La situation de la natalité au Japon est complexe et multidimensionnelle, reflétant des enjeux économiques, sociaux et culturels.
La classe politique nippone, à 90% masculine, qualifie d’« inciviques » les jeunes femmes qui n’ont pas l’intention d’avoir des enfants et les enjoint à contribuer au repeuplement du pays.
Quoi qu’il en soit le Japon fait face à une crise démographique sans précédent. En 2023, le pays a enregistré seulement 758 600 naissances, un chiffre historiquement bas qui bat tous les records de faiblesse depuis 8 ans.
Cette situation alarmante soulève de nombreuses questions sur l’avenir du pays et les raisons qui poussent les jeunes Japonais à renoncer à la parentalité.
Des facteurs économiques et sociaux
L’économie japonaise stagne depuis des années, et les salaires restent bas. De nombreux jeunes occupent des emplois précaires ou irréguliers, ce qui rend difficile la perspective de fonder une famille. Le coût élevé de l’éducation et du logement dans les grandes villes comme Tokyo aggrave encore la situation.
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Le Japon est aussi mondialement connu pour ses longues heures de travail et sa culture d’entreprise exigeante. Les cadences de travail intensives au Japon ont aussi des conséquences sur la décision d’avoir des enfants.
Évolution des mentalités
De plus, de nombreux jeunes Japonais rejettent le modèle familial traditionnel, perçu comme contraignant et inégalitaire. Les femmes, en particulier, sont réticentes à sacrifier leur carrière et leur liberté personnelle pour se conformer au rôle de mère au foyer.
On observe une tendance croissante au célibat volontaire chez les jeunes Japonais. Certains hommes, surnommés « herbivores », montrent peu d’intérêt pour les relations amoureuses et la vie de famille, préférant se concentrer sur leurs loisirs et leurs amitiés.
Des obstacles structurels…
Le système de garde d’enfants au Japon est sous-dimensionné, rendant difficile la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Les crèches sont insuffisantes, et le concept de nounou est peu développé.
Les inégalités de genre restent importantes dans la société japonaise. Les femmes assument encore la majorité des tâches domestiques et de l’éducation des enfants, même lorsqu’elles travaillent.
Malgré une culpabilisation incessante, environ 20% des Japonais âgés de moins de trente ans déclarent vouloir rester célibataires, soit parce qu’ils n’ont pas les moyens de fonder un foyer, soit parce qu’ils préfèrent rester à l’écart d’un modèle familial traditionnel qu’ils jugent rétrograde, sexiste et inhumain.
Et des réponses politiques insuffisantes
Le gouvernement japonais a mis en place diverses mesures pour tenter de relancer la natalité, comme l’augmentation des allocations familiales ou la création d’une agence des affaires familiales. Cependant, ces initiatives semblent insuffisantes face à l’ampleur du problème.
La crise de la natalité au Japon est un phénomène complexe, résultant d’une combinaison de facteurs économiques, sociaux et culturels. Pour inverser la tendance, il faudra sans doute une véritable révolution des mentalités et des politiques plus ambitieuses, prenant en compte les aspirations des jeunes générations et les réalités du monde moderne…
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