé un sentiment d’abandon de la part des autorités centrales.

Et depuis plus de cinquante ans, jamais une telle image n’avait été vue à Okinawa : policiers japonais, militaires américains et membres de la société civile patrouillant côte à côte.

Ce geste, symbolique mais lourd de sens, intervient dans un climat tendu, marqué par des décennies de douleurs non cicatrisées. Mais peut-il vraiment suffire à restaurer la confiance ?

Le climat de défiance enraciné dans l’histoire

Okinawa, île stratégique au sud du Japon, héberge près de deux tiers des 54 000 soldats américains stationnés dans le pays.

Ce legs du traité de sécurité nippo-américain de 1960 a profondément marqué les relations entre les habitants et les forces armées. Pour beaucoup, cette présence militaire n’est plus un symbole de protection, mais un fardeau imposé, une cohabitation subie.

Face à la colère populaire, les gouvernements japonais et américain ont réagi en lançant, dans la nuit du 18 avril 2025, une patrouille conjointe dans les rues proches de la base de Kadena, plus grande base aérienne américaine en Asie de l’Est.

Si cette initiative est saluée par certains comme un signe d’engagement vers plus de transparence et de responsabilité, elle n’efface pas les zones d’ombre. Le général Roger Turner parle de « partenariat et respect mutuel », mais les habitants, eux, attendent des actes concrets, pas des promesses diplomatiques.

Le statut juridique des militaires : un point de discorde majeur

Le principal point de friction demeure le SOFA (Status of Forces Agreement), qui régit le statut des soldats américains au Japon. En l’état, un militaire ne peut être jugé par la justice japonaise qu’une fois inculpé, ce qui est perçu comme une forme d’impunité inacceptable.

Des voix s’élèvent de plus en plus fort : le Premier ministre Shigeru Ishiba appelle à une réforme du SOFA, et le gouverneur d’Okinawa, Denny Tamaki, dénonce une situation injuste et humiliante.

L’Assemblée locale a même voté une résolution unanime pour exiger ce changement.

La parole des victimes, encore trop silencieuse et confrontée à la géopolitique

Les récents faits divers – notamment l’agression d’une mineure par un militaire en mars 2024 – ravivent les traumatismes du passé. Le souvenir du viol collectif d’une fillette de 12 ans en 1995 reste ancré dans la mémoire collective, tout comme le silence imposé aux victimes, souvent dissuadées de témoigner par peur ou par honte.

Harumi Miyagi, de l’ONG Femmes d’Okinawa contre les violences des militaires, déplore une réalité glaçante : « Les violences sexuelles restent le point le plus sombre du traité de sécurité. Mais le silence des victimes empêche toute justice. »

Le Japon et les États-Unis poursuivent le renforcement de leur coopération militaire face aux tensions régionales, notamment la Chine et la Corée du Nord. Mais cette alliance, aussi stratégique soit-elle, semble faire peu de cas des réalités humaines vécues à Okinawa.

Pour les habitants, la patrouille conjointe est un geste symbolique, mais qui ne saurait masquer l’essentiel : la nécessité d’un dialogue sincère, d’une reconnaissance des souffrances… et d’une véritable réforme structurelle ?

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Auteur/autrice : Louis Japon

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