Le mot Nikkei ne dĂ©crit plus seulement une origine, mais une trajectoire faite dâallers-retours imposĂ©s par les Ătats.

Si vous vous promenez dans les rues de Lima, il y a de fortes chances que vous croisiez des enseignes aux noms Watanabe, Shimabukuro ou Fujimori. Pour un PĂ©ruvien, ces patronymes sont presque banals. Pourtant, derriĂšre eux se cache lâune des plus importantes communautĂ©s japonaises du monde en dehors de lâarchipel. Environ 200 000 personnes dâascendance nippone vivent au PĂ©rou, dont plus de 80 % dans la zone LimaâCallao.
Ce nâest pas un hasard. Le PĂ©rou a Ă©tĂ© le premier pays dâAmĂ©rique latine Ă Ă©tablir des relations diplomatiques avec le Japon, dĂšs 1873, et le premier Ă accepter une immigration japonaise organisĂ©e. Cette avance a créé un siĂšcle dâhistoires entremĂȘlĂ©es qui vous emmĂšnent des champs de canne Ă sucre aux usines de Nagoya, des baraquements de camps texans aux tables de restaurants Ă©toilĂ©s de Lima.
Pour replacer le cas pĂ©ruvien dans lâhistoire plus large de la diaspora, vous pouvez dâailleurs jeter un Ćil Ă notre article consacrĂ© aux Japonais dans le monde.
1899, le Sakura Maru
Le point de dĂ©part de cette histoire est presque cinĂ©matographique. Le 3 avril 1899, le navire Sakura Maru accoste au port de Callao avec 790 migrants japonais Ă bord. Tous ont signĂ© des contrats de travail et sâapprĂȘtent Ă dĂ©couvrir un pays dont ils ne parlent pas la langue, mais qui compte sur eux pour faire tourner ses plantations.
CĂŽtĂ© japonais : lâĂšre Meiji pousse Ă partir
Au Japon, nous sommes en pleine Ăšre Meiji. Lâindustrialisation avance Ă toute vitesse, la population augmente, les campagnes sâappauvrissent. Beaucoup de familles rurales ne voient quâune issue possible : partir.
LâĂtat japonais encourage alors lâĂ©migration vers HawaĂŻ et les AmĂ©riques pour rĂ©duire la pression sociale. Dans ce contexte, les offres de travail venues du PĂ©rou apparaissent comme une opportunitĂ©, mĂȘme si les conditions rĂ©elles sont largement maquillĂ©es.
CĂŽtĂ© pĂ©ruvien : aprĂšs lâesclavage, le travail sous contrat
Au PĂ©rou, lâesclavage a Ă©tĂ© aboli au 19á” siĂšcle. Mais les grandes plantations de canne Ă sucre et de coton de la cĂŽte ont toujours besoin de main-dâĆuvre. AprĂšs avoir fait venir des travailleurs chinois sous contrat, les Ă©lites cherchent une nouvelle main-dâĆuvre jugĂ©e « docile ».
Les premiers migrants japonais signent des contrats de quatre ans. Ils sont payĂ©s au rendement, logĂ©s sur place, surveillĂ©s par des contremaĂźtres, soumis Ă des amendes et Ă lâendettement dans le magasin de la plantation. Les journĂ©es de travail sont interminables, la nourriture pauvre, les violences frĂ©quentes. Les archives Ă©voquent suicides, fuites, conflits ouverts.
Pourtant, Ă partir des annĂ©es 1910 et 1920, quelque chose se brise dans ce systĂšme : Ă la fin de leur contrat, beaucoup de travailleurs quittent les haciendas, parfois au prix de longs procĂšs. Câest le dĂ©but dâun autre chapitre.
Des champs aux villes : lâascension dâune petite bourgeoisie nikkei
Une fois libres de leurs contrats, de nombreux Japonais se dĂ©placent vers les vallĂ©es cĂŽtiĂšres, puis vers Lima et dâautres villes. LĂ , ils investissent des secteurs que les Ă©lites crĂ©oles dĂ©laissent, mais qui sont indispensables au quotidien.
Petit Ă petit, ils ouvrent des Ă©piceries de quartier, des salons de coiffure, des blanchisseries, des pensions de famille, des restaurants modestes, puis des ateliers artisanaux. En quelques dĂ©cennies, se forme ainsi une petite bourgeoisie japonaise-pĂ©ruvienne trĂšs visible dans lâĂ©conomie urbaine.
La communautĂ© sâorganise vite. Des associations regroupent les originaires dâOkinawa, de Kumamoto ou dâautres prĂ©fectures. Des Ă©coles japonaises sâouvrent. Des journaux en japonais circulent. Des rĂ©seaux de crĂ©dit internes aident les nouveaux arrivants Ă sâinstaller.
