🚨 Japon : Boom du tourisme sexuel

Le Japon fait face à une montée du tourisme sexuel, particulièrement visible dans le quartier de Kabukicho à Tokyo.

 Japon tourisme sexuel

Dans un contexte économique difficile où des réseaux exploitent des zones grises de la loi anti-prostitution, comment l’industrie du tourisme sexuel évolue-t-elle au Japon, quels défis sociaux et juridiques pose-t-elle ?

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Cet article analyse les caractéristiques uniques de ce marché au Japon et les réponses actuelles des autorités à ce boom du tourisme sexuel au Japon.

Évolution et contexte historique du tourisme sexuel au Japon

Le tourisme sexuel au Japon ne date pas d’hier, mais il a évolué avec le temps et les technologies, intégrant de nouvelles pratiques et créant de nouveaux marchés.

Dans les années 1980, des lieux de rencontre tarifée comme les « Date clubs » et « Telephone clubs » offraient un certain anonymat et répondaient à une demande croissante pour des relations discrètes et sans engagement. Plus récemment, avec l’essor d’internet et des réseaux sociaux, de nouvelles formes de rencontres rémunérées sont apparues.

Parmi elles, le papakatsu, où de jeunes femmes acceptent de la compagnie rémunérée d’hommes plus âgés, sans impliquer nécessairement des services sexuels explicites.

La pandémie a également accéléré la tendance : beaucoup de jeunes femmes, confrontées à des difficultés économiques, ont commencé à explorer ces options pour faire face à leurs dettes ou maintenir un niveau de vie élevé.

Kabukicho devient une destination de « loisirs nocturnes » pour les touristes étrangers, alimentée par la faiblesse du yen et le marketing des réseaux sociaux. Des figures publiques alertent sur les conséquences internationales de cette situation.

Caractéristiques spécifiques du tourisme sexuel au Japon

Le marché du sexe au Japon se distingue par sa grande diversité de services et ses pratiques qui exploitent des zones grises de la loi anti-prostitution.

L’évolution de ces pratiques montre la créativité du secteur, mais aussi les limites d’une législation souvent dépassée.

Diversité des services offerts

Le Japon se distingue par un éventail de services de divertissement pour adultes, chacun ayant ses spécificités et attirant des clientèles variées :

  • Bars d’hôtesses et clubs d’hôtes : Ici, les femmes et hommes divertissent les clients par la conversation et la compagnie, sans services sexuels explicites. Cette distinction permet à ces établissements de contourner les lois anti-prostitution.
  • Soaplands et salons de massage : Ces établissements offrent des services qui peuvent inclure des contacts intimes, se positionnant dans une zone grise légale en évitant le commerce direct de relations sexuelles.
  • Services d’escortes de luxe : Certains services d’escortes, particulièrement onéreux, ciblent une clientèle plus aisée et facturent jusqu’à 400 euros de l’heure pour une prestation de compagnie.

Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle croissant dans le développement de ces pratiques, rendant les échanges plus accessibles et les recrutements plus rapides.

Des plateformes comme Twitter ou Instagram permettent aux jeunes femmes de recruter des clients, d’échanger sur leurs conditions et de rester en contact avec leurs clients réguliers.

Quant aux sites de rencontres ils facilitent aussi les connexions directes entre les clients et les prestataires, permettant à certains de contourner la réglementation et de s’affranchir des intermédiaires.

Facteurs sociaux et vulnérabilités

Plusieurs facteurs sociaux spécifiques à la société japonaise contribuent à l’expansion de ce marché et augmentent les vulnérabilités des femmes impliquées.

  • Absence d’éducation sexuelle : Les jeunes au Japon manquent souvent d’éducation sexuelle formelle, ce qui peut les exposer davantage aux risques d’exploitation.
  • Pression sociale et isolement : Le modèle de société centré sur le travail crée un vide émotionnel pour certains, qui cherchent à combler ce manque par le biais de relations tarifées.
  • Idéalisation du luxe : Les clubs d’hôtes et les bars d’hôtesses incarnent un mode de vie où le luxe et les apparences sont valorisés, attirant des jeunes femmes vers ce milieu pour y obtenir un sentiment de valorisation ou une reconnaissance sociale.

Une législation inadéquate et des failles juridiques

La loi anti-prostitution japonaise interdit le commerce sexuel, mais uniquement en ce qui concerne la pénétration. Les services érotiques autour de cette pratique restent légaux et ne sont donc pas couverts par la loi. Cette situation crée une zone grise où les acheteurs de services sexuels échappent aux sanctions tandis que les femmes sont pénalisées.

Le modèle juridique actuel, qui se concentre sur la pénalisation des vendeuses plutôt que des acheteurs, rend difficile la poursuite des clients violents. Plusieurs associations plaident pour une approche inspirée du « modèle nordique », qui pénalise les acheteurs et protège les travailleuses du sexe, leur permettant ainsi de dénoncer les abus sans crainte de répercussions légales.

Les réponses des autorités nippones

Le tourisme sexuel présente des risques significatifs pour les travailleuses et travailleurs du sexe au Japon, qu’il s’agisse de violence physique, d’exploitation économique ou de santé.

Les cas de traite des êtres humains et d’exploitation sexuelle sont fréquents, et des incidents violents ont suscité de vives inquiétudes, comme dans l’affaire du tueur de Zama en 2017, où un tueur en série avait ciblé des jeunes femmes rencontrées via des réseaux sociaux.

La police signale également des risques d’extorsion et d’agressions contre ces femmes, souvent sans recours légal, car le signalement d’une agression expose souvent la victime à une potentielle arrestation pour prostitution.

Consciente de la gravité de la situation, la police japonaise a intensifié la surveillance des réseaux sociaux pour prévenir l’exploitation des mineures, tout en renforçant les programmes de sensibilisation. Néanmoins, des critiques pointent le manque de soutien pour les victimes d’agression, souvent laissées à elles-mêmes et exposées à des représailles.

Pour remédier aux lacunes actuelles, certains politiciens et associations de soutien proposent d’adopter le modèle nordique, qui pénalise les clients et non les vendeurs de services sexuels. Cette approche pourrait permettre aux femmes d’accéder plus facilement à la justice en cas d’abus, tout en limitant la demande pour ces services.

Le phénomène du tourisme sexuel au Japon révèle un problème structurel qui repose sur des facteurs culturels, sociaux et économiques. La diversité des services offerts et l’utilisation des réseaux sociaux pour le recrutement montrent les difficultés pour les autorités de réguler efficacement ce marché.

Les retombées de ce problème sur l’image du Japon sont inquiétantes. Dans les années passées, les Japonais étaient souvent critiqués pour leur tourisme sexuel en Asie du Sud-Est et aujourd’hui la tendance s’est inversée.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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