💥 Comment les Japonais ont vécu leur premier contact avec les Européens (Nanpo Bunshi et Teppô-ki)

Nanpo Bunshi, moine zen et confucéen du XVIe siècle, est l’auteur de Chronique des armes à feu ou Teppô-ki, rédigée en 1606.

Japonais ont vécu leur premier contact avec les Européens

Voilà un témoignage historique unique sur l’arrivée des Portugais au Japon, et plus particulièrement ce qu’il s’est passé sur l’île de Tanegashima en 1543 : l’introduction du mousquet.

Loin d’être un incident isolé, c’est le début d’une transformation qui bouleversera l’art de la guerre et, par extension, la structure du pouvoir du Japon !

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Nanpo Bunshi (南浦文之) décrit l’arrivée des Portugais sur l’île avec une certaine réserve, entre fascination et scepticisme.

Il se concentre particulièrement sur les différences culturelles visibles entre les Japonais et ces « barbares du sud » (appelés nanban), en mettant en lumière leurs habitudes de table qu’il juge peu raffinées.

En tant qu’observateur attentif de cette première rencontre entre les Japonais et les Européens, Bunshi adopte une perspective à la fois curieuse et prudente, nourrie par son érudition et son souci historique.

Perception des étrangers : Entre curiosité et jugement culturel

Il note, avec une subtile critique, que ces étrangers « boivent sans s’échanger leurs coupes de saké et mangent avec les doigts », un comble !

Cette remarque sur leurs manières rustiques illustre le contraste frappant entre les coutumes japonaises beaucoup plus marquées par la politesse et la retenue que celles de ces marchands étrangers.

Pour Bunshi, ce détail n’est pas anodin : il permet de souligner la place des Portugais dans l’ordre international de l’Asie orientale, perçus comme des « outsiders » culturels. Néanmoins, malgré ces différences, l’auteur ne manifeste pas de rejet total, mais exprime plutôt une curiosité prudente.

L’introduction des armes à feu : Un tournant historique

Bien que Nanpo Bunshi soit attentif aux aspects culturels de cette rencontre, c’est surtout l’introduction des armes à feu, ou teppô, qui constitue le cœur de son récit.

La fascination de l’auteur pour ces nouvelles technologies s’explique par le contexte de guerre civile qui secouait le Japon à cette époque, une période connue sous le nom de Sengoku (Période des Royaumes combattants). Dans un pays divisé entre divers seigneurs en conflit, les armes à feu allaient rapidement jouer un rôle déterminant dans l’évolution des stratégies militaires.

Bunshi décrit avec soin le mousquet que les marchands portugais avaient apporté, soulignant ses capacités destructrices et sa précision, qui impressionnèrent particulièrement les seigneurs locaux.

Cette innovation militaire marqua un tournant dans la manière de mener la guerre, et Bunshi se fait ici le chroniqueur d’un moment décisif de l’histoire japonaise, anticipant l’importance que prendrait cette arme dans les conflits à venir.

L’approche historique rigoureuse de Nanpo Bunshi

En tant que moine zen et lettré confucéen, Nanpo Bunshi applique une méthode historique rigoureuse dans la rédaction de son œuvre.

Il s’appuie sur les archives de la famille seigneuriale de Tanegashima, cherchant à retracer avec exactitude les événements entourant l’arrivée des Portugais et l’introduction des teppô au Japon.

Bunshi ne se contente pas d’un simple récit anecdotique : il cherche à inscrire cet événement dans une histoire plus large, celle de l’évolution technologique et militaire du Japon.

Le rôle de Tanegashima Tokitaka

Bien que le Teppô-ki soit devenu une source historique majeure sur les premiers contacts entre Japonais et Européens, Bunshi écrit avant tout d’un point de vue local.

Il met particulièrement en lumière le rôle de Tanegashima Tokitaka, le seigneur de l’île, dans l’accueil des Portugais et la diffusion des armes à feu au Japon.

Tokitaka, décrit par Bunshi comme un homme visionnaire, comprend immédiatement l’importance stratégique des mousquets et en fait l’acquisition pour en étudier la fabrication.

Grâce à l’initiative de Tokitaka, les forgerons locaux de Tanegashima parviennent à reproduire ces armes, permettant ainsi leur diffusion rapide à travers tout le pays.

Bunshi souligne la détermination de Tokitaka, qui voit dans le mousquet non seulement un moyen de défense, mais aussi un outil de transformation militaire capable de modifier l’équilibre des forces au Japon.

Jusqu’à aujourd’hui l’œuvre de Nanpo Bunshi, Teppô-ki, constitue un document précieux non seulement pour comprendre l’arrivée des Portugais au Japon, mais aussi pour saisir l’importance de cet événement dans le contexte historique et militaire de l’époque.

Ce récit met ainsi en valeur la capacité ancienne des Japonais à adopter, adapter et perfectionner une technologie étrangère pour en faire un instrument de puissance nationale.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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