Avant la restauration Meiji, les Japonais ont créé un bureau (appelé Bansho Shirabesho) pour étudier la peinture occidentale.
Ce bureau aussi appelé Institut d’étude des documents occidentaux était une des nombreuses briques pour maîtriser la technologie occidentale et son programme d’études mettait l’accent sur le dessin technique.
En général, on peut observer qu’à l’époque Meiji, la stratégie initiale japonaise était d’étudier les méthodes de représentation occidentales dans le but (plus large) d’amener le Japon à un niveau de modernité similaire.
Cependant, un groupe de peintres, petit mais influent, s’est engagé dans un échange interculturel qui ne pouvait être contrôlé par la planification gouvernementale…
Takahashi Yuichi et les pionniers
Takahashi Yuichi (高橋 由) naît dans une famille de samouraï à la résidence d’Edo du domaine de Sano. Diplômé du premier bureau pour étudier la peinture occidentale, Yuichi a été le premier artiste japonais de l’époque à exprimer un intérêt artistique plutôt que strictement technique pour la peinture à l’huile. Grâce à l’auto-formation et Charles Wirgman son niveau de maîtrise s’est accru.
Sa Nature morte au saumon de 1877 présentée ici est son tableau le plus connu, il est d’ailleurs reconnu par l’agence pour les Affaires culturelles du Japon comme bien culturel important.
Une école japonaise des beaux-arts a été créée en 1876, et une équipe d’artistes italiens a été engagée pour enseigner les techniques occidentales. Après la restauration de Meiji, en dépit de sa formation en grande partie autodidacte, il est nommé professeur en arts au Kobubijutsu Gakko par le nouveau gouvernement de Meiji. Il y est étudiant et assistant du conseiller étranger de l’école, l’italien Antonio Fontanesi.
Fontanesi enseignant au Japon, peintre de l’école de Barbizon, a su gagner la fidélité de ses étudiants japonais.
Son influence est visible dans les œuvres d’Asai Chu (浅井 忠), qui a ensuite étudié en Europe. Le contemporain d’Asai, Kuroda Seiki (黒田 清輝), étudia en France sous la direction de Raphaël Collin et fut parmi les plus éminents représentants d’un style fortement influencé par l’impressionnisme dans son informalité et son utilisation de couleurs plus claires et plus vives :
Défis de la peinture occidentale au Japon
Des peintures à l’huile dont la qualité d’exécution varie de maladroite à très compétente ont été produites à cette époque ! Contrairement aux styles de peinture assimilés de la Chine, la peinture occidentale a posé des défis conceptuels et techniques importants car en rupture totale avec la mentalité et la technologie japonaise de l’époque…
En effet, il fallait non seulement maîtriser des matériaux inconnus tels que l’huile et la toile, mais aussi assimiler de nouvelles théories de composition, d’ombrage et de perspective, ainsi que la philosophie occidentale sous-jacente de la nature et de sa représentation, qui avait conduit à leur développement au cours des siècles !
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Depuis la fin de la période Meiji
La fin de la période Meiji a vu un développement des écoles de peinture, des affiliations et des systèmes de reconnaissance officielle par le biais d’expositions annuelles.
Il existait des expositions et des associations parrainées par le gouvernement, ainsi que des salons de protestation ou des groupes sécessionnistes, qui témoignaient d’un vif esprit de résistance au contrôle officiel de l’époque.
Les peintures de Kishida Ryusei (岸田劉生) illustrent l’assimilation des techniques européennes au Japon (Kishida était un disciple du peintre néerlandais Van Gogh) :
Une compréhension de plus en plus sophistiquée de l’art et des tendances culturelles européennes a marqué la période Taisho. La revue littéraire humaniste Shirakaba, littéralement le Bouleau blanc, était consacrée à ces sujets et très influente, et elle a contribué à faire connaître aux artistes japonais l’impressionnisme et le post-impressionnisme européens de 1910 à 1923.
L’œuvre d’Umehara Ryuzaburo (梅原 龍三郎) en est un autre exemple. Au début du XXe siècle, il étudia avec Asai Chu et avec Pierre-Auguste Renoir. Sa palette exubérante et son amour des motifs :
Dans la période d’après-guerre, les artistes japonais ont bénéficié d’un accès largement accru aux sources occidentales et de la possibilité de voyager plus librement en Occident. De ce fait on trouve au Japon des praticiens de pratiquement tous les mouvements et styles artistiques modernes transnationaux comme l’expressionnisme abstrait, l’art minimal ou encore le pop art… Jusqu’à des artistes contemporains japonais influents comme l’incontournable Takashi Murakami (村上 隆) !
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