Depuis des siècles, les Japonaises aspirent à un teint lumineux, perçu comme un symbole de beauté et d’élégance.
Le culte du teint clair persiste encore aujourd’hui au Japon. Il ne désigne pas seulement une peau blanche, mais une peau satinée et lumineuse.
Aujourd’hui encore, cet idéal esthétique demeure central et continue d’influencer les normes de beauté au Japon.
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Plongeons ensemble dans les origines et l’évolution de cette esthétique profondément ancrée dans la culture japonaise.
Époque | Pratique beauté | Signification |
---|---|---|
Nara (VIIIe siècle) | Poudrage blanc du visage | Signe de noblesse et d’élégance |
Heian (IXe-XIIe siècles) | Maquillage aristocratique | Marque de statut social et de bienséance |
Edo (XVIIe-XIXe siècles) | Teint clair, naturel et peau « luisante comme le verre » | Beauté recherchée par toutes les classes sociales |
Meiji (XIXe siècle) | Introduction de la couleur « chair » | Influence occidentale sur le maquillage |
Époque contemporaine | Retour à une peau éclatante et soin anti-âge | Évolution scientifique des cosmétiques pour une peau parfaite |
Le teint clair, d’abord un signe de bienséance
La recherche de la beauté est un phénomène universel, mais au Japon, l’obsession pour le teint clair remonte à l’époque de Nara (VIIIe siècle).
À cette époque, les femmes de l’aristocratie se poudraient le visage en blanc, et cette pratique s’est affirmée durant l’ère Heian (IXe-XIIe siècle). Dans les récits littéraires comme Le Journal de Murasaki Shikibu ou Le Dit du Genji, le teint clair est souvent associé à la noblesse.
Cette pratique ne se limitait pas à un simple choix esthétique, mais reflétait également la bienséance et la distinction sociale. Le maquillage blanc devenait alors un symbole de statut et de raffinement parmi les aristocrates, comme en témoigne l’art de cette époque.
La démocratisation du teint clair à l’époque Edo
À partir de l’époque Edo (XVIIe-XIXe siècles), l’idéal du teint clair dépasse les frontières de la noblesse pour toucher l’ensemble de la population.
Le Miyako fûzoku keshôden (Le Guide de la beauté dans la capitale), un best-seller publié au début du XIXe siècle, promeut une beauté naturelle avec un teint clair et lumineux. Ce manuel regorge de conseils sur les soins de la peau, allant du lavage du visage à la préparation de masques à base d’ingrédients naturels.
Une peau « luisante comme le verre »
L’idéal de beauté ne se limite pas à une peau blanche, mais vise une peau satinée et éclatante, décrite comme « luisante comme le verre ».
Dès l’époque Edo, les femmes consacrent beaucoup de temps aux soins de la peau pour atteindre cet éclat naturel. Le maquillage est appliqué puis retiré à plusieurs reprises afin de sublimer le grain de peau et d’obtenir une texture parfaite.
Le maquillage n’était pas seulement un souci d’esthétique, mais aussi une question de bienséance. Il était inconcevable pour une femme de se montrer en public sans être maquillée, et ce rituel était si ancré qu’elles restaient maquillées même dans leur bain. Toutefois, se maquiller en public était mal vu, une règle de bienséance qui perdure encore aujourd’hui dans les transports en commun, par exemple.
Les 3 couleurs fondamentales : blanc, rouge et noir
Le maquillage traditionnel japonais repose sur 3 couleurs essentielles :
- Blanc : pour le teint, symbolisant la pureté et l’élégance.
- Rouge : pour les lèvres et les joues, apportant vitalité et féminité.
- Noir : pour les cheveux et parfois les dents, dans le cadre de la pratique du ohaguro où les femmes mariées se noircissaient les dents.
Le trio chromatique reflète une esthétique raffinée et modeste. Des gestes tels que le noircissement des dents ou le rasage des sourcils après la naissance d’un enfant symbolisaient l’effacement de l’individualité au profit des normes morales et sociales de l’époque.
Parallèlement, dans les grandes villes comme Edo, une culture de l’élégance se développe autour des spectacles et des festivités. Les femmes s’inspirent des acteurs de kabuki et des courtisanes, adoptant des vêtements colorés et un maquillage accentuant le visage, avec des touches de rouge pour souligner les lèvres et les joues.
L’influence occidentale et l’apparition de la couleur « chair »
Avec l’ère Meiji (fin du XIXe siècle), l’Occidentalisation gagne en influence, et le maquillage japonais évolue. Les poudres importées d’Occident, adaptées à la couleur « chair », permettent aux Japonaises de se rapprocher davantage de leur teint naturel. Cette innovation est une révolution cosmétique majeure, qui se propage durant l’ère Shôwa, où les déclinaisons de la couleur chair se multiplient pour correspondre à la diversité des teints.
Dans les années 1960, le maquillage occidental devient très populaire, notamment avec l’apparition des fards à paupières, mascaras et fonds de teint. L’influence de la télévision en couleur accentue cette tendance, en mettant en avant des tons rosés qui deviennent à la mode. Cependant, à partir des années 1980, on observe un retour vers une expression plus japonaise de la beauté, notamment grâce à des icônes comme Yamaguchi Sayoko, célèbre pour sa chevelure noire et ses traits asiatiques naturels.
Le retour aux sources dans la quête du teint parfait
Depuis les années 1980, l’industrie cosmétique japonaise met de plus en plus l’accent sur la science et l’efficacité des produits. Les termes comme « soins anti-âge » et « beauté scientifique » deviennent à la mode, reflétant cette quête constante d’une peau parfaite et saine.
Toutefois, malgré les nombreuses tendances, l’idéal de beauté reste inchangé : une peau éclatante et lisse, « lumineuse comme le verre ». Ce retour aux sources témoigne d’une volonté de renouer avec un idéal esthétique qui perdure depuis des siècles.
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