L’auto-momification aussi connue sous le nom de sokushinbutsu (即身仏) est une technique japonaise fascinante, les autorités japonaises l’ont d’ailleurs interdite depuis l’ère Meiji.
De nombreuses momies (très différentes des momies égyptiennes) appelées sokushinbutsu ont été trouvées dans le nord du Japon. Parfois vieilles de plusieurs siècles, de nombreux exemplaires sont certainement encore conservés dans des caveaux désormais tombés dans l’oubli…
Histoire de l’auto-momification au Japon
Cette technique typique de l’archipel est née d’une version du bouddhisme appelée Shugendo (修験道) et apparue au Japon au 7e siècle.
Syncrétisme entre le Vajrayana, le Shinto et le Taoïsme, le Shugendo mettait l’accent sur les pratiques ascétiques et sa tradition s’est développé en particulier pendant toute la période Edo.
L’une de ces pratiques ascétiques était le fameux sokushinbutsu, un jeune extrême permettant d’atteindre la nature de Bouddha par le corps. Les pratiquants du sokushinbutsu ne considéraient pas cette pratique comme un acte de suicide, mais plutôt comme une forme d’illumination ultérieure. Cette pratique s’est perfectionnée au fil du temps, en particulier dans les montagnes Haguro, Gassan et Yudono qui sont toujours sacrées. Des rituels ascétiques continuent d’ailleurs d’y être.
L’auto-momification est un processus que le moine accomplissait en environ 3 000 jours constitué de plusieurs élèments clefs :
- Débuté par un régime alimentaire strict appelé mokujiki, littéralement, « manger un arbre ». Ce régime sans glucides s’appuyait sur des aiguilles de pin, des résines et des graines trouvées dans les montagnes, accompagné d’exercices physiques spécifiques pendant 1000 jours, les graisses fondaient déjà comme neige au soleil !
- Dans un second temps le moine réduisait petit à petit sa nourriture puis arrêtait la consommation de liquides en buvant de moins en moins pendant 1000 jours – tout en s’empoisonnant pour se protéger des attaques d’insectes et autres animaux nécrophages. Le moine buvait un breuvage fait de sève de l’arbre urushi (toxicodendron verniciflum, sorte de sumac).
- Finalement enfermé en position du lotus avec une clochette dans une cavité juste assez grande pour y tenir assise, le moine devaient y rester dans un état de jhana (sorte de méditation) en chantant le nenbutsu, sa dernière prière.
- Le jour où la cloche ne tintait plus, la cavité était scellée pendant 1 000 jours puis d’autres moines vérifiaient que le processus d’auto-momification.
Sokushinbutsu de nos jours
De nos jours l’auto-momification est interdite car apparentée à un suicide. C’est l’empereur Meiji qui l’a interdit en 1879.
Cependant il est toujours possible de découvrir les momies japonaises en vidéo ou bien en vrai au Japon ! L’un des autels du temple Honmyo-ji (本妙寺) est d’ailleurs vraiment typique. Isolé et entouré d’une mystérieuse forêt dans la préfecture de Yamagata, c’est un lieu vraiment insolite qui continue de préserver l’une des plus anciennes momies nommée Honmyokai :
Si vous souhaitez vous y rendre vous devez faire une réservation par téléphone (en langue japonaise uniquement) :
D’autres lieux permettent de découvrir les momies sokushinbutsu comme le temple Dainichibo de Ryusui-ji ou encore le Kaiko-ji. Certainement plus faciles d’accès ils pourront vous accueillir afin de découvrir ce résultat de ce rituel ancestral…
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