Découvrons cette maladie qui grimpe dans les statistiques depuis plus de dix ans, sans vraiment alerter l’opinion.

Alors que la fièvre SFTS (Syndrome Fébrile Transmis par les Tiques) fait régulièrement la Une au Japon, une autre menace, plus discrète mais bien réelle, gagne du terrain : la fièvre boutonneuse japonaise ou Japanese Spotted Fever (JSF).
Transmise par certaines tiques et causée par la bactérie Rickettsia japonica, elle se répand lentement mais sûrement sur l’archipel — et reste trop souvent méconnue, voire mal diagnostiquée.
🦠 JSF : une maladie infectieuse souvent confondue
La JSF est une rickettsiose provoquée par une bactérie transmise par des tiques dites « dures », principalement Haemaphysalis longicornis et H. flava. Elle se manifeste quelques jours après la morsure (2 à 8 jours), souvent par une triade clinique caractéristique :
- Fièvre élevée
- Éruption cutanée (maculo-papuleuse)
- Escarre noire (croûte) au site de morsure
À noter : les lésions sont plus visibles aux extrémités et les escarres plus petites que dans le typhus des broussailles (tsutsugamushi), souvent confondu avec la JSF.
Le souci ? Beaucoup de cas passent sous le radar, retardant le traitement… qui, pourtant, est simple et efficace.
Un front géographique qui s’élargit
La JSF a longtemps été cantonnée au sud-ouest du Japon, notamment dans les préfectures de Kōchi, Tokushima, Kagoshima, ou encore Miyazaki. Mais cette répartition change lentement : la maladie s’étend désormais vers l’Est, touchant de nouvelles régions.
Des chiffres récents confirment cette progression : environ 450 cas en 2022, près de 500 en 2023, et un record battu en 2024. L’augmentation n’est pas brutale, mais régulière et continue.
En 2023, un cas a été signalé à Toyama, dans la région de Hokuriku — une première. Ce type d’apparition dans des zones historiquement épargnées montre que la JSF ne se limite plus aux régions chaudes du Sud.
Préfectures à risque en 2025 (par grandes zones)
Région | Préfectures principales concernées |
---|---|
Shikoku | Kōchi, Tokushima |
Kyūshū | Kagoshima, Miyazaki, Kumamoto, Nagasaki, Saga |
Chūgoku/Kansai | Okayama, Hiroshima, Mie, Wakayama, Shimane |
Kantō | Chiba |
Zones émergentes | Toyama, cas rapporté précédemment au Niigata (côte mer du Japon) |
La zone de circulation des tiques infectées s’étend peu à peu, poussée par des facteurs écologiques et climatiques.
Pourquoi la JSF progresse (presque) sans qu’on en parle
Les raisons sont multiples, mais leur combinaison est redoutablement efficace.
D’abord, le climat : les hausses de température allongent les saisons de tiques, qui restent actives plus tard dans l’année. Certaines préfectures constatent des pics de cas à l’automne, voire en début d’hiver.
Ensuite, les changements écologiques. La multiplication des cerfs et sangliers, qui sont des hôtes pour les tiques, les rapproche des zones habitées. L’urbanisation morcelée et la régression des grands espaces boisés favorisent aussi les contacts entre humains et tiques.
Enfin, le sous-diagnostic. Une étude conduite à Nagasaki a révélé que 6 patients sur 10 atteints de JSF avaient d’abord reçu un mauvais diagnostic. Ce délai peut avoir des conséquences graves, surtout si le traitement est tardif.
À quoi ressemble la maladie ?
La JSF débute brutalement : fièvre élevée (jusqu’à 40 °C), maux de tête intenses, fatigue marquée. Ensuite surviennent l’éruption cutanée et l’escarre noire, souvent au niveau des jambes ou des bras. Les ganglions peuvent aussi être gonflés.
Dans la plupart des cas, l’évolution est favorable si le traitement est précoce. Mais des complications peuvent apparaître en cas de prise en charge tardive :
- troubles de la coagulation,
- atteintes neurologiques ou cardiaques,
- défaillances multiviscérales.
Le taux de mortalité reste bas (environ 1 %), mais peut tripler en cas de retard thérapeutique.
Le traitement : agir sans attendre
Face à une suspicion de JSF, il ne faut pas attendre les résultats des tests pour agir. Le traitement repose sur un antibiotique bien connu des cliniciens : la doxycycline, qui appartient à la famille des tétracyclines.
Ce médicament est efficace contre l’ensemble des rickettsioses, y compris la JSF. Il doit être administré dès les premiers signes cliniques, même en l’absence de confirmation biologique.
Le schéma de traitement varie selon les cas, mais il suit généralement ce principe :
- traitement pendant 5 à 7 jours, et au moins 3 jours après la disparition de la fièvre.
Les fluoroquinolones, parfois envisagées en combinaison, sont à éviter en dehors d’un protocole strict : leur usage pourrait nuire à l’efficacité du traitement.
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