Alors que le Japon tire la sonnette d’alarme sur la chute de sa natalité, un autre front s’effondre : celui des crèches.

Moins de bébés, plus de structures, mais surtout… plus de faillites. Une équation surréaliste où les ambitions politiques se fracassent sur la réalité démographique.
📉 Une hécatombe silencieuse
Entre janvier et juin 2025, 22 crèches japonaises ont mis la clé sous la porte — une hausse vertigineuse de +70% par rapport à la même période de l’année précédente. À ce rythme, 2025 pourrait dépasser le record absolu de 31 fermetures en 2024. Un symbole inquiétant d’un secteur sous perfusion.
👉 Ces chiffres viennent de Teikoku Databank, qui constate une troisième année consécutive de hausse des fermetures dans le secteur de la petite enfance. On ne parle pas seulement de licenciements ou de restructuration : ce sont des lieux de vie, des repères pour les familles, qui disparaissent.
👶 Moins de bébés, plus de crèches : le paradoxe absurde
Depuis 2019, l’État japonais pousse des réformes ambitieuses : crèches gratuites, politique “zéro enfant sur liste d’attente”, extension du réseau de gardes d’enfants. Sur le papier, c’est brillant.
Mais voilà le hic : la natalité s’écroule.
- En 2024, moins de 700 000 enfants sont nés au Japon — du jamais-vu depuis que les statistiques existent (1899).
- Le taux de fécondité est descendu à 1,15 enfant par femme, bien loin du seuil de renouvellement des générations (2,1).
Résultat ? Des crèches flambant neuves… mais vides.
👩👧👦 Le mal : pénurie de personnel
Le nerf de la guerre, ce n’est pas seulement le nombre de bébés. C’est aussi le manque cruel de personnel.
- Les éducatrices et puéricultrices désertent la profession.
- Conditions de travail dures, salaires peu attractifs, horaires à rallonge, absence de reconnaissance : la vocation s’efface au profit d’une survie.
Certaines crèches tentent d’augmenter les salaires, mais cette stratégie alourdit les charges sans garantir de nouvelles candidatures. Un cercle vicieux où le manque de personnel limite les admissions, donc les revenus… donc la survie.
🍱 Les coûts explosent et la rentabilité s’évapore
Autre coup dur : les repas servis en crèche, qui deviennent de véritables gouffres financiers. Avec l’inflation alimentaire, les petits plats maison pour les enfants coûtent de plus en plus cher.
À cela s’ajoutent les loyers, charges sociales, coûts énergétiques… Dans ce contexte, maintenir une crèche à flot devient un casse-tête comptable.
🧩 Trop d’offre, pas assez de demande
Ironie du sort, la multiplication des établissements a créé un phénomène de saturation.
- Près de 90% des collectivités locales annoncent aujourd’hui zéro enfant sur liste d’attente.
- Face à une demande en chute libre, certaines crèches tentent de se différencier : activités bilingues, pédagogies alternatives, certifications “kodomo-en”… mais rien n’y fait.
La course à l’innovation ne suffit plus. C’est la structure même du marché qui s’effondre.
🏛️ Tokyo sauve les meubles ?
Les élections législatives de juillet 2025 remettent le sujet sur le devant de la scène. Les partis rivalisent de propositions : aides à la parentalité, meilleurs congés parentaux, logements familiaux subventionnés…
Mais en coulisses, les professionnels attendent surtout :
- Une refonte du métier de la petite enfance (revalorisation, statut, attractivité).
- Des aides ciblées pour les petites structures en péril.
- Un pilotage intelligent de l’offre de crèches.
Autrement dit : pas juste construire des murs, mais bâtir une vision durable.
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