Bien que le Japon aspire à une société méritocratique, cet idéal cache des inégalités et des déterminismes sociaux persistants.
Le mot méritocratie provient du latin mereo, signifiant « gagner, mériter », et du grec krátos, qui signifie « domination, puissance souveraine ». Mais qu’implique réellement ce principe au Japon ?
Le pays est souvent perçu comme une terre où le travail semble être la clé du succès. Toutefois, cette image idyllique cache une réalité économique plus complexe et parfois peu reluisante.
Une méritocratie japonaise… De façade ?
À première vue, le Japon présente tous les traits d’une société méritocratique : technologies futuristes, quartiers propres et chics, transports publics efficaces, le pays semble offrir une qualité de vie élevée à ceux qui travaillent dur !
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Et bien que la culture japonaise valorise fortement le mérite, de nombreux Japonais estiment que leur mérite personnel n’est pas suffisamment reconnu (65% contre 47% en moyenne dans les autres pays).
Le système éducatif japonais est censé assurer la méritocratie
Le système éducatif japonais, avec ses examens anonymes et sélectifs, est considéré comme le garant de la méritocratie à la nippone. Il est censé opérer une sélection objective basée sur le mérite et les compétences des élèves.
Toute leur vie, les étudiants (puis les salariés) s’investissent donc intensément, espérant que leurs efforts se traduiront par une réussite personnelle et professionnelle.
Cependant, cette surface brillante cache des défis économiques significatifs. De nombreux Japonais travaillent durement sans voir leurs efforts justement récompensés notamment au regard de leur revenu.
Ce décalage devient particulièrement évident lorsqu’on considère les discussions teintées de pessimisme parmi les étudiants universitaires et les employés de divers secteurs. La précarité de l’emploi et l’inégalité des revenus soulèvent des questions sur la véritable équité du système japonais.
La classe moyenne japonaise et ses transformations
Historiquement, la classe moyenne japonaise s’est développée grâce à l’industrialisation et la modernisation post-Meiji, bénéficiant longtemps d’une stabilité économique et d’une ascension sociale. Toutefois, depuis les années 1990, cette classe moyenne est ébranlée par la stagnation des salaires et une sécurité de l’emploi en déclin, illustrant un glissement vers une société de classes plus polarisée…
Entre 1992 et 2017, le nombre d’employés non réguliers a presque doublé, atteignant 17,39 millions, témoignant d’une précarisation croissante du travail. Par ailleurs, la part des femmes dans ces emplois précaires reste élevée, exacerbant le fossé de l’inégalité de genre.
Au final le marché du travail japonais est confronté à plusieurs défis cruciaux impactant la méritocratie :
- Stagnation des salaires : particulièrement problématique pour les jeunes travailleurs, limitant leur pouvoir d’achat et leur stabilité économique.
- Vieillissement de la population : mettant sous pression le système de sécurité sociale du pays et aggravant la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
- Heures de travail excessives : connues sous le terme « karoshi », ces longues heures sont synonymes de déséquilibres dans la vie professionnelle et personnelle.
L’ensemble de ces problèmes met en lumière des failles dans le modèle de méritocratie japonais et soulève des questions sur la durabilité de son modèle économique et social. Une intervention rapide et des réformes sont nécessaires pour rectifier les déséquilibres et préparer le Japon à un avenir plus inclusif et équitable.
Précarité des Travailleurs Étrangers au Japon : Un Défi à la Méritocratie
Le Japon, confronté à des pénuries de main-d’œuvre dues à son vieillissement démographique, semble une opportunité pour les travailleurs étrangers.
Pourtant la notion de méritocratie est souvent mise à l’épreuve lorsqu’il s’agit des travailleurs étrangers. Ces derniers rencontrent de nombreux obstacles qui freinent leur intégration et leur progression professionnelle.
Malgré la nécessité de main-d’œuvre, les obstacles liés à la langue, à la culture et aux conditions de travail restent élevés, limitant souvent les étrangers qui font souvent face à des obstacles et une précarité importante.
Visas de « Compétences Spécifiées »
Le Japon offre aux travailleurs étrangers peu qualifiés un visa de « compétences spécifiées ». Ce visa, cependant, est limité à une durée de cinq ans et n’autorise pas la réunion familiale. Cette limitation pose un problème sérieux : même avec des compétences notables, ces travailleurs ne peuvent prétendre ni à une résidence permanente, ni à une naturalisation. Ce statut temporaire limite considérablement leurs perspectives d’avenir dans le pays, les maintenant dans une boucle de précarité et d’incertitude.
Programme des « Stagiaires Techniques »
Une autre voie par laquelle de nombreux travailleurs étrangers arrivent au Japon est le programme des « stagiaires techniques ». Initialement conçu pour le transfert de compétences, ce programme est de plus en plus critiqué pour être détourné en une source de main-d’œuvre bon marché. Les stagiaires, souvent sous-payés et exploités, font face à une exploitation qui dégrade non seulement leurs conditions de vie mais également leur perception de la méritocratie.
Un système privilégiant les diplomés japonais
Les entreprises privilégient les diplômés japonais ayant fait leurs études dans le pays, plutôt que ceux formés à l’étranger. L’objectif de ce système n’est pas d’intégrer les étrangers, mais de sélectionner et former les meilleurs éléments japonais.
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