Au Japon, le grave phénomène de l’oshikatsu (推し活) connaît une popularité parfois assez noire et sans précédent.
Derrière cet engouement qui désigne l’ensemble des activités liées au soutien et à l’admiration d’une personne ou d’un personnage célèbre se cache une réalité plus complexe : pour certains fans, soutenir leur oshi (推し) – leur star favorite – peut devenir un lourd fardeau financier ou encore émotionnel.
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Décryptons ensemble les facettes de ce phénomène nippon et ses impacts.
🎤 Qu’est-ce que l’Oshikatsu ? Une Passion Économique
L’oshikatsu, qui signifie littéralement « activités pour soutenir son favori », trouve ses racines dans les années 1980 avec l’essor des idoles japonaises.
Le mot est composé de « oshi » (推し), qui signifie « favori » ou « celui que l’on soutient », et « katsu » (活), qui se traduit par « activité ».
Cette pratique consiste principalement à acheter des produits dérivés, assister à des concerts et participer à des événements dédiés à une célébrité, qu’il s’agisse d’un chanteur, d’une idole virtuelle comme Hatsune Miku, ou même d’un personnage d’anime ou de manga.
Si l’oshikatsu a longtemps été perçu comme un phénomène réservé aux jeunes, il touche aujourd’hui toutes les générations.
Fait intéressant, les générations plus âgées préfèrent soutenir des chanteurs ou musiciens, tandis que les jeunes générations plébiscitent davantage les idoles et personnages d’anime.
💸 Le Poids Financier : Quand Soutenir Devient un Sacrifice
Si l’oshikatsu est une passion pour beaucoup, elle peut rapidement se transformer en fardeau financier.
Selon une enquête menée par le magazine économique Toyo Keizai, presque 50 % des fans dans la vingtaine jugent que leur passion affecte leur budget. Ces derniers dépensent principalement pour :
- Les produits dérivés (figurines, CD, vêtements, etc.).
- Les frais d’événements (billets de concerts, meet-ups).
Et concernant les adolescentes, le rapport Hakuhodo révèle que la moitié de leur revenu disponible est souvent consacrée à leurs oshis, en particulier aux idoles underground ou aux cafés conceptuels masculins.
🌀 Oshikatsu et Addiction : Où Est la Limite ?
Au-delà de l’aspect financier, les implications psychologiques de l’oshikatsu préoccupent les experts. Le psychiatre Nishimura Kotaro assimile ce phénomène à une dépendance relationnelle, comparable à l’addiction à l’alcool ou au jeu.
L’attachement émotionnel notamment envers un idol peut engendrer des déséquilibres dans la vie personnelle des fans. Ces derniers priorisent parfois leur oshi au détriment de leurs relations réelles et de leurs responsabilités. Ce phénomène est exacerbé par la nature transactionnelle de ces relations : les fans investissent temps, argent et émotions pour recevoir une forme de reconnaissance souvent superficielle.
Pour certains, l’oshikatsu engendre même des tensions familiales, des priorités inversées (par exemple, délaisser les études), et une perte de liens sociaux.
Face à cette problématique, certaines institutions japonaises proposent des programmes de désintoxication, visant à aider les fans à retrouver un équilibre.
L’oshikatsu illustre parfaitement la complexité des passions modernes, à la croisée des enjeux financiers, psychologiques et sociaux. Si ce phénomène apporte du réconfort et un sentiment de communauté, il soulève également des préoccupations grandissantes pour ses fans les plus hardcores.
Et l’avenir de l’oshikatsu pourrait prendre un tournant encore plus inattendu avec l’émergence des idols virtuels boostés par l’intelligence artificielle où le virtuel et le réel s’entrelaceront de manière encore plus intime.
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