🌏 Japon : Moins d’humains = plus de nature ?

Le Japon n’offre pas une réponse simple, mais un avertissement : le futur écologique ne dépend pas tant de combien nous sommes.

Moins d’humains = plus de nature ?

Dans un monde où les populations de vertébrés ont chuté de 73 % en 50 ans, selon le Living Planet Report, l’idée « moins d’humains = plus de nature » paraît presque évidente.

Et pourtant, le Japon, pays riche, densément urbanisé, en plein déclin démographique, offre un contre-exemple.

Japon, laboratoire naturel du dépeuplement

Depuis le pic démographique des années 2000, le Japon perd environ 900 000 habitants par an. Si cette tendance se poursuit, le pays comptera 30 % de citoyens en moins d’ici 2070, avec un vieillissement massif de la population.

Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones rurales, où les villages se vident, les rizières s’abandonnent, et les maisons deviennent des akiya, ces logements vacants qui s’accumulent aux quatre coins du pays. Mais ce retrait humain n’a pas donné lieu à un retour triomphal de la nature. Pourquoi ?

Biodiversité : pas de retour spontané

Des chercheurs japonais et britanniques ont mené une étude de grande ampleur sur 158 sites ruraux, boisés et périurbains. Ils y ont suivi des centaines d’espèces pendant plusieurs années. Le résultat est contre-intuitif : la biodiversité continue de chuter, même là où la population humaine baisse.

Les espèces les plus touchées sont les grenouilles et lucioles, dépendantes des milieux humides et des pratiques agricoles traditionnelles. Seules les zones où la population reste stable et où les usages agricoles sont maintenus présentent une certaine stabilité écologique.

Le piège de l’abandon non géré

Contrairement à l’évacuation rapide et totale de la zone de Tchernobyl, le déclin démographique japonais est lent, diffus, et non accompagné de politiques de renaturation. Résultat : les paysages deviennent morcelés, où se côtoient béton, friches abandonnées et monocultures mécanisées.

Les satoyama, ces paysages agricoles et forestiers façonnés par des siècles de pratiques humaines, s’effacent. Or, ce sont précisément ces milieux semi-naturels, entretenus avec soin, qui abritaient une grande diversité d’espèces.

L’abandon des terres ne crée pas un écosystème sauvage, mais un entre-deux : une banalisation du vivant.

L’inertie de l’infrastructure et le poids du béton

Le béton ne disparaît pas avec les habitants. Au contraire, la construction continue, portée par des stratégies locales de relance. Routes, lotissements, zones commerciales apparaissent encore dans des zones où la population baisse. Les terrains vacants, souvent en friche, ne sont pas réinvestis par la biodiversité, mais restent inutilisés, en attente ou bloqués par des questions juridiques complexes.

Ces « trous noirs » de l’aménagement, ni naturels ni urbanisés, deviennent peu propices au vivant. Ils sont dominés par des espèces envahissantes, graminées, bambous, ou ronces.

Une étude de 2014 a montré que même des baisses démographiques massives n’auraient qu’un effet limité à court terme sur la pression écologique mondiale. Pourquoi ? Parce que tout dépend de la consommation par individu, de l’énergie utilisée, et de la manière dont on occupe l’espace.

L’exemple japonais confirme que sans politique active de reconversion écologique, la simple baisse du nombre d’habitants ne suffit pas. Pire, elle peut aggraver certains déséquilibres : fragmentation des habitats, artificialisation diffuse, intensification de l’agriculture là où elle reste rentable.

Plusieurs dizaines de pays sont sur la voie du déclin démographique d’ici 2050. L’expérience japonaise les invite à ne pas croire au mythe d’un retour spontané de la biodiversité.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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