Objectif personnel : 114 ans au travail. Une ambition qui en dit long sur l’état d’esprit du maître sushi.
Et vous, qu’est-ce que vous rêveriez encore de faire à 100 ans ?
Certains soufflent leurs bougies entourés de leurs proches. D’autres, comme Jiro Ono, préfèrent continuer à servir des nigiri d’exception dans un sous-sol de Ginza.
Le légendaire maître sushi, devenu une figure mythique de la gastronomie japonaise, ne semble pas prêt à raccrocher. Plus qu’un chef, Jiro incarne une philosophie, une obsession pour le geste parfait, et une incroyable longévité au travail. Plongée dans un destin hors norme.
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Derrière une simple devanture, niché dans un sous-sol du quartier chic de Ginza, Sukiyabashi Jiro ressemble à tout sauf à un lieu hype. Dix places seulement, un comptoir en U, aucune décoration tape-à-l’œil. Ici, l’essentiel est dans l’assiette ou plutôt, dans chaque bouchée de sushi servie avec une précision chirurgicale.
Pendant plus d’une décennie, le restaurant a fièrement arboré trois étoiles Michelin, une première mondiale pour un itamae (chef de sushi). En 2019, il sort du Guide non pas pour une baisse de qualité, mais parce qu’il n’est plus accessible au grand public : seuls les habitués et les clients de certains hôtels peuvent espérer décrocher une place !
💪 “Le meilleur médicament, c’est travailler”
À l’occasion de son centenaire, Jiro Ono a reçu les honneurs de la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, lors du “Jour du respect pour les aînés”. Fidèle à lui-même, il a déclaré que le travail restait son secret de longévité. S’il ne vient plus quotidiennement, il reste impliqué : il supervise, forme, conseille… et parfois, il tranche.
Né en 1925 à Hamamatsu, apprenti à 7 ans, chef à 25, patron à 40, Jiro Ono a passé sa vie à affiner un geste. Riz, wasabi, neta (la garniture)… tout est millimétré. “Je n’ai pas encore atteint la perfection”, disait-il déjà dans le documentaire Jiro Dreams of Sushi. Une quête sans fin, qui impose l’admiration et inspire le respect.
Chaque mouvement compte. Chaque ingrédient a sa température. Chaque pression du doigt peut changer l’équilibre. Ici, on ne mange pas : on vit une expérience.
🌍 Une légende au-delà des frontières
En 2014, alors que Barack Obama et Shinzo Abe souhaitent dîner chez Jiro, la réponse initiale est… non. La salle est complète, et les réguliers passent d’abord. Finalement, le dîner est reprogrammé, et l’image d’Obama savourant un chutoro devient virale. Preuve ultime que le prestige du lieu ne se plie pas aux puissants, mais aux principes.
Ce respect du rituel et cette rigueur absolue lui ont valu une autre reconnaissance : Guinness World Records l’a inscrit comme le plus vieux chef de restaurant triplement étoilé, à 93 ans et 128 jours.
Aujourd’hui, c’est son fils Yoshikazu Ono qui tient la barre. Jiro reste dans les coulisses : présent, vigilant, exigeant. La transmission est un pilier central de la culture japonaise, et chez les Ono, elle prend une forme presque sacrée.
La salle reste inaccessible au commun des mortels, mais la tradition, elle, se perpétue avec la même intensité.
🔥 Pourquoi Jiro nous fascine encore en 2025
À l’heure des restaurants Instagrammables et de l’ultra-médiatisation, Jiro est l’antihéros de la hype. Pas de buzz, pas de storytelling artificiel, juste un geste répété jusqu’à l’extase.
Dans un Japon où la population vieillit, sa longévité devient un symbole. Pas seulement celui de la santé, mais celui d’un amour infini pour le travail bien fait. Travailler comme philosophie de vie, pas comme contrainte.
Jiro ne cuisine pas juste du sushi. Il incarne une philosophie du temps long, une vision exigeante de la transmission, et une fidélité inébranlable à l’artisanat. À l’heure où tout va vite, sa longévité nous rappelle une vérité simple : la perfection ne se cherche pas dans la nouveauté, mais dans la répétition.
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