Le Japonisme, terme créé par le critique d’art Philippe Burty, désigne un mouvement artistique inspiré du Japon.
Le Japonisme s’est étendu sur une quarantaine d’années en occident, suite à l’ouverture du Japon par l’intervention du Commodore Perry en 1853 et à la découverte en Europe et aux USA de l’art japonais.
Et en France, le Japonisme a su conquérir Paris en un temps record, suscitant un engouement artistique sans précédent. Aujourd’hui, son héritage continue d’inspirer et de fasciner les amateurs d’art du monde entier, témoignant de l’impact de cette rencontre entre l’Orient et l’Occident.
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Claude Monet en particulier a été influencé par ce immodéré goût pour le Japon. Il se constitue une collection d’estampes japonaises tout au long de sa vie, elle comportera deux cent trente et une pièces à sa mort !
🌊 L’ouverture du Japon et la fascination occidentale
Dès les années 1860, le Japon de l’ère Meiji, jusque-là isolé du reste du monde, s’ouvre à l’Occident.
Sa participation aux Expositions universelles de Londres en 1862 et de Paris en 1867 et 1878 illustre les accords politiques et commerciaux conclus avec les gouvernements occidentaux, notamment la France dès 1858.
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Cet engouement artistique a donné naissance à un nouveau style esthétique, en réaction au classicisme, caractérisé par l’utilisation de lignes, de courbes et d’éléments naturels « japonesques ».
🌊 Les estampes japonaises : une source d’inspiration extraordinaire
Les estampes japonaises en particulier ont connu un engouement extraordinaire. Elles ont contribué à faire connaître en Occident les noms d’Hokusai, Hiroshige, Moronobu, Utamaro, et bien d’autres encore.
À Paris, les marchands Siegfried Bing et Tadamara Hayashi ont fait fortune en organisant la recherche et l’importation de pièces rares.
En 1884, le fameux industriel voyageur et collectionneur d’art asiatique Émile Guimet a fait don de ses fabuleuses collections à l’État français, et en 1888, le musée Guimet a été inauguré à Paris. C’est également à cette époque que le magnifique fonds d’estampes de la Bibliothèque nationale a été constitué.
En 1889, c’est l’École des beaux-arts de Paris qui présente une sélection de pièces japonaises anciennes, dont certaines appartenaient à Georges Clemenceau.
🌊 L’influence sur les artistes occidentaux
Les estampes japonaises ont inspiré Monet dans la réalisation de son extraordinaire jardin d’eau à Giverny. Des plantes japonaises, notamment les célèbres nymphéas, ont été importées du Japon pour ce projet. Son pont japonais, ses saules, glycines, pivoines et iris ont contribué à créer une ambiance japonaise unique.
Les œuvres japonaises ont également profondément influencé le style des Nabis, dépassant la simple recherche d’exotisme.
Les peintres Nabis ont été séduits par la simplification des formes, le goût pour les lignes sinueuses, l’abandon de la perspective et l’amour des couleurs vives, caractéristiques de l’art japonais :
🌊 Quelques œuvres clefs du japonisme
| Nom | Artiste | Date |
| La Princesse du pays de la porcelaine | James McNeill Whistler | 1864-1865 |
| L’Éventail japonais / L’Admiratrice du Japon | Gustave Léonard de Jonghe | vers 1865 |
| Portrait de James Tissot | Edgar Degas | 1867-1868 |
| Portrait d’Émile Zola | Édouard Manet | 1868 |
| Jeunes femmes regardant des objets japonais | James Tissot | 1869 |
| La Parisienne japonaise | Alfred Stevens | 1872 |
| La Japonaise. Madame Monet en costume japonais | Claude Monet | 1876 |
| Kathleen Newton à l’ombrelle | James Tissot | 1877 |
| Une Japonaise | Jules Lefebvre | 1882 |
| La Courtisane | Van Gogh | 1887 |
| Le Kimono bleu | William Merritt Chase | 1888 |
| La Toilette | Mary Cassatt | 1890-1891 |
| Fille en kimono blanc | George Hendrik Breitner | 1894 |
| Portrait de Sarah Bernhardt | Georges Rochegrosse | vers 1900 |
🌊 L’héritage durable du Japonisme dans tous les arts et la culture
Léon de Rosny, ethnologue, linguiste et japonologue français, a joué un rôle crucial dans l’étude et l’enseignement et la diffusion de la langue et la culture japonaise en France.
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En 1856, il publie la première méthode de langue japonaise du pays, et en 1863, il ouvre le premier cours de japonais à l’École des langues orientales (aujourd’hui l’INALCO).
En parallèle les récits de voyage et les articles de presse, notamment ceux de Zacharie Astruc en 1862 font rêver les occidentaux.
L’arrivée d’objets nippons tels que des soieries, des porcelaines, des paravents, des ivoires, des laques et des peintures, passionnent le grand public ainsi que les collectionneurs avisés.
Dans la mode, l’importation de kimonos japonais par la Compagnie des Indes Orientales hollandaises débute dès le XVIIe siècle, ils sont d’abord portés par les Européens aisés comme des robes de chambre.
Les jardins japonais font également leur apparition en Europe, notamment à Paris lors de l’exposition universelle de 1889. Le jardinier japonais Hata Wasuké est chargé de mettre en place un jardin japonais au Trocadéro : avec une végétation et des plantes d’origine japonaise ou encore des carpes koï dans les étangs.
Les écrivains français du XIXe siècle ressentent le besoin de s’éloigner du classicisme et cherchent de nouvelles sources d’inspiration, notamment le japonisme. Ils ne cherchent pas seulement à reprendre les thèmes japonais, mais surtout à s’inspirer de son esthétisme. Parmi ces écrivains, on compte des figures comme Baudelaire, Mallarmé et Victor Hugo.
D’autres écrivains intègrent les arts et l’esprit japonais dans leurs écrits, tels que Marcel Proust, Edmond de Goncourt et Émile Zola. Un exemple notable est le roman de Pierre Loti, « Madame Chrysanthème » (1887), qui se base sur sa propre rencontre avec une jeune femme japonaise qu’il a épousée pendant un mois.
Côté musique en 1871, Camille Saint-Saëns compose l’opéra en un acte « La Princesse jaune », où une jeune hollandaise est jalouse de l’attachement de son ami artiste envers une estampe japonaise :
Le Japon inspire également le monde de l’art visuel. En 1892, le ballet d’inspiration japonaise « Papa Chrysanthème » est présenté à Paris, ce qui incite le célèbre artiste Toulouse-Lautrec à créer un vitrail en 1895.
Au même moment les formes et décors japonais inspirent à leur tour artisans et artistes, et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale. C’est une véritable mode !
🌊 Fin du Japonisme ?
Comme vous pouvez le constater, le mouvement a touché toutes les formes artistiques de la fin du XIXe siècle, avant d’être néanmoins éclipsé par l’engouement pour les arts d’Afrique et d’Océanie au début du XXe siècle.
Le mouvement du Japonisme a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de l’art occidental. Il a ouvert les esprits à de nouvelles formes d’expression et a contribué à une révolution esthétique.
L’influence de l’art japonais se retrouve dans de nombreuses œuvres majeures de cette époque et a perduré au-delà, laissant une marque sur les générations d’artistes à venir.
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