Une chose est sûre : la voix d’Utada ne se limite pas aux refrains. Elle fait aussi écho aux espoirs de toute une génération.

Et ce n’est pas une surprise que ce soit Hikaru Utada – la voix inoubliable de First Love et Automatic – qui prenne le micro, non pas seulement pour chanter, mais pour faire passer un message.
Dans leur dernier titre, Mine or Yours, la chanteuse n’hésite pas à toucher un sujet qui fâche : le droit pour les femmes japonaises mariées de garder leur nom de naissance.
✊ Un refrain qui bouscule
Dans cette chanson dévoilée en intégralité le 2 mai – après avoir teasé dans une pub de thé Ayataka – une phrase en particulier a mis le feu aux réseaux sociaux :
「令和何年になったらこの国で 夫婦別姓OKされるんだろう」
“Je me demande en quelle année de l’ère Reiwa ce pays acceptera enfin les noms de famille séparés pour les couples mariés.”
Traduction : Coucou, la loi date de 1898, on évolue quand ?
👰♀️🤵♂️ Une loi d’un autre temps ?
Petit flashback : au Japon, la loi impose qu’un couple marié partage le même nom de famille. Et devinez qui change le plus souvent de nom ? Spoiler : ce n’est pas monsieur. Résultat, des milliers de femmes doivent renoncer à leur identité de naissance à chaque mariage.
Même si les sondages montrent un soutien massif du public pour une réforme, les conservateurs du Parti Libéral-Démocrate (LDP) bloquent. Leur argument ? “Ça va embrouiller les enfants” et “menacer la famille traditionnelle”. Sérieusement.
Les réactions n’ont pas tardé : certains internautes de droite sur X (ex-Twitter) ont accusé Utada de ne “pas avoir leur mot à dire” – notamment parce qu’iels sont né·e·s aux États-Unis et vivent actuellement à Londres.
Mais l’argument de la “légitimité” fait pâle figure. Hikaru Utada écrit, chante et parle pour un public japonais. Iels ont déjà mentionné leur participation au vote – preuve d’un engagement citoyen, même en dehors des frontières.
Et évidemment, le fameux “les artistes doivent rester en dehors de la politique” a refait surface. Un internaute est même allé jusqu’à comparer le droit au nom de jeune fille au… communisme. Oui, oui.
🧠 Artiste engagé·e, personne publique
Ce n’est pas la première fois que Utada prend position. En 2021, iels ont publiquement annoncé être non-binaire, devenant l’une des rares grandes figures japonaises à le faire. Un geste fort dans un pays où les discussions sur le genre et l’identité sont encore trop souvent taboues.
Alors, est-ce que ça va leur coûter cher ? Peu probable. Avec une carrière qui s’étend sur plus de deux décennies, des millions d’albums vendus, et un statut d’icône quasi inébranlable, Hikaru Utada n’a plus besoin de plaire à tout le monde pour exister.
Mais ce que leur geste prouve, c’est qu’un·e artiste peut – et peut-être doit – utiliser sa plateforme pour faire évoluer les mentalités. Et dans un Japon qui bouge lentement sur les questions d’égalité, chaque mot compte.
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