Découvrons le quotidien et l’héritage de cette civilisation : vestiges archéologiques, croyances et artisanat d’exception.
De 14 000 av. J.-C. à 300 av. J.-C., l’ère Jōmon (縄文) voit émerger les premiers véritables habitants sédentaires de l’archipel.
Chasseurs-cueilleurs ingénieux, artistes inspirés et témoins de profondes mutations climatiques, les Jōmon nous ont légué des trésors culturels qui continuent de nourrir la fascination.
🌿 Un climat plus doux, des ressources abondantes
Après la dernière glaciation, le climat se réchauffe et transforme l’archipel en un véritable paradis pour les chasseurs-cueilleurs. Les forêts se densifient, les rivières regorgent de poissons et le gibier abonde. Ces conditions favorables permettent aux Jōmon d’établir des campements durables.
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Des amas de coquillages, appelés 貝塚 (kaizuka), témoignent de leur alimentation variée : coquillages, poissons, cerfs, sangliers, noix et fruits sauvages. Ces « poubelles » préhistoriques offrent de précieuses informations sur leur mode de vie et leurs techniques de préservation des aliments, comme le séchage et le fumage.
🏠 Les premiers sédentaires
Contrairement à l’image classique des peuples préhistoriques toujours en mouvement, les Jōmon développent une forme de sédentarité partielle. Ils construisent des maisons semi-enterrées, appelées 竪穴住居 (tateana jūkyo), qui offrent protection contre le froid et les intempéries.
Des traces de stockage de nourriture ont été retrouvées, notamment dans la région de Tōhoku, montrant une gestion réfléchie des ressources. Ainsi, plutôt que de simplement suivre le gibier, les Jōmon s’adaptent à leur environnement et développent une organisation plus stable.
🔥 L’art des poteries et des figurines
S’ils ne connaissent ni la métallurgie ni l’agriculture intensive, les Jōmon excellent dans la céramique. Leurs célèbres 火焔土器 (kaen doki), ou « poteries flamboyantes », aux motifs en relief spectaculaires, sont parmi les plus anciennes poteries au monde.
Appartenant à la période Jōmon Moyenne (3 000 – 2 000 av. J.-C.), ces œuvres témoignent d’un sens esthétique avancé et d’une maîtrise technique impressionnante. Utilisées pour la cuisine ou des rituels, elles continuent d’influencer les artisans japonais d’aujourd’hui.
Autre trésor laissé par cette civilisation : les figurines en argile 土偶 (dōgu). Souvent féminines, parfois animales, elles intriguent encore les chercheurs.
- Sont-elles des symboles de fertilité ?
- Jouaient-elles un rôle protecteur ?
- Servaient-elles lors de rituels spirituels ?
Sur le site de Sannai-Maruyama, dans la préfecture d’Aomori, de nombreux fragments de dōgu ont été retrouvés, suggérant des pratiques collectives où elles étaient utilisées puis volontairement brisées.
⚰️ Rites funéraires et organisation sociale
La structure sociale des Jōmon reste mystérieuse. Leurs sépultures révèlent cependant un respect particulier pour les défunts. Certains corps sont enterrés avec des poteries ou des pendentifs 勾玉 (magatama), de petites perles en forme de virgule, souvent en jade.
Cependant, contrairement à d’autres civilisations contemporaines, aucune trace de hiérarchie stricte ou de chefferie puissante n’a été identifiée. L’organisation sociale des Jōmon semble plus égalitaire, fondée sur des liens communautaires et des rites collectifs.
Vers 300 av. J.-C., l’archipel connaît de profonds bouleversements avec l’introduction de l’agriculture du riz irrigué et de la métallurgie depuis la péninsule coréenne. C’est le début de l’ère 弥生 (Yayoi).
Mais plutôt qu’une disparition brutale, les recherches montrent un métissage culturel progressif. Des études ADN menées par l’université de Tokyo ont mis en évidence un lien entre les anciens Jōmon et les Aïnous d’Hokkaidō, preuve que leur héritage perdure encore aujourd’hui.
Aujourd’hui l’ère Jōmon n’est plus seulement l’affaire des archéologues. Ses poteries, figurines et sites historiques, comme Sannai-Maruyama, sont aujourd’hui protégés par l’UNESCO.
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