Saviez-vous qu’Hiroshima et Nagasaki n’ont pas été les 2 seules bombes atomiques qui causèrent des victimes japonaises ?
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Américains lancent régulièrement de nouvelles séries de tests nucléaires au cœur du Pacifique.
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Ils utilisent en effet cette région depuis 1946 pour des tests de bombe H, nouvelle génération de bombes suivant les bombes A larguées sur Hiroshima et Nagasaki.
☢️ Histoire de l’équipage du Daigo Fukuryu Maru
Le 22 janvier 1954 un thonier nommé Daigo Fukuryu Maru (第五福龍丸) part au large du Pacifique pour pêcher au large des îles Midway. En mars 1954 l’équipage ainsi que les thons du bateau japonais vont être irradiés gravement et ramener leur cargaison empoisonnée sur l’archipel.
Le Daigo Fukuryu Maru s’apprêtait à rentrer de leur zone de pêche principale et décident de passer par le sud proche des îles Marshall alors sous contrôle américain et où sont réalisés dans l’atoll de Bikini… leurs fameuses expérimentations nucléaires.
Malgré une zone de sécurité mise en place par l’armée américaine, personne ne sait pas quand ont lieu les détonations… Le bateau japonais a donc continué son chemin pour arriver le 1er mars à la limite (mais en dehors) de la zone de danger située à seulement 160 km des lieux.
C’est à ce moment que la boule de feu de 7,2 km de diamètre et le champignon atomique de 40 km d’altitude creusent un cratère de 70 mètres de profondeur et de 2 km de diamètre dans l’atoll de Bikini.
L’équipage du Daigo Fukuryu Maru fait face à Castle Bravo, la bombe la plus puissante jamais amorcée par les États-Unis (elle explosa avec une puissance 1000 fois plus supérieure à la bombe d’Hiroshima).
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Contrairement aux calculs américains, le nuage ne se propage pas vers l’ouest mais à l’opposé… vers l’est où se trouvaient le bunker de contrôle de l’essai et en direction du Daigo fuku :
Le flash lumineux fait s’écrier à un matelot que le soleil se lève à l’ouest ! Les 23 marins se tournèrent vers cette lumière qui 8 minutes plus tard se transforma en onde de choc puis couvrit peu à peu le ciel d’une fine poudre constituée de corail, de sable calcinés, de strontium-90, césium-137, sélénium-141 et uranium-237.
Ils la feront analyser à leur retour et appelleront cette dernière avec raison : cendres de la mort, en japonais shi no hai (死の灰).
Un pêcheur, Oishi Matashichi, a déclaré qu’il avait consommé une lichette de la poussière tombée sur son bateau, la décrivant comme granuleuse mais sans goût.
Cette poudre fortement radioactive fait se développer des maladies de peau sur certaines parties du corps non couvertes des matelots. Ils continuèrent leur travail dans la zone pendant plus de 6 heures et vont par la suite souffrir de maux de tête, de brûlures, de diarrhées et de nausées… Les matelots finissent même par perdre leurs cheveux.
Ils arrivent finalement au Japon le 14 mars et débarquent au port en faisant état de leur expérience. Ils étaient restés discrets pendant 2 semaine par peur de représailles occidentales.
Certains des matelots ne se rendaient pas du compte de la gravité de la situation, certains des membres de l’équipage sont même revenus chez eux avec des poissons irradiés !
Le reste du poisson a été déchargé normalement et a commencé à être envoyé dans une dizaine de villes du pays comme Tokyo et Osaka.
Après la visite de certains matelots à l’hôpital, on constate qu’ils sont victimes du syndrome d’irradiation aiguë !
☢️ Le scandale de la 3ème bombe atomique américaine éclate au Japon
Un journaliste, publie à ce sujet le 16 mars 1954 et un scandale éclate dans tout le Japon.
Les autorités décidèrent alors de retrouver de détruire les poissons irradiés. La panique était cependant à son paroxysme et très rapidement les ménages et les restaurateurs n’achètent plus de poissons de peur de s’irradier.
La tragédie du Daigo Fukuryu Maru a aussi fortement renforcé le mouvement antinucléaire au Japon.
Côté américain, le gouvernement a toujours refusé de divulguer la composition des retombées pour des raisons de « sécurité nationale ».
Suivant le scandale, les américains et Katsuo Okazaki, ministre des affaires étrangères japonais de l’époque, ont d’abord tenté de détourner l’affaire en accusant la Russie avant de finalement négocier un accord d’indemnisation mettant un terme au scandale :
- Ce dernier a permis le transfert au Japon d’une indemnité de 15 300 000 dollars, dont 2 millions pour la pêche
- L’équipage des 23 survivant a quant à lui reçu environ 2 millions de yens chacun, (soit 5 550 dollars de 1954, équivalent à 50000 euros aujourd’hui)
- Le gouvernement japonais s’est engagé à ne pas demander d’autres réparations au gouvernement américain
- Les victimes ne recevront pas le statut d’hibakusha (les japonais victimes des bombardements atomiques)
Comme les survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945, l’équipage du Daigo Fukuryu Maru a été stigmatisé en raison de la peur du public japonais envers les personnes exposées aux radiations. On pensait à l’époque qu’elles étaient contagieuses.
Dans son livre, l’un des membres de l’équipage, Oishi Matashichi, écrit que le ministre des Affaires étrangères se tenait généralement du côté américain, et il semblait qu’il était le ministre des Affaires étrangères américain plutôt que le leur.
Au final, avec la contamination des poissons et des proches de marins, des centaines ont été touchés par des retombées radioactives. Plus tard, les États-Unis ont étendu la zone de danger. En plus du Daigo Fukuryu Maru, de nombreux autres bateaux de pêche se trouvaient dans la zone à l’époque.
Aujourd’hui, le musée du parc Yumenoshima nommé Daigo Fukuryumaru Museum (第五福竜丸展示館), à Tokyo, abrite la carcasse décontaminée du bateau :
Vous pouvez y découvrir tous les détails de cette histoire de la 3ème bombe nucléaire ayant contaminé le Japon :
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