Entres attentats à la bombe, guerre avec la police et détournements d’avions. L’Armée rouge japonaise a bouleversé le Japon et le monde.
L’Armée rouge japonaise (日本赤軍), JRA ou Brigade internationale anti-impérialiste est un groupe armé d’extrême gauche japonais fondé par Fusako Shigenobu sur les braises des mouvements sociaux de l’extrême gauche japonaise et de la Faction armée rouge.
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Sans état d’âmes, cette organisation devait devenir indépendante pour commettre ses crimes révolutionnaires odieux : meurtres politique, détournement d’avion, braquages, prises d’otages, pose de bombes…
Notez que les réalisateurs Wakamatsu Koji et Adachi Masao ont été proches de ces mouvements révolutionnaires et la plupart de leurs films s’inspirent plus ou moins directement de l’époque JRA.
💣 Naissance de l’Armée rouge japonaise
Au Japon d’après-guerre, il existait une culture de la jeunesse passionnée et motivée par des idéaux révolutionnaires que certains dirons progressistes. Mobilisant des centaines de milliers de personnes pour descendre dans la rue, occuper des campus universitaires et prendre d’assaut des bâtiments gouvernementaux, et se battre contre des policiers anti-émeutes était monnaie courante pendant l’occupation américaine.
Alors que les forces d’occupation américaines, dirigées par le général Douglas MacArthur, ont entrepris de démocratiser ce qui était essentiellement une dictature militaire. La culture du Japon était alors centrée sur le culte de l’empereur et la religion shintoïste soutenue par l’État.
MacArthur libère alors tous ceux que le gouvernement impérial avait considérés comme idéologiquement dangereux à gauche de l’échiquier politique japonais. Les penseurs et les militants de gauche les plus influents du Japon ont donc pu sortir de prison et reprendre du service.
Le parti communiste japonais (PCJ), plus grand parti communiste non dirigeant d’Asie, a alors prospéré passant de moins de 1 000 membres avant la guerre à 150 000 en 1950.
L’avancée de la guerre froide et la radicalisation accrue du PCJ ont conduit à une série de purges rouges. Le gouvernement a retiré les professeurs communistes connus des universités. La jeunesse japonaise, autrefois éprise des idéaux américains, est devenue horriblement désillusionnée par ce qu’elle considérait comme l’hypocrisie de la démocratie occidentale.
Une distillation quasi constante de radicalité a conduit à la création de l’Armée rouge japonaise au cours des chaotiques mouvements étudiants radicaux des années 1960.
Aux yeux de la JRA, toute tentative de coexistence avec l’Occident impérialiste comme avec Khrouchtchev, était une corruption du marxisme. L’impérialisme devait être purgé et le Japon devait se joindre aux forces révolutionnaires de Cuba, de Palestine, de Corée ou encore du Vietnam.
Le groupe comptait environ quarante membres et une centaine de sympathisants à son apogée, et était l’un des groupes terroristes les plus craints du monde.
Pour arriver à leurs fins l’Armée rouge japonaise a planifié une série d’attaques contre la police dans tout le Japon. Dans les montagnes isolées du col de Daibosatsu dans la préfecture de Yamanashi, des dizaines de volontaires convergent vers une auberge du col local, où ils s’entraînent à la fabrication de « bombes de la paix ».
Une équipe de recherche de l’Armée rouge, composée d’étudiants en chimie, en physique et en médecine préparent des bombes à base de dynamite et de boules de pachinko pour faire un maximum de dégâts !
La progression du camp d’entraînement est brutalement interrompue au petit matin du 4 novembre 1970 : 300 policiers se sont abattus sur les militants endormis. La police a arrêté 53 radicaux, dont l’âge variait de quinze à vingt-six ans.
Maintenant, ils n’avaient pas d’autre choix que d’entrer dans une clandestinité plus lourde. Ils se livrent à des activités beaucoup plus secrètes et les cellules individuelles reçoivent leurs ordres d’un réseau devenu complexe et occulte jusqu’au détournements d’avions comme le vol 351 de Japan Airlines de 1970 (よど号ハイジャック事件).
💣 Activités de l’Armée rouge japonaise
Le manque de leadership et la surveillance accrue de la police après l’embarras national qu’a constitué le détournement du vol 351 ont entraîné des changements extrêmes au sein de la faction de l’Armée rouge et donna lieu à la naissance de l’Armée rouge japonaise.
La période d’activité de la JRA s’étendra principalement de 1972 à la fin des années 80 :
- 30 mai 1972 : massacre de l’aéroport de Lod par des membres de l’Armée rouge japonaise
- 1974 : Fusako Shinegobu entre en contact via le FPLP avec le terroriste Carlos
- 13 septembre 1974 : L’Ambassade de France aux Pays-Bas est attaquée
- Août 1975 : l’Armée rouge prend plus de cinquante otages lors de la prise du consulat des États-Unis et de l’ambassade de Suède à Kuala Lumpu
- Septembre 1977 : l’Armée rouge pirate le vol 472 de la Japan Airlines au-dessus de l’Inde et le force à atterrir à Dacca au Bangladesh
- Décembre 1977 : l’Armée rougepirate le vol 653 de la Malaysia Airlines
- Mai 1986 : l’Armée rouge attaque au mortier les ambassades du Japon, du Canada et des États-Unis à Jakarta en Indonésie
- Juin 1987 : l’Armée rouge attaque au mortier les ambassades des États-Unis et d’Angleterre à Rome en Italie
- Avril 1988 : l’Armée rouge attaque à la bombe un club pour militaires américains (USO) à Naples
La lutte armée a été abandonnée par Shigenobu en 2001 cependant l’organisation fait toujours partie en janvier 2017 de la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis.
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