Câest aussi Ă cette Ă©poque que le mot Nikkei sâimpose pour dĂ©signer les personnes dâascendance japonaise vivant Ă lâĂ©tranger. On parle des issei pour les immigrĂ©s nĂ©s au Japon, des nisei pour leurs enfants, puis des sansei pour la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration.
Mais cette rĂ©ussite Ă©conomique attise les jalousies. DĂšs les annĂ©es 1910, syndicats et Ă©ditorialistes agitent le spectre du « pĂ©ril jaune ». On accuse Japonais et Chinois de faire baisser les salaires, de « dĂ©tĂ©riorer la race » et de sâaccaparer le commerce de dĂ©tail. Les tensions montent, et la suite va ĂȘtre brutale.
AnnĂ©es 1930â1940 : quotas, pogrom et dĂ©portation
La xĂ©nophobie finit par se traduire en lois. En 1936, le gouvernement pĂ©ruvien impose des quotas dâimmigration par « race », qui visent clairement les communautĂ©s japonaise et chinoise. En 1940, une nouvelle loi annule la citoyennetĂ© pĂ©ruvienne des enfants qui iraient se former trop longtemps au Japon. Le message est clair : on peut vous utiliser comme main-dâĆuvre, mais on ne vous considĂ©rera jamais complĂštement comme des nĂŽtres.
Le Saqueo de 1940 : quand la violence explose
Le 13 mai 1940, les tensions accumulĂ©es Ă©clatent. Sur fond de rumeurs de complot nippon, des foules sâattaquent aux quartiers japonais de Lima et Callao. Pendant plusieurs jours, plus de 600 maisons et commerces sont pillĂ©s ou incendiĂ©s. On compte des dizaines de blessĂ©s, plusieurs morts, et une police largement passive.
Cet Ă©pisode restera dans lâhistoire sous le nom de Saqueo, « le pillage ». Pour de nombreuses familles nikkei, il devient une ligne de fracture mĂ©morielle. Certains dĂ©cident de repartir au Japon. Dâautres camouflent leur origine en hispanisant leurs noms ou en affichant des drapeaux chinois sur leurs commerces pour dĂ©tourner la haine.
AprĂšs Pearl Harbor : de Callao aux camps du Texas
Quelques mois plus tard, en dĂ©cembre 1941, lâattaque de Pearl Harbor plonge la rĂ©gion dans un nouveau climat de peur. Pour mieux comprendre ce tournant, vous pouvez relire le rĂ©sumĂ© de la guerre du Pacifique entre le Japon et les Ătats-Unis.
Les Ătats-Unis veulent alors contrĂŽler toutes les populations dâorigine japonaise sur le continent amĂ©ricain. Washington fait pression sur plusieurs pays dâAmĂ©rique latine pour quâils livrent leurs ressortissants japonais et leurs descendants. Le PĂ©rou coopĂšre avec zĂšle.
Entre 1942 et 1945, environ 1 800 personnes dâorigine japonaise vivant au PĂ©rou, prĂšs de 10 % de la communautĂ© de lâĂ©poque, sont arrĂȘtĂ©es comme « ennemis dangereux ». La plupart nâont aucune activitĂ© politique. Elles sont embarquĂ©es sur des navires affrĂ©tĂ©s par lâarmĂ©e amĂ©ricaine et envoyĂ©es dans des camps dâinternement, comme celui de Crystal City au Texas, oĂč elles cĂŽtoient des Japonais-AmĂ©ricains.
Le choc est multiple. Au Pérou, leurs maisons et commerces sont confisqués puis revendus. Certaines personnes sont échangées contre des prisonniers de guerre américains. Des familles sont séparées, y compris des enfants nés au Pérou et traités comme des étrangers.
Ă la fin de la guerre, les Ătats-Unis libĂšrent progressivement les internĂ©s. Mais le PĂ©rou refuse dâen rĂ©admettre la plupart. Moins dâune centaine de personnes sont autorisĂ©es Ă revenir. La majoritĂ© reste aux Ătats-Unis, parfois sans papiers, jusquâĂ ce que les ordres de dĂ©portation soient annulĂ©s en 1953 et quâune voie de naturalisation sâouvre en 1954.
Pendant longtemps, cet Ă©pisode reste absent des rĂ©cits officiels, y compris au Japon. Il faudra attendre les annĂ©es 1980â1990 pour que les survivants commencent Ă rĂ©clamer reconnaissance et rĂ©parations.
AprĂšs-guerre : reconstruire, se fondre, se faire oublier
Pendant que certains luttent pour ĂȘtre reconnus aux Ătats-Unis, ceux qui sont restĂ©s au PĂ©rou vivent la guerre comme une succession de fermetures administratives, de confiscations et de surveillances policiĂšres. AprĂšs 1945, le climat politique se dĂ©tend peu Ă peu.
