👻 Nurarihyon : le vieux squatteur devenu boss des yōkai

Figure floue mais omniprésente du bestiaire japonais, Nurarihyon intrigue, amuse et inspire depuis des siècles.

Nurarihyon

Nurarihyon (ぬらりひょん) est un vieux monsieur à tête de calebasse ou esprit marin insaisissable, il a su s’imposer dans les salons comme dans les récits, jusqu’à devenir — peut-être à tort — le chef autoproclamé des monstres japonais.

🧓 Qui est vraiment Nurarihyon ?

Si vous aimez les histoires de yōkai, ce nom vous dit sûrement quelque chose. Nurarihyon, c’est cette silhouette étrange : un vieillard en tenue traditionnelle, le crâne lisse et bombé comme une gourde.

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On le retrouve dans les fameuses planches de Gazu Hyakki Yagyō de Toriyama Sekien (1776), ces encyclopédies illustrées de démons japonais qui ont marqué l’imaginaire collectif.

Mais attention : ce « papi yōkai » n’a pas livré tous ses secrets.

Son « move » favori ?

S’introduire dans les maisons au crépuscule, s’asseoir dans le salon, boire le thé… et agir comme s’il était chez lui. Sans qu’on l’invite, évidemment. Cette image cocasse d’un squatteur de luxe est répétée à l’envi sur les sites et dans les encyclopédies modernes.

Mais plusieurs chercheurs pointent un hic : cette habitude domestique n’apparaît pas clairement dans les sources anciennes. Il s’agirait plutôt d’une invention tardive, renforcée par les mangas et les séries TV. Une légende devenue « vérité » à force d’être relayée.

👑 Le « chef des yōkai »… vraiment ?

Ce statut impressionnant de kaibutsu no oyadama (patron des monstres), on le retrouve souvent aujourd’hui, mais son origine est fragile. Un érudit nommé Fujisawa Morihiko aurait qualifié Nurarihyon de « chef des yōkai » dans une annotation illustrée. C’est cette mention unique qui aurait semé la graine.

Depuis, les adaptations modernes — notamment GeGeGe no Kitarō — ont popularisé cette idée d’un patriarche suprême. Pourtant, côté folklore, peu d’éléments confirment cette hiérarchie. C’est la pop culture qui l’a adoubé, pas les récits anciens.

🌊 Origines maritimes : l’autre piste oubliée

Moins connue, une autre version de Nurarihyon circule dans les traditions côtières : une créature marine globuleuse, qui flotte dans la mer intérieure de Seto. Insaisissable, moqueuse, elle échappe aux filets de pêche. Certains folkloristes la rapprochent de l’umibōzu, autre yōkai maritime.

Ce Nurarihyon marin aurait donc glissé de l’eau au tatami, pour finir chef de clan dans les mangas. Une trajectoire qui en dit long sur la plasticité des légendes japonaises.

📺 De Mizuki à l’anime

Mizuki Shigeru et GeGeGe no Kitarō

C’est sans doute Mizuki qui a fait de Nurarihyon un boss incontesté. Dans son manga culte GeGeGe no Kitarō, il transforme les silhouettes floues de Sekien en personnages bien définis, avec rôles, pouvoirs et intrigues. Il n’a pas inventé Nurarihyon, mais il l’a reconfiguré pour le public moderne.

La saga Nura: Rise of the Yokai Clan

Dans ce manga (et anime) signé Hiroshi Shiibashi, Nurarihyon devient le fondateur du clan Nura, une sorte de famille mafieuse de yōkai. Son petit-fils Rikuo hérite de la direction du clan et de la Hyakki Yagyō (« parade des 100 démons »). Une version shōnen spectaculaire qui a encore renforcé le mythe du « chef ».

🧠 Pourquoi Nurarihyon fascine-t-il autant ?

Il y a plusieurs raisons à sa longévité :

  • Un look unique : une tête en forme de calebasse, ça ne s’oublie pas.
  • Peu de lore rigide : le personnage reste malléable, donc réutilisable à l’infini.
  • Un mythe visuel : les rouleaux de Sekien ne racontent pas d’histoires, ils posent des images. À chacun d’en faire ce qu’il veut.
  • Une posture intrigante : usurpateur tranquille, il s’installe là où il n’est pas attendu. Symbole d’un désordre feutré.

🧳 À emporter : le yōkai qui ne vous demande pas la permission

Nurarihyon, c’est le yōkai qui incarne une idée : celle d’une figure ambiguë, ni vraiment dangereuse, ni tout à fait rassurante. Son parcours — des rouleaux anciens aux studios d’animation — montre comment le folklore japonais évolue par glissements successifs, entre tradition orale, livres illustrés et écrans lumineux.

Et peut-être est-ce ça, au fond, sa vraie force : il n’a jamais eu besoin qu’on l’invite pour s’installer dans notre imaginaire.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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