Le Japon joue ici un coup important. L’issue de cette initiative pourrait bien tracer la voie pour son avenir économique et social.
Face à une économie en stagnation et à une inflation qui pèse sur les ménages, le gouvernement japonais a approuvé un vaste plan de relance économique.
Doté d’un budget de 136 milliards d’euros (21 900 milliards de yens), ce programme vise à soutenir le pouvoir d’achat et à impulser une nouvelle dynamique de croissance. Une initiative audacieuse qui arrive dans un contexte économique et politique particulièrement délicat pour l’archipel.
Réponse à diverses crises
Le Japon traverse une période difficile marquée par une inflation persistante, une faible croissance économique et une situation politique fragile.
En octobre 2024, l’inflation s’est maintenue à 2,3 %, un niveau élevé dans un pays habitué à des décennies de déflation. Cette hausse des prix a touché de nombreux produits de base, avec une flambée spectaculaire de 59 % du prix du riz en un an. Cette pression sur les ménages s’est accompagnée d’une croissance du PIB atone, qui n’a progressé que de 0,2 % sur un an au troisième trimestre.
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Sur le plan politique, le Premier ministre Shigeru Ishiba et sa coalition au pouvoir ont subi un revers important lors des élections législatives d’octobre. La perte de la majorité absolue au Parlement a révélé le mécontentement croissant des électeurs face à la hausse du coût de la vie et à la lenteur des réformes structurelles. C’est dans ce contexte que le gouvernement a décidé de lancer un plan de relance économique ambitieux pour regagner la confiance de la population et relancer l’économie nationale.
Plan pour soutenir les ménages et les entreprises
Ce plan de relance prévoit plusieurs mesures pour répondre aux défis actuels.
L’une des priorités est de soutenir les ménages à faibles revenus, particulièrement affectés par la hausse des prix. Des aides directes d’environ 30 000 yens (186 euros) seront versées à ces ménages afin d’atténuer l’impact de l’inflation sur leur pouvoir d’achat.
En parallèle, le gouvernement mettra en place des subventions pour compenser la hausse des coûts énergétiques, qui affecte aussi bien les foyers que les entreprises. Ce soutien s’accompagnera d’investissements stratégiques dans des secteurs clés, comme l’intelligence artificielle et l’industrie des semi-conducteurs, dans le but de moderniser l’économie japonaise et d’assurer sa compétitivité à long terme.
Les petites entreprises, particulièrement vulnérables dans ce contexte économique, bénéficieront également d’une assistance spécifique. En plus de ces mesures, des ajustements fiscaux sont envisagés pour alléger les charges et stimuler l’activité économique.
Selon les estimations du gouvernement, l’impact global de ce plan pourrait atteindre 39 000 milliards de yens (242 milliards d’euros) en prenant en compte les prêts et les investissements du secteur privé. Pour financer ces mesures, des dépenses publiques supplémentaires de 13 900 milliards de yens seront nécessaires, impliquant l’adoption d’un budget rectificatif d’ici la fin de l’année.
Et un pari risqué pour le gouvernement
Bien que ce plan ait été salué pour son ambition, il soulève également des inquiétudes, notamment en raison de son financement.
La dette publique japonaise est déjà l’une des plus élevées au monde, représentant environ 250 % du PIB. Les analystes redoutent que ces nouvelles dépenses, non compensées par des recettes fiscales suffisantes, n’aggravent encore cette situation.
Par ailleurs, les critiques pointent l’absence de réformes structurelles dans ce programme. Beaucoup estiment que des changements profonds sont nécessaires pour rendre le pays plus productif et mieux adapté aux défis du XXIe siècle. Le plan mise principalement sur des aides financières à court terme, ce qui pourrait ne pas suffire à garantir une reprise économique durable.
Pour le Premier ministre Shigeru Ishiba, ce plan est aussi un test politique crucial. Depuis sa prise de fonction en octobre, il s’est engagé à revitaliser les régions rurales et à soutenir les ménages les plus modestes. Mais le revers électoral de sa coalition a mis en lumière un fossé croissant entre le gouvernement et les attentes des citoyens.
L’approbation de ce plan par le Parlement, où le gouvernement ne dispose plus d’une majorité absolue, sera un moment décisif. Si le programme est adopté, il pourrait renforcer la position d’Ishiba et offrir un répit à une économie japonaise en difficulté. Dans le cas contraire, cela risquerait d’aggraver l’instabilité politique et de compromettre les perspectives de relance.
Ce plan de relance économique est une réponse audacieuse aux défis complexes que traverse le Japon. Son succès dépendra de sa capacité à réellement stimuler la consommation, tout en évitant d’aggraver la dette publique. Dans un contexte d’inflation inhabituelle et de mécontentement social, le gouvernement devra faire preuve de détermination et d’habileté pour surmonter les obstacles et redonner confiance à une population en quête de solutions.
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