Derrière une image de « grand-père de la nation », se cache une figure de gouvernant bien plus complexe et controversée.
Tokugawa Ieyasu est reconnu comme l’un des « Grands Unificateurs » du Japon, aux côtés de Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi. Ensemble, ils ont mis fin à la période tumultueuse des guerres civiles.
Et si l’héritage de Tokugawa Ieyasu est indéniable, les moyens qu’il a employés et son règne répressif laissent une empreinte moins glorieuse dans l’imaginaire collectif japonais.
🤔 Pourquoi Tokugawa Ieyasu est-il souvent Détesté au Japon ?
Malgré ses succès politiques, Tokugawa Ieyasu est loin d’être une figure unanimement respectée au Japon comme vous le lirez dans cet article.
Plusieurs aspects de son règne et de ses actions suscitent des critiques, en bref :
- Trahison : Ieyasu est souvent perçu comme un opportuniste, trahissant ses alliés quand cela servait ses intérêts. Il a notamment brisé ses serments envers la famille Toyotomi après la mort de Hideyoshi.
- Cruauté : Les exécutions massives après ses victoires et l’élimination systématique de ses rivaux ont marqué son règne d’une cruauté sans pitié.
- Oppression : Le système de castes rigide imposé par les Tokugawa a figé la société japonaise pendant plus de deux siècles, limitant les libertés individuelles et entravant le développement social.
- Manipulation : Ses habiletés politiques, souvent qualifiées de stratégie brillante, sont aussi vues comme de la fourberie, notamment sa capacité à retourner ses ennemis les uns contre les autres.
🔀 Un Parcours Semé d’Intrigues et de Trahisons
Né en 1543 dans une époque de guerre féodale incessante, Ieyasu, alors appelé Matsudaira Motoyasu, a su gravir les échelons du pouvoir en naviguant habilement dans les eaux troubles des alliances politiques.
Sa première grande manœuvre fut son alliance avec Oda Nobunaga, un seigneur de guerre redoutable qui l’aidait à renforcer sa position. En s’associant avec Nobunaga, Ieyasu a consolidé son pouvoir et commencé à éliminer ses rivaux régionaux.
Cependant, le jeu politique ne s’arrêtait jamais. Après l’assassinat de Nobunaga en 1582, Ieyasu noua une nouvelle alliance avec Toyotomi Hideyoshi, qui succéda à Nobunaga en tant que maître du Japon. Mais cette alliance était avant tout une façade. Ieyasu attendait son moment pour trahir la famille Toyotomi, et cette trahison ne tarda pas à venir après la mort de Hideyoshi.
🩸 La Bataille de Sekigahara : Un Tournant Sanglant
Le véritable tournant dans la quête de pouvoir d’Ieyasu survint lors de la célèbre bataille de Sekigahara en 1600.
Cet affrontement décisif contre les loyalistes de Toyotomi marqua la victoire d’Ieyasu et l’ascension des Tokugawa au pouvoir. Cette victoire, cependant, ne fut pas due uniquement à la supériorité militaire. Ieyasu avait habilement orchestré des trahisons et des retournements d’allégeance, comme celui de Kobayakawa Hideaki, qui changea de camp en pleine bataille, scellant ainsi la victoire d’Ieyasu.
Si cette victoire lui permit de devenir shogun 3 ans plus tard, elle est également vue comme un exemple du côté manipulateur et opportuniste d’Ieyasu, qui n’hésitait pas à sacrifier ses principes pour atteindre ses objectifs.
⚔️ Un Règne de Fer et de Répression
Une fois le pouvoir en main, Tokugawa Ieyasu s’assura qu’aucune opposition ne puisse émerger. Après sa victoire à Sekigahara, il captura et exécuta les officiers fidèles aux Toyotomi, exposant leurs têtes dans les rues de Kyoto pour envoyer un message clair : toute rébellion serait écrasée. Cet acte de cruauté symbolisait la politique répressive qui allait marquer le shogunat Tokugawa.
Ieyasu ne s’arrêta pas là. Même après avoir été nommé shogun en 1603, il continua à éliminer tous ceux qui pourraient menacer son règne. Le dernier grand bastion de résistance, le château d’Osaka, tomba en 1614, marquant la fin du clan Toyotomi et la consolidation du pouvoir des Tokugawa. Hideyori, le fils de Hideyoshi, fut forcé au suicide, achevant ainsi la lignée Toyotomi et assurant à Ieyasu un règne sans opposition.
🚪 Un Système de Contrôle et d’Oppression
Bien que le shogunat Tokugawa ait apporté plus de deux siècles de paix, cette stabilité fut obtenue au prix d’un contrôle strict de la société japonaise.
Le système mis en place par Ieyasu, connu sous le nom de bakuhan-taisei, divisait le pays en domaines féodaux contrôlés par des seigneurs loyaux au shogun. Ce système, tout en garantissant la stabilité politique, imposait une hiérarchie sociale rigide qui figera le Japon pour les générations à venir.
De plus, Ieyasu imposa une politique d’isolement international, coupant le Japon du reste du monde pendant plus de deux siècles. Cet isolement, bien qu’il ait permis d’éviter les influences étrangères, entraîna également un retard technologique et culturel par rapport aux autres grandes puissances mondiales.
🏯 Un Héritage Ambivalent
Aujourd’hui, Tokugawa Ieyasu est une figure qui divise. D’un côté, il est reconnu pour avoir mis fin aux guerres civiles et apporté une longue période de paix et de prospérité.
D’un autre côté, il est perçu comme un tyran, dont la soif de pouvoir et les méthodes brutales ont réprimé la liberté et la créativité de la société japonaise.
Aujourd’hui la perception de Tokugawa Ieyasu varie selon les régions du Japon. Dans les zones qui ont historiquement bénéficié du règne Tokugawa, comme Edo (l’actuelle Tokyo), son héritage est souvent vu de manière plus favorable.
En revanche, dans d’autres régions, notamment celles qui ont souffert sous la domination stricte du shogunat, les opinions peuvent être plus critiques.
Le paradoxe de son héritage persiste dans la dualité : unificateur ou oppresseur, héros ou manipulateur ? Peut être un peu de tout en même temps…
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