🧊 Japon : le grand ménage de ses entreprises zombies

Lentement, mais sûrement. Le pays du tatemae (les apparences) et de la stabilité à tout prix commence à faire une place à… la chute.

Une chute organisée, presque salutaire. Voici comment, pourquoi, et ce que cela raconte du nouveau visage du capitalisme nippon.

📉 Fin de l’argent gratuit : la Banque du Japon change de cap

Le grand coup d’envoi de ce virage ? Mars 2024. Après 17 ans de politique ultra-accommodante, la Banque du Japon remonte ses taux d’intérêt. L’argent n’est plus gratuit. Les emprunts “zombies” ne peuvent plus être refinancés indéfiniment.

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Conséquence directe : les entreprises doivent prouver leur rentabilité. La Bourse de Tokyo met la pression, en exigeant des plans clairs de création de valeur (rentabilité sur fonds propres, coût du capital, valorisation).

Le Japon redécouvre alors un concept que Joseph Schumpeter aurait applaudi : la destruction créatrice.

🧟‍♂️ Les “entreprises zombies” au Japon : une agonie stoppée ?

Les “entreprises zombies”, ce ne sont pas des titres de films d’horreur, mais une réalité économique documentée.

Depuis les années 1990, les banques japonaises soutiennent à bout de bras des entreprises techniquement insolvables. Résultat : moins d’investissement productif, moins d’innovation, et une économie engorgée.

Mais les chiffres de 2025 parlent d’eux-mêmes :

  • 10 070 faillites d’entreprises, soit +13,4 % en un an, un record depuis 2014.
  • Moins d’entreprises zombies, grâce à la remontée des taux et à une gouvernance actionnariale plus exigeante.

On pourrait croire que ce “tri” économique cause un carnage social. Ce n’est pas (encore) le cas. Pourquoi ? Parce que le Japon manque cruellement de main-d’œuvre.

Le ratio d’offres d’emploi par candidat reste autour de 1,2 : autrement dit, il y a plus de postes que de chercheurs d’emploi. Et avec une démographie en chute et un recours croissant aux travailleurs étrangers, ce déséquilibre est durable. Fermer une entreprise ne signifie donc pas automatiquement chômage de masse.

Autre signal fort : la législation s’adapte. Le Japon a longtemps bloqué les restructurations en exigeant l’unanimité des créanciers. En 2025, une nouvelle loi — Early Business Recovery Act — facilite les ajustements en amont.

L’idée ? Offrir une sortie propre aux entreprises qui peuvent encore être redressées… et ne pas retarder l’inévitable pour les autres.

Mais tout cela ne va pas sans douleur. La faillite reste, au Japon, une honte familiale et sociale. Derrière le mot “restructuration” se cachent des histoires humaines complexes. La “destruction créatrice” n’est pas un buzzword. C’est une opération à cœur ouvert.

Le Japon semble assumer que toutes les entreprises ne méritent pas d’être sauvées. Et que certaines renaîtront ailleurs, différemment. Un Japon qui accepte enfin que, pour avancer, il faut parfois lâcher prise.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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