San’ya (山谷), souvent occulté des cartes officielles de Tokyo, est un quartier qui incarne à la fois l’histoire dure et les défis sociaux du Japon.
Officiellement, le district de San’ya n’existe plus… Pourtant il est situé dans l’arrondissement de Taitō à Tokyo, représente une enclave oubliée par le temps et la société moderne.
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Surnommé le «triangle des Bermudes» de Tokyo, ce quartier vit dans une isolation marquée par une longue histoire de marginalisation et de précarité.
Un Quartier Invisible
Intégré aux districts de Kiyokawa et de Zutsumi dans les années 1960, San’ya était une zone dédiée aux travailleurs journaliers et à ceux que la société préfère oublier.
Malgré l’effacement de son nom des cartes, la réalité de San’ya persiste à quelques pas de la station de métro Minami-Senju, où la propreté des rues fait rapidement place à des trottoirs jonchés de déchets et à des logements de fortune.
Historiquement, les résidents de San’ya appartenaient aux castes les plus basses de la société japonaise, impliquées dans des métiers liés à la mort, ce qui les rendait socialement «impurs» selon les normes bouddhistes de l’époque. Ce statut marginal a perduré à travers les siècles, avec des répercussions qui se font encore sentir aujourd’hui.
Le quartier porte les traces de son passé douloureux, notamment à travers le carrefour Namidabashi, le « Pont des Larmes », où se faisaient les adieux aux condamnés à mort. Post-Seconde Guerre mondiale, les sans-abri se regroupaient à San’ya, trouvant refuge dans des conditions précaires.
La Population de San’ya
La communauté de San’ya est majoritairement masculine et âgée. Avec une moyenne d’âge de 61,5 ans, les résidents luttent pour trouver un emploi régulier, 88% d’entre eux survivant grâce aux aides d’État.
Les organisations caritatives estiment que le nombre de résidents en situation précaire pourrait être beaucoup plus élevé que les chiffres officiels.
Encore aujourd’hui ces nombreux habitants de San’ya trouvent des petits boulots dans le quartier ou aident aux alentours des chantiers. La nuit, certains travaillent près des lieux touristiques comme le temple de Sensō-ji, où leur présence est moins problématique.
San’ya Aujourd’hui
San’ya reste une enclave où le passé et le présent se rencontrent dans un mélange complexe de marginalisation persistante et de changements.
Depuis la fin du miracle économique japonais, les opportunités d’emploi ont diminué, laissant beaucoup de ses résidents dans une précarité persistante. Le manga culte « Ashita no Joe » a mis en lumière la vie dans ce quartier, mais a également renforcé sa réputation de lieu à éviter.
Récemment, un phénomène de gentrification a commencé à transformer certains de ses aspects, avec la conversion de logements précaires en auberges pour backpackers.
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