L’abdication du trône au Japon, ou 譲位 (Jōi), désigne le transfert volontaire du pouvoir d’un monarque à son successeur.
Souvent liée à une succession héréditaire, cette pratique a marqué l’histoire de nombreuses civilisations, notamment en Asie de l’Est, où elle prend parfois le nom de juzen (accession par abdication).
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Revenons sur cette pratique, son fonctionnement, et ses implications dans l’histoire du Japon.
✨ Qu’est-ce que l’abdication au Japon ?
Contrairement à une simple transmission du pouvoir à une personne jugée compétente en dehors des règles héréditaires ou des coutumes, l’abdication implique une volonté claire du souverain.
Dans les cas où la succession se fait sans l’intention exprimée par le prédécesseur, on ne parle pas d’abdication mais de jozen (transfert pacifique du pouvoir).
Ainsi, l’abdication est à la fois une expression personnelle du monarque et une action ritualisée nécessitant des ressources considérables. Elle reflète souvent des choix politiques ou symboliques de l’empereur face aux circonstances de son règne.
Exemple : L’abdication de l’empereur Gomizunoo
Sous la période Edo, l’empereur Gomizunoo abdiqua en faveur de la princesse Okiko (plus tard connue sous le nom d’Empereur Meisho). Cette décision fut interprétée comme un acte de protestation contre les abus du shogunat Tokugawa, notamment après l’incident de Shie, qui affaiblissait l’autorité impériale.
💸 Les défis pratiques de l’abdication au Japon
Bien que la volonté d’un souverain soit essentielle, l’abdication ne se réalisait pas sans défis :
- Coût financier : L’organisation de la cérémonie d’abdication et la création d’une cour dédiée à l’empereur retiré représentaient des dépenses colossales.
- Contexte politique : Lorsque les finances ou le soutien politique manquaient, certains empereurs ne pouvaient abdiquer, même s’ils le souhaitaient.
Par exemple, durant la période Sengoku (période des États en guerre), trois empereurs – Gotsuchimikado, Gokashiwabara, et Gonara – moururent sur le trône faute de moyens pour organiser leur abdication.
En revanche, les empereurs qui parvenaient à abdiquer recevaient souvent le titre honorifique de Daijo Tenno (empereur retiré) et pouvaient parfois revenir sur le trône, un phénomène appelé choso (deuxième accession).
🔒 L’abdication dans le Japon moderne
Avec l’instauration de la Constitution de l’Empire du Japon en 1889, l’abdication fut strictement encadrée et, dans les faits, interdite :
- Article 10 de l’Ancienne Loi de la Maison Impériale (1889) : Le trône est automatiquement transmis au prince héritier à la mort de l’empereur.
- Article 4 de la Loi de la Maison Impériale (1947) : Cette règle fut réaffirmée sous l’occupation américaine après la Seconde Guerre mondiale.
Ces lois précisent un ordre de succession immuable, empêchant l’empereur de choisir librement son successeur. Ainsi, l’abdication volontaire, autrefois un acte courant dans l’histoire impériale japonaise, n’a plus sa place dans le cadre légal moderne.
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