Le masque est devenu un symbole de confort, de sécurité et d’identité pour une jeune génération japonaise en difficulté.

Dans un Japon post-pandémie, alors que le monde entier a remisé ses masques au placard, une partie de la jeunesse japonaise continue de les porter. Mais cette fois, ce n’est plus (seulement) pour se protéger des virus.
💬De la norme sanitaire à l’accessoire identitaire
Historiquement, le port du masque au Japon ne date pas du COVID-19. Déjà en 1918, lors de la grippe espagnole, les Japonais portaient des masques pour se protéger. Depuis, c’est devenu une habitude culturelle, notamment en cas de rhume, d’allergies ou pour éviter de contaminer les autres. Pendant la pandémie, cette pratique s’est généralisée sans heurts.
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Mais aujourd’hui, selon une étude de Cross Marketing publiée en 2025, 56,8 % des Japonais continuent de porter régulièrement un masque, même si la menace sanitaire s’est atténuée. Les raisons évoquées sont multiples : se rendre à l’hôpital (53,6 %), avoir un rhume (44,3 %), prendre les transports en commun (42,7 %) ou éviter les virus saisonniers (42,6 %).
🙈 Le masque comme refuge émotionnel
Mais chez les jeunes, une autre motivation émerge : le masque est devenu un bouclier émotionnel. Une enquête de Yahoo! News Japan révèle que de nombreux étudiants en université continuent de se masquer, non pas par peur du virus, mais par gêne de montrer leur visage.
Yajima Sari, étudiante, estime que 30 à 40 % de ses camarades portent encore le masque. Son ami Hatanaka Hisahiro confie qu’il se sent « gêné » de montrer son visage en public. Pour certains, le masque est devenu une seconde peau, un moyen de se cacher, de ne pas avoir à affronter le regard des autres ou de dissimuler ses émotions.
Ce phénomène est si répandu qu’il a inspiré des œuvres culturelles. Dans le manga « Goodbye Mask » (さよならマスク) de Hatsuki Nanako, l’héroïne lutte pour retirer son masque en public, symbolisant une dépendance émotionnelle à cet accessoire.
🧠 Une dépendance psychologique ?
Cette « dépendance au masque » soulève des questions. Selon une étude publiée dans Behavioral Sciences, 83,7 % des Japonais déclaraient porter régulièrement un masque même après l’assouplissement des recommandations gouvernementales. La principale motivation ? Le respect des normes sociales.
Pour certains jeunes, le masque est devenu un moyen de gérer leur anxiété sociale, de se protéger du jugement des autres ou de masquer des complexes physiques. Il est aussi utilisé pour éviter les interactions sociales non désirées ou pour se sentir plus en sécurité dans l’espace public.
Alors que le monde s’efforce de tourner la page de la pandémie, le Japon, et en particulier sa jeunesse, semble avoir intégré le masque comme un élément de son quotidien, au-delà de la simple protection sanitaire.
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