En 1954, le gouvernement péruvien accepte de compenser partiellement les propriétés japonaises saisies pendant le conflit. Le geste est limité, mais il marque un début de réintégration.
Dans les annĂ©es 1960, les restrictions dâimmigration se relĂąchent. Pourtant, le Japon est alors en plein boom Ă©conomique et nâenvoie quasiment plus de migrants en AmĂ©rique latine. La communautĂ© nikkei pĂ©ruvienne se « fige » dĂ©mographiquement et se pĂ©ruvianise de plus en plus.
Les Ă©tudes sociologiques de lâĂ©poque dĂ©crivent un groupe trĂšs insĂ©rĂ© Ă©conomiquement dans le commerce, les professions libĂ©rales et lâuniversitĂ©. Mais dans lâimaginaire collectif, la communautĂ© reste souvent perçue comme « fermĂ©e », avec une forte endogamie et ses propres institutions, des Ă©coles aux cliniques en passant par les clubs.
Ce relatif retrait médiatique prend brusquement fin en 1990.
Fujimori : quand un fils dâimmigrĂ©s arrive au palais prĂ©sidentiel
En 1990, un fils dâimmigrĂ©s venus de Kumamoto en 1934 accĂšde Ă la prĂ©sidence du PĂ©rou. Alberto Fujimori est nĂ© Ă Lima en 1938. Ses parents ont commencĂ© comme ouvriers agricoles avant dâouvrir de petits commerces. Lui devient ingĂ©nieur agronome, professeur puis recteur dâuniversitĂ©.
Pendant la campagne, il joue sur son image dâoutsider issu dâune minoritĂ©. Il accepte mĂȘme le surnom dâ« el chino », terme que beaucoup de Latino-AmĂ©ricains utilisent indistinctement pour dĂ©signer tout visage est-asiatique.
Son arrivĂ©e au pouvoir cristallise toutes les ambivalences autour des Nikkei. Pour une partie du pays, Fujimori est lâhomme qui a Ă©crasĂ© la guĂ©rilla du Sentier lumineux et mis fin Ă lâhyperinflation des annĂ©es 1980. Pour dâautres, il incarne un autoritarisme sans frein : autogolpe de 1992 avec suspension du CongrĂšs, contrĂŽle de la justice, massacres, disparitions forcĂ©es, corruption systĂ©mique. Il sera finalement condamnĂ© Ă 25 ans de prison pour crimes contre lâhumanitĂ© et corruption.
AprĂšs sa chute, une partie du ressentiment antifujimoriste dĂ©borde sur la communautĂ© japonaise en gĂ©nĂ©ral. Lâambassade du Japon reçoit des menaces, des entreprises nikkei deviennent des cibles symboliques, et certains mĂ©dias entretiennent un lien direct entre « Japon » et corruption.
La mort de Fujimori en 2024, suivie en 2025 par lâĂ©rection dâune statue controversĂ©e sur sa tombe, montre Ă quel point son hĂ©ritage reste divisĂ©. HĂ©ros antiterroriste pour les uns, symbole dâun autoritarisme impuni pour les autres, il laisse aussi une question dĂ©licate aux Nikkei du pays : comment exister dans lâespace public sans ĂȘtre rĂ©duits Ă son image ?
Quand les Nikkei du Pérou repartent travailler au Japon
Ă partir de la fin des annĂ©es 1980, lâhistoire se retourne. Cette fois, ce sont les descendants de migrants japonais au PĂ©rou qui traversent lâocĂ©an dans lâautre sens.
Le Japon, confrontĂ© Ă une pĂ©nurie de main-dâĆuvre peu qualifiĂ©e, rĂ©forme en 1990 sa loi sur lâimmigration. Les descendants dâĂ©migrĂ©s japonais jusquâĂ la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration obtiennent des visas de travail relativement souples, Ă condition de venir comme travailleurs. Le message, en filigrane, pourrait ĂȘtre rĂ©sumĂ© ainsi : « Vous nâĂȘtes pas totalement japonais, mais assez pour venir travailler ici. »
RĂ©sultat : des dizaines de milliers de Nikkei dâAmĂ©rique latine, dont de nombreux PĂ©ruviens, partent comme dekasegi, littĂ©ralement « ceux qui vont travailler loin ». Ils se retrouvent dans les usines automobiles ou Ă©lectroniques dâAichi, Shizuoka, Gunma, Saitama et dâautres rĂ©gions industrielles.
On estime aujourdâhui Ă plusieurs dizaines de milliers le nombre de rĂ©sidents pĂ©ruviens au Japon, trĂšs majoritairement Nikkei, souvent employĂ©s dans ces secteurs. Les remises dâargent envoyĂ©es au pays reprĂ©sentent des montants significatifs et ont parfois pesĂ© autant que certaines exportations pĂ©ruviennes dans les annĂ©es 1990.
