🎥✨ Kôji Yamamura : rêve de l’animation japonaise indépendante

Kôji Yamamura est poétique, étrange, satirique ou contemplatif, son œuvre est une invitation à explorer les recoins de notre imagination.

Kôji Yamamura art

Oubliez Totoro, les sorcières volantes et les robots géants. Aujourd’hui, on vous embarque dans l’univers unique d’un artiste qui bouscule les codes : Kôji Yamamura.

À lire aussi sur dondon.media : Art contemporain japonais

Maître incontesté de l’animation indépendante japonaise, il nous offre des films à la fois poétiques, étranges, et profondément humains. Prêts à plonger ? Accrochez-vous, ça va swinguer.

🌱 Un ado passionné qui rêve d’images en mouvement

Tout commence en 1964 à Nagoya. Très jeune, Yamamura se passionne pour le dessin animé. À 13 ans, il réalise déjà ses premiers courts-métrages en Super 8 dans sa chambre, pendant que d’autres collectionnent les cartes ou jouent au foot.

À 15 ans, il découvre par hasard des animations expérimentales venues du Canada, d’Europe de l’Est ou de Russie — un vrai choc. Cette révélation lui fait comprendre qu’il existe un autre monde que celui des dessins animés traditionnels. Il se met à tourner des mini-films 8 mm inspirés de ces œuvres étranges et fascinantes.

Après le lycée, direction l’Université Zōkei de Tokyo pour étudier la peinture. Mais son amour pour l’animation le rattrape vite. Inspiré par des créateurs du monde entier (comme Ishu Patel ou Priit Pärn), il développe son propre style, à contre-courant du mainstream japonais. En 1989, il quitte son job d’artiste décorateur dans un studio pour devenir indépendant et, en 1993, il crée « Yamamura Animation » avec sa femme Sanae. Un vrai couple d’artistes passionnés.

🎎 Des courts-métrages cultes qui secouent

Yamamura explose vraiment avec La Montagne aux bijoux (Mt. Head) en 2002. L’histoire ? Un vieil homme radin avale des noyaux de cerise pour ne pas les jeter… et finit avec un cerisier qui lui pousse sur la tête ! Surréaliste, drôle, grinçant. Ce film remporte le Cristal d’Annecy (première fois pour un Japonais) et décroche même une nomination aux Oscars.

Puis, en 2007, il adapte Kafka avec Un médecin de campagne, une plongée cauchemardesque et hallucinée. Visages qui fondent, transformations étranges : on oscille entre rêve fiévreux et film d’horreur expressionniste.

Autre bijou : Muybridge’s Strings (2011), réflexion poétique sur le temps qui passe. Entre un photographe du XIXe siècle et une mère japonaise moderne, Yamamura nous emmène dans un ballet visuel mélancolique et superbe.

Et ça ne s’arrête pas là : « Le Vieil Alligator », « Satie’s Parade » ou son premier long-métrage Dozens of Norths (2021), tous témoignent d’une créativité sans limites. Chaque film est une expérience, un voyage inattendu.

✏️ Un style visuel inimitable

Ce qui frappe dès les premières secondes, c’est son dessin. Pas de visages lisses, pas de grands yeux brillants. Yamamura préfère les traits vibrants, les textures imparfaites, les couleurs parfois délavées, parfois explosives.

Il mêle dessin sur papier, stop-motion, pâte à modeler, collages… Chaque film est un laboratoire. Il réalise presque tout lui-même : écriture, animation, montage. Une anecdote culte ? Pour Mt. Head, il a utilisé du nettoyant à vitres pour créer des textures et a fini par casser son scanner. L’art avant tout, même la technologie !

Ses personnages se transforment, se dissolvent, se réinventent. On a l’impression de rêver les yeux ouverts, et c’est exactement ce qu’il cherche : « L’animation, ce sont des rêves qu’on voit éveillés. »

🌍 De Nagoya aux Oscars : une reconnaissance mondiale

Son Oscar en 2003 marque un tournant. Depuis, Yamamura a raflé les plus grands prix d’animation au monde (Annecy, Ottawa, Hiroshima, Zagreb) et reçu au Japon la Médaille au ruban pourpre, l’équivalent d’une Légion d’honneur.

Ses films voyagent en festivals, il expose ses dessins, siège dans des jurys, et inspire toute une génération. Certains le surnomment même « le Miyazaki de l’animation indé ». Une légende vivante, tout simplement.

🧑‍🏫 Un sensei passionné qui forme la relève

Depuis 2008, Yamamura enseigne à l’Université des Arts de Tokyo. Il encourage ses étudiants à tout oser, à expérimenter sans cesse. Sa devise ? « Si c’est trop facile, c’est que tu ne vas pas assez loin. »

Il a aussi ouvert sa propre galerie, Au Praxinoscope, à Tokyo, un lieu unique dédié à l’animation indépendante, où il partage sa passion avec le public. Il prouve qu’on peut faire de grandes choses avec peu de moyens, du talent et beaucoup de cœur.

🚨 Ne manquez pas les derniers articles dondon.media sur le Japon : sur Google Actualités, X, E-mail ou via notre flux RSS.

Auteur/autrice : Louis Japon

Auteur #Actus, #BonsPlans, #Guides, #Culture, #Insolite chez dondon media. Chaque jours de nouveaux contenus en direct du #Japon et en français ! 🇫🇷💕🇯🇵

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *