Masabumi Hosono, 42 ans, fonctionnaire de Tokyo, était le seul passager japonais du Titanic, voilà son histoire.
Masabumi Hosono (細野正文) est né en 1870 dans la préfecture de Niigata, au début de l’ère Meiji au Japon. Hosono avait alors un brillant parcours scolaire et une carrière prometteuse.
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À l’âge de 27 ans, il rejoint le ministère des Communications en 1897 et travaille également pour Mitsubishi.
En 1906, il se spécialise dans la langue russe à l’école des langues étrangères de Tokyo et est envoyé en Russie en 1910 pour étudier le système ferroviaire russe, dans le but de développer le réseau ferroviaire naissant du Japon.
Après deux ans en Russie et un bref séjour à Londres, il embarque à Southampton le 10 avril 1912 à bord du Titanic en tant que passager de deuxième classe, devenant ainsi le seul Japonais à bord du navire.
🧊 Masabumi Hosono sur le Titanic
Masabumi Hosono était le seul passager japonais à bord du Titanic. Il s’est embarqué sur le navire à Southampton.
Dans sa cabine de seconde classe, Hosono a été réveillé par un coup frappé à sa porte. Précipitamment, il s’est précipité à l’extérieur, mais en raison de son statut d’étranger, on lui a ordonné de se rendre sur les ponts inférieurs, éloigné des canots de sauvetage.
Pendant ce temps, des fusées éclairantes signalant une situation d’urgence étaient tirées inlassablement dans le ciel, créant une atmosphère terrifiante avec leurs éclairs bleus et les bruits assourdissants qui les accompagnaient. Hosono écrit :
D’une manière ou d’une autre, je n’arrivais pas à dissiper le sentiment d’effroi et de désolation qui m’habitait.
Déterminé à ne rien faire qui puisse déshonorer le Japon, Hosono regagne le pont supérieur en essayant de se préparer calmement, sans agitation, pour ce qui semblait être ses derniers instants. Il avoue cependant avoir été surpris de rechercher désespérément une infime chance de survie.
Cette chance lui est apparue lorsque qu’un officier en charge du chargement des canots de sauvetage a explique qu’il reste encore deux places. Un homme se jette à l’eau. Hosono explique :
J’étais moi-même plongé dans la désolation à l’idée de ne plus pouvoir revoir ma femme et mes enfants bien-aimés, puisqu’il n’y avait pas d’autre solution pour moi que de partager le même destin que le Titanic. Mais l’exemple du premier homme à sauter m’a poussé à saisir cette dernière chance.
Après le naufrage du navire, les cris et les hurlements effrayants de ceux qui se noyaient dans l’eau ont résonné dans les oreilles de Hosono. Le canot de sauvetage dans lequel il se trouvait était rempli d’enfants et de femmes en pleurs, inquiets pour la sécurité de leurs maris et pères. Lui-même était plongé dans la dépression et la misère, ignorant ce que l’avenir lui réservait.
🧊 Masabumi Hosono de retour au Japon
Bien qu’il ait été sauvé dans un canot de sauvetage, Hosono a été vivement critiqué dans son propre pays pour avoir survécu alors que tant d’autres avaient péri. Hosono a été privé de l’estime de ses compatriotes pour le reste de sa vie, vivant dans le déshonneur…
Son ministère l’a licencié, les journaux japonais l’ont diffamé pour sa prétendue lâcheté, les manuels scolaires ont cité sa survie comme un : « exemple de comportement honteux déshonorant les Japonais », et un professeur d’éthique l’a dénoncé comme immoral !
À son retour au Japon, il a été confronté à la colère de l’opinion publique japonaise. On ne lui a pas pardonné d’avoir survécu. Hosono était considéré coupable à double titre aux yeux de son pays : il avait trahi l’esprit de sacrifice glorieux et national, en référence à l’esprit du samouraï qui était exalté à l’époque impériale, mais surtout, il n’était pas à la hauteur du comportement héroïque de nombreux Occidentaux qui avaient choisi de se sacrifier. Hosono meurt en 1939, brisé.
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Même après sa mort, le récit de Masabumi Hosono revient dans les médias japonais lors du naufrage d’un paquebot nippon en 1954.
Dans le même temps, la famille de Hosono était au courant de l’existence d’un document personnel relatant son histoire sur le Titanic (qui était resté dissimulé dans un tiroir) :
Plus récemment, la petite-fille de Hosono, Yuriko, a décidé de rendre ce document public, et son arrière-petit-fils a fait rééditer cette lettre peu de temps après la sortie du film de James Cameron en 1997.
Aujourd’hui Hosono est enterré au cimetière de Tama, Tokyo, Japon.
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