On le traduit souvent par « je reçois humblement », mais cette formule est bien plus profonde qu’une politesse avant de commencer un repas.

Si vous avez déjà regardé un anime, voyagé au Japon ou suivi un vlog de vie nippone, vous avez sans doute entendu ce mot : 「いただきます」— itadakimasu. Mais que veut-il dire exactement ?
🌱 Le sens caché d’itadakimasu
Le mot vient du verbe itadaku (頂く), une forme humble de “recevoir”. Dans la langue japonaise, cette humilité est fondamentale : dire itadakimasu, c’est reconnaître que l’on reçoit quelque chose qui ne nous était pas dû.
👉 Avant un repas, ce mot exprime une gratitude multiple :
- envers les êtres vivants qui ont permis ce repas,
- envers ceux qui ont cultivé, transporté, cuisiné,
- envers la nature et les cycles qui rendent la nourriture possible.
En Occident, on pourrait comparer cela à une prière ou à un moment de silence de remerciement. Mais au Japon, ce geste est quotidien, sobre, sincère, sans être solennel.
🕊️ Racines spirituelles et