Imaginez-vous déambuler dans les rues de Paris avec ce clac-clac singulier qui attire les regards et impose une présence.
Si vous avez déjà arpenté un matsuri (festival japonais), vos oreilles ont sûrement entendu ce petit bruit sec et rythmique : celui des geta (下駄). Ces sandales en bois transforment chaque pas en percussion et incarnent une véritable signature sonore du Japon.
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Longtemps portées au quotidien, elles sont devenues à la fois symbole spirituel, marqueur social et aujourd’hui source d’inspiration pour la mode contemporaine.
🪵 Qu’est-ce qu’une geta ?
Sous leur apparente simplicité se cache une grande ingéniosité. La geta se compose d’une semelle en bois appelée dai, d’une lanière en tissu, le hanao, qui se glisse entre les orteils, et bien souvent de deux blocs de bois, les ha, qui surélèvent la chaussure.
Ce système permettait autrefois de protéger les kimonos de la pluie et de la boue, tout en donnant à la silhouette plus d’élégance et en imposant une démarche unique, lente et assurée.
Même si certains modèles modernes remplacent le bois par du plastique ou optent pour des semelles ergonomiques, l’esprit reste le même : des lignes épurées, un claquement sec reconnaissable et l’impression de flotter légèrement au-dessus du sol.
🎎 Les geta comme carte d’identité sociale
Dans le Japon d’autrefois, la geta n’était pas qu’une sandale : elle révélait beaucoup de choses sur celui ou celle qui la portait.
Les geisha et les maiko affichaient leur rang grâce à la couleur et à la matière de leurs lanières, souvent en soie.
Les étudiants, de leur côté, privilégiaient des modèles massifs et solides, presque équivalents aux sneakers résistantes des campus actuels. Les oiran, courtisanes de haut rang, se distinguaient par leurs geta à trois dents, véritables podiums ambulants de plus de vingt centimètres de haut. Même les pratiquants d’arts martiaux utilisaient certaines formes pour développer leur équilibre et leur discipline.
Chaque bruit de pas, chaque hauteur, chaque matériau devenait un signe social, spirituel ou esthétique.
👘 Les différents styles de geta (et leur vibe en 2025)
La plus connue reste la geta classique à deux dents, sobre et efficace, encore associée aux yukata d’été et aux festivals ! Cependant la geta n’existe pas sous une seule forme, et son évolution au fil des siècles a donné naissance à une multitude de styles :
| Style de geta | Description | Ambiance / vibe actuelle |
|---|---|---|
| Geta classique (2 dents) | Le modèle sobre, porté avec yukata. | Nostalgie des festivals d’été. |
| Tengu-geta (1 dent) | Entre 9 et 18 cm, équilibre précaire. | De cosplay à entraînement martial, aura mystique. |
| Oiran-geta (3 dents) | Hautes, laquées, spectaculaires. | Performances artistiques, reconstitutions historiques. |
| Bankara-geta | Modèle étudiant du XXe siècle, brut. | Esthétique punk/workwear vintage. |
| Senryou-geta | Avant biseauté, symbole militaire. | Curiosité historique, geta “politique”. |
| Okobo | Gros bloc plein porté par les maiko. | Bruit sourd, élégance traditionnelle. |
| Pokkuri | Version enfant colorée. | Presque des jouets. |
| Ukon-geta | Moderne, confortable. | Portées aux mariages, design minimaliste. |
🔥 Les geta aujourd’hui : folklore ou revival stylé
Si elles ont quitté les trottoirs du quotidien, les geta n’ont pas disparu pour autant. Dans le monde du streetwear japonais, certains créateurs les réinventent avec des semelles Vibram ou des straps aux couleurs vives, mêlant tradition et sneaker culture.
Dans le sport et les arts martiaux, les tengu-geta reviennent comme outil d’entraînement pour travailler l’équilibre et renforcer les jambes.
Et bien sûr, dans les festivals d’été, elles restent incontournables : leur claquement régulier se mêle au parfum des takoyaki et aux explosions colorées des feux d’artifice.
Les geta séduisent parce qu’elles condensent un paradoxe typiquement japonais : à la fois archaïques et futuristes. Marcher avec elles, c’est ressentir le poids de plusieurs siècles d’histoire tout en transformant une simple marche en rituel. Elles obligent à ralentir, à poser chaque pas, à donner une intention particulière à son déplacement.
Là où les sneakers offrent le confort, les geta apportent le charme sonore, le symbolisme et l’élégance de la lenteur.
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