📸 Purikura : le selfie japonais à l’ancienne

Découverte de ce phénomène japonais, souvent méconnu en dehors de l’archipel, mais ô combien influent.

Purikura

Vous pensez que le selfie est né avec les smartphones ?

Détrompez-vous.

Bien avant que nos poches ne débordent de pixels, le Japon avait déjà tout compris. Il y a trente ans, une simple cabine blanche illuminée au néon a révolutionné notre manière de capturer les souvenirs. Son nom : Purikura.

🗓️ Les grandes dates du purikura

AnnéeÉvénement marquant
1994–1995Sasaki Miho propose l’idée chez Atlus. Lancement du Print Club avec Sega.
1996Devient le jeu d’arcade le plus rentable du Japon.
1997Explosion médiatique grâce à SMAP. 45 000 cabines recensées.
Fin 90s–2000sArrivée des caméras frontales sur les téléphones japonais.
2007–2017Contraction du marché mais innovations côté cabine.
2025Le purikura perdure comme expérience sociale rétro-futuriste.

🌀 Des stickers, des cœurs et une idée de génie

Tout commence au milieu des années 1990. Sasaki Miho, employée chez Atlus, a une idée lumineuse : créer une cabine photo qui imprime des clichés… en autocollants personnalisables. Une idée inspirée par la mode des stickers chez les lycéennes japonaises.

Recalée dans un premier temps, l’idée prend vie grâce à un partenariat avec Sega. En février 1995, la première cabine Print Club débarque dans les game centers japonais. Le succès est fulgurant : en un an, le purikura devient le jeu d’arcade le plus rentable du pays.

À ce moment-là, personne ne se doute encore que ces petites photos kawaï changeront pour toujours notre manière de nous prendre en photo.

🌸 De phénomène d’ado à star de la pop culture

Le purikura sort vite des arcades pour conquérir gares, fast-foods et karaokés. Le coup de pouce ? L’émission télé d’un boys band ultra populaire, SMAP, qui met la cabine en lumière. Résultat : en 1997, plus de 45 000 cabines sont réparties dans tout le Japon, avec Sega qui capte à lui seul la moitié du marché.

Le phénomène explose. Les adolescentes y vont en bande, griffonnent des messages, ajoutent des étoiles, des filtres, des paillettes. Très vite, les concurrents arrivent : SNK, Konami, chacun avec ses propres machines et ses options de customisation toujours plus folles.

Ce n’est plus une cabine photo. C’est un mini-studio interactif, un espace social, une vitrine de soi… et surtout, un terrain de jeu pour l’expression visuelle.

📱 Le purikura : précurseur du selfie 2.0

Vous pensiez que les filtres et stickers d’Instagram ou Snapchat sont une invention récente ? Faux ! Tout cela existait déjà dans les années 90, dans les cabines purikura. On y ajoutait du texte, des autocollants, on embellissait le visage, on jouait avec l’image.

Le succès est tel que les constructeurs de téléphones japonais commencent à intégrer des caméras frontales à leurs modèles dès la fin des années 1990. Objectif ? Permettre aux jeunes de « faire du purikura » sans cabine.

Le smartphone n’a pas inventé le selfie : il a simplement prolongé et démocratisé une pratique née dans une boîte à néons.

💄 Un business en déclin, mais une culture bien vivante

Avec le temps, le marché purikura ralentit. Le Japon vieillit, les smartphones prennent le relais, et le chiffre d’affaires passe de 30,7 milliards de yens (2007) à 22 milliards (2017). Pourtant, la cabine n’a pas dit son dernier mot.

Les modèles modernes – souvent signés Furyu – sont de véritables petits salons de beauté : anneaux lumineux, retouches automatiques, fond personnalisable, découpe en cartes, impression immédiate. Et dans les quartiers jeunes de Tokyo comme Harajuku ou Shibuya, certaines galeries dédiées au purikura font encore le plein chaque week-end.

En 2025, aller faire un purikura, c’est plus qu’un souvenir. C’est un rituel social, une madeleine de Proust, et un espace safe où chacun peut jouer avec son image, sans jugement.

💬 Pourquoi ça nous touche encore aujourd’hui ?

Le purikura, c’est tout le contraire du selfie narcissique. C’est un souvenir créé à plusieurs, un objet qu’on colle dans un carnet, qu’on glisse dans sa coque de téléphone, qu’on collectionne comme des polaroids numériques.

Et surtout, c’est un espace pensé par et pour les jeunes femmes, bien avant que la Silicon Valley ne comprenne l’importance de l’auto-représentation. Le purikura a imposé des codes, des couleurs, une esthétique – celle de la “cute-ture” japonaise – qui infuse encore aujourd’hui toutes nos applis photo.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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