Le phénomène des « Bocchi » ou solitaires au Japon est devenu un véritable mode de vie pour de nombreux Japonais.
Le phénomène du bocchi (ぼっち), ou culture des solitaires, gagne en popularité au Japon. Cependant, cette tendance pourrait-elle cacher un problème plus profond d’isolement social ?
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Au Japon, vivre et manger seul est une pratique commune. Des restaurants offrent des espaces individuels pour ceux qui souhaitent dîner en silence.
Qu’est-ce que la Bocchi Culture ?
Le terme bocchi est une abréviation de hitoribocchi, composé de hitori (une personne) et de bocchi, dont l’origine viendrait de houshi (moine bouddhiste). Si ces racines peuvent évoquer des connotations zen, le mot actuel renvoie à une solitude plus triste. Être « bocchi » signifie souvent être seul, et cela peut être exprimé de manière humoristique ou autocritique.
Par exemple, le terme kuribocchi (kuri étant une abréviation de kurisumasu, Noël) est utilisé par les célibataires au Japon qui se retrouvent sans partenaire durant les fêtes, un moment perçu comme romantique dans le pays.
D’autres expressions dérivées incluent bocchi nomi (boire seul) ou bocchi meshi (manger seul)…
En effet cette culture de l’isolement est renforcée par des formes de divertissement qui substituent les interactions sociales réelles par des alternatives payantes ou virtuelles. Les cafés manga, les jeux de simulation amoureuse, ou encore les bars à hôtesses sont différentes exemples de cette tendance.
Cependant, la normalisation de la solitude pourrait accentuer l’isolement pour ceux qui ne sont pas naturellement sociables, un phénomène exacerbé ces dernières années.
Le phénomène des kodokushi (morts solitaires) parmi les personnes âgées, avec environ 68 000 cas chaque année, en est un triste exemple. En réponse, le Japon a même nommé en 2021 un Ministre de la Solitude pour s’attaquer à ce problème croissant.
Bien que la solitude puisse être choisie et appréciée, l’isolement involontaire est une réalité préoccupante. Le Japon est confronté à une crise de la solitude touchant jusqu’à 40 % de la population, avec plus d’un million de personnes en retrait social complet.
L’isolement des étrangers au Japon
Les étrangers au Japon, confrontés à des barrières linguistiques et culturelles, peuvent aussi tomber dans le mode de vie bocchi. Pour ceux qui n’ont pas un réseau social solide, la vie quotidienne peut devenir solitaire, que ce soit dans des zones rurales ou dans des villes où les infrastructures encouragent la vie en solo.
Si des options comme la colocation ou les échanges linguistiques existent, certains préfèrent s’intégrer dans la culture bocchi, notamment parce que de nombreux Japonais se trouvent dans la même situation.
Cependant, tous ceux qui choisissent de vivre seuls ne se sentent pas nécessairement isolés. Certains aspects de la culture bocchi, comme le bocchi kyanpu (camping en solitaire), sont perçus positivement, offrant une évasion dans la nature et une expérience de solitude choisie. L’émission documentaire Hiroshi no Bocchi Kyanpu a d’ailleurs contribué à la popularisation de cette activité.
Si faire du bocchi karaoke ou du bocchi ramen peut être agréable, il existe une frontière subtile entre profiter de moments solitaires et sombrer dans un isolement dangereux. Il est important de reconnaître la différence entre une solitude bénéfique et un isolement nuisible.
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