Pour ces familles, la position est inconfortable des deux cĂŽtĂ©s du Pacifique. Au Japon, malgrĂ© leur ascendance nippone, elles restent perçues comme Ă©trangĂšres par la langue, les habitudes et lâaccent. Au PĂ©rou, leur rĂ©ussite Ă©conomique et leur lien direct avec le « Japon riche » peuvent nourrir, Ă nouveau, jalousies et fantasmes.
LĂ oĂč tout se mĂ©lange : la cuisine Nikkei
Si vous ne deviez retenir quâun visage contemporain de cette histoire, ce serait peut-ĂȘtre celui-lĂ : un plat Nikkei posĂ© devant vous, dans un restaurant branchĂ© de Lima, de Tokyo ou de Paris. La gastronomie est devenue le terrain oĂč la communautĂ© nikkei est la plus visible, la plus cĂ©lĂ©brĂ©e et la plus instagrammĂ©e.
Ă lâorigine, le mot Nikkei dĂ©signe simplement les personnes dâorigine japonaise vivant Ă lâĂ©tranger. En cuisine, il en est venu Ă symboliser la fusion entre techniques japonaises et produits locaux. Au PĂ©rou, cela signifie poisson du Pacifique, piments aji amarillo et rocoto, coriandre, patate douce, maĂŻs gĂ©ant, agrumes acides pour le ceviche, associĂ©s aux sauces soja, au dashi, au riz vinaigrĂ©.
On peut rĂ©sumer cette histoire culinaire en trois temps. Dâabord, au dĂ©but du 20á” siĂšcle, les familles japonaises installĂ©es au PĂ©rou adaptent leurs recettes au terroir local, en remplaçant certains ingrĂ©dients introuvables par des Ă©quivalents andins. Puis, Ă partir des annĂ©es 1970, des chefs comme Nobuyuki Matsuhisa ou Toshiro Konishi ouvrent Ă Lima des restaurants japonais qui commencent Ă mĂ©langer sans complexe sashimi et piments pĂ©ruviens. Enfin, entre 2000 et 2020, la cuisine Nikkei devient une marque mondiale. Le restaurant Maido, du chef Mitsuharu « Micha » Tsumura, Ă Lima, grimpe rĂ©guliĂšrement dans les classements des meilleurs restaurants du monde et assume fiĂšrement son identitĂ© nipo-pĂ©ruvienne.
Si vous avez envie de goĂ»ter cette fusion sans prendre lâavion, CĂŽtĂ© Sushi (cuisine nikkei) popularise cette cuisine mixte au-delĂ du PĂ©rou.
Dans ce domaine gastronomique, les Nikkei ne sont plus vus comme une minoritĂ© suspecte, mais comme des crĂ©ateurs de tendances. Un renversement spectaculaire quand on pense aux pogroms et aux internements dâhier.
Une minorité entre normalisation et mémoire
Aujourdâhui, les Nikkei du PĂ©rou forment une minoritĂ© numĂ©riquement modeste mais trĂšs prĂ©sente dans des secteurs clĂ©s : commerce, mĂ©decine, gastronomie, universitĂ©, administration publique. Le mĂ©tissage avec les autres groupes pĂ©ruviens est Ă©levĂ©, mais la communautĂ© conserve des rĂ©seaux associatifs propres et une mĂ©moire spĂ©cifique.
Cette mĂ©moire est marquĂ©e par plusieurs traumatismes en chaĂźne. Le Saqueo de 1940, les dĂ©portations vers les camps amĂ©ricains, les suspicions de loyautĂ© partagĂ©e pendant la guerre froide, puis lâhypervisibilitĂ© politique incarnĂ©e par la figure de Fujimori. Ă chaque fois, lâĂtat pĂ©ruvien et ses alliĂ©s Ă©trangers ont traitĂ© cette population comme une variable dâajustement, tour Ă tour main-dâĆuvre bon marchĂ©, cible raciale, otage diplomatique ou symbole politique.
En regardant cette trajectoire, vous pouvez voir se dessiner un motif rĂ©current des Ătats-nations modernes. Dâun cĂŽtĂ©, ils profitent de lâĂ©nergie, des compĂ©tences et du travail de migrants venus de loin. De lâautre, ils nâhĂ©sitent pas Ă les exclure, les dĂ©placer ou les stigmatiser lorsquâils deviennent trop visibles, trop nombreux ou simplement gĂȘnants.
Des riziÚres cÎtiÚres du début du 20ᔠsiÚcle aux usines de Nagoya, des baraquements de Crystal City aux tables de Maido, les Japonais du Pérou ont traversé au moins trois cycles migratoires.
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