Ce n’est pas parce qu’un téléphone contient ta vie numérique qu’il vaut deux tentatives de sauvetage en montagne.

On a tous déjà fait demi-tour pour un objet oublié. Clés, sac, téléphone… Mais peu d’entre nous iraient jusqu’à affronter une montagne glacée deux fois en quatre jours, au risque de leur vie, pour récupérer un smartphone.
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Et pourtant, c’est exactement ce qu’a fait un jeune étudiant de 27 ans sur le Mont Fuji. Un récit aussi absurde qu’instructif sur notre rapport aux voyages, à la technologie… et au bon sens.
Première ascension : la montagne contre-attaque
Nous sommes le 22 avril 2025. Le Mont Fuji est encore en mode hiver : neige, vent glacial, sentiers fermés. Bref, pas vraiment le moment idéal pour une randonnée improvisée.
Mais cela n’arrête pas notre protagoniste, un étudiant chinois vivant au Japon. Il entame l’ascension seul, par la voie Fujinomiya, sans équipement complet. Vers le sommet :
- Il perd ses crampons,
- Il subit une hypothermie légère et les symptômes du mal des montagnes,
- Il est incapable de redescendre par ses propres moyens.
Résultat : appel d’urgence, sauvetage en hélicoptère à plus de 3 000 m, transfert à l’hôpital. Sauvé, sain et sauf. Fin de l’histoire ?
Pas tout à fait…
Rechute : retour au sommet… pour un téléphone
Quatre jours plus tard, le 26 avril, surprise : le même étudiant remonte sur les pentes du Fuji. Cette fois-ci, pour récupérer son smartphone perdu durant le sauvetage.
Toujours seul, toujours hors saison.
Arrivé vers la 8ᵉ station, il s’effondre. Un randonneur alerte les secours. Cette fois, il est évacué sur une civière, toujours en proie au mal d’altitude. Ce n’est qu’après coup que les secours découvrent : c’est le même homme que la première fois.
L’affaire fait rapidement le tour des médias japonais et internationaux. Entre consternation, ironie et sérieuses interrogations sur la sécurité en montagne.
Fuji, ce n’est pas juste une rando Instagram
Le Mont Fuji, ce n’est pas un simple décor pour selfies réussis. Avec ses 3 776 m, c’est un volcan actif dont les conditions météo peuvent devenir extrêmes en quelques heures :
- Hors saison (octobre à juin), les sentiers sont enneigés et glacés ;
- Il n’y a ni refuges, ni assistance organisée ;
- Monter, c’est faire de l’alpinisme, pas de la balade.
Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, plus de 46 personnes ont dû être secourues côté Shizuoka, et au moins 4 morts côté Yamanashi. Des statistiques qui inquiètent les autorités locales.
Surfréquentation, “bullet climbing” et comportements à risque
Le phénomène de “bullet climbing” monter d’une traite sans repos pour admirer le lever du soleil – ajoute une couche de danger :
- Manque de sommeil,
- Fatigue intense,
- Altitude élevée,
- Conditions météo hostiles.
Le résultat ? Malaise, hypothermie, voire mort subite. Et ce, même en été.
Les autorités multiplient donc les mesures :
| Mesure | Objectif |
|---|---|
| Quota journalier | Réduire la surfréquentation |
| Redevance de 4 000 ¥ | Financer l’entretien et les secours |
| Campagnes de prévention | Sensibiliser les touristes et résidents |
Le smartphone, miroir de nos priorités
Pourquoi cette histoire a-t-elle tant fait réagir ? Parce que le motif du second sauvetage – récupérer un téléphone – nous renvoie à quelque chose de familier, presque universel.
Le téléphone, c’est aujourd’hui :
- Nos photos de voyage,
- Nos traductions,
- Nos billets,
- Notre GPS,
- Et bien sûr, notre vitrine Instagram.
Mais risquer sa vie, et mobiliser deux fois des secours coûteux pour lui ? Cela révèle un décalage profond entre la valeur émotionnelle d’un objet et la réalité des risques encourus.
Tu veux grimper le Fuji ? Voici les règles d’or
Grimper le Mont Fuji peut être une expérience inoubliable… à condition de ne pas finir dans les faits divers. Voici les règles essentielles :
🗓️ Respecter la saison
- Juillet à début septembre : sentiers ouverts, refuges accessibles, météo plus stable.
🥾 S’équiper correctement
- Chaussures, couches de vêtements chauds, crampons si besoin.
- Eau, snacks, batterie externe, lampe frontale.
🛏️ Dormir en refuge
- Réserve en avance.
- Cela permet de s’acclimater et de limiter la fatigue.
⚠️ Écouter ton corps
- Nausées, vertiges = redescends immédiatement.
- Le Fuji sera encore là l’année prochaine.
👀 Accepter de simplement le contempler
- Depuis le lac Kawaguchi, un onsen ou un ryokan : vue imprenable, risque zéro.
🎯 Morale de l’histoire
Ce n’est pas parce qu’un téléphone contient ta vie numérique qu’il vaut deux tentatives de sauvetage en montagne.
Le Mont Fuji est majestueux, mais il ne pardonne pas l’imprudence. Prépare-toi, informe-toi, équipe-toi. Et parfois, accepte que la vraie victoire, c’est de revenir vivant… même sans ton smartphone.
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