Cette interface n’a pas vocation à être “la plus élégante”, elle a vocation à être la plus utilisée et la moins cassante.

Si vous avez déjà tapé “Shibuya” sur Google Maps, rempli un formulaire de visa, cherché une gare sur un panneau, ou simplement essayé d’écrire du japonais avec un clavier “normal”, vous avez déjà vécu le problème sans forcément mettre un mot dessus.
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Le Japon n’écrit pas “le japonais en alphabet latin” au sens où il remplacerait les kanji ou les kana, mais il dépend du romaji partout où l’informatique et l’administration exigent des caractères latins.
Et justement, le 16 décembre 2025, le gouvernement japonais a acté le principe d’une révision de ses règles officielles de romanisation, avec une bascule vers des graphies de type Hepburn au détriment du Kunrei fixé par la notification de 1954, puis une publication annoncée via une notification datée du 22 décembre 2025.
Si vous voulez remettre les bases à plat avant d’aller plus loin, voilà un rappel simple sur ce que recouvre le romaji et pourquoi il existe : Les romaji (ローマ字) en japonais
Quand l’État dit “Kunrei” mais que la rue lit “Hepburn”
Sur le papier, le Kunrei a une élégance presque mathématique : il colle à la grille des kana, il est régulier, il “explique” la langue. Sauf que dans la vraie vie, le Japon lui-même n’a jamais vraiment vécu en Kunrei. Les passeports, la signalétique et une grande partie des usages publics se sont depuis longtemps appuyés sur des formes Hepburn, plus intuitives pour qui ne lit pas le japonais.
La réforme, au fond, ressemble à ce moment où l’on décide enfin d’aligner la règle sur ce que tout le monde fait déjà, pour arrêter de fabriquer des incohérences administratives.
Là où vous allez sentir la bascule, c’est sur quelques sons qui sont de véritables aimants à confusion. Le Kunrei pousse à écrire “si, tu, ti, hu, zi” là où l’immense majorité des supports destinés au grand public, au tourisme et aux étrangers affichent “shi, tsu, chi, fu, ji”.
Autrement dit, on se rapproche d’une romanisation qui aide à lire à voix haute “à peu près juste”, même si l’on ne connaît pas les kana, plutôt que d’une romanisation qui aide à remonter proprement vers l’orthographe japonaise.
Les détails qui vous ont déjà piégé sans prévenir
Vous voyez ces petites choses qui paraissent secondaires… jusqu’au moment où deux bases de données refusent de se parler, ou qu’un nom de station existe en trois orthographes dans trois applis.
Le “ん” d’abord. La logique retenue met en avant un “n” standard, ce qui favorise la cohérence dans les documents et les systèmes, même si vous avez déjà croisé des écritures “adaptées” au contexte.
La petite “っ” ensuite. Ici, on reste sur l’idée la plus lisible : doubler la consonne, avec les ajustements habituels quand la consonne “se prononce en deux lettres” en romaji.
Et puis il y a le sujet qui fâche toujours : les voyelles longues. Le texte officiel admet deux voies, le macron quand l’outillage le permet, et la double voyelle quand on veut éviter les signes diacritiques pour des raisons de compatibilité.
Si vous avez déjà hésité entre “Tokyo”, “Tōkyō” et “Toukyou”, vous voyez exactement de quoi on parle…
Ce que le Japon promet de ne pas “casser” du jour au lendemain
C’est probablement la partie la plus rassurante si vous pensez aux marques, aux noms de personnes, aux enseignes, ou même à votre propre manière d’écrire votre prénom en romaji. L’idée n’est pas de repeindre le monde entier, mais de fixer un mètre étalon pour les références, l’école, les documents et les usages généraux, tout en laissant une marge de continuité là où les graphies sont déjà stabilisées.
Et si vous avez envie de replacer ça dans l’écosystème complet de l’écriture japonaise, avec kanji, hiragana, katakana et romaji qui cohabitent, ce guide est parfait pour faire le lien : Écriture du japonais
L’école : l’endroit où une norme devient immédiatement visible
Le changement le plus perceptible, au quotidien, risque d’être scolaire. Parce que là, on ne parle plus d’un panneau qu’on “comprend quand même”, mais d’une convention qui devient la bonne réponse, celle qui harmonise ce que l’on apprend, ce que l’on lit, et ce que l’on utilise ensuite dans les outils numériques.
Les autorités ont d’ailleurs évoqué la nécessité d’éviter la confusion dans les classes lors de la mise à jour des explications des programmes ! Ce n’est donc pas une révolution identitaire comme certains l’avance. C’est un rattrapage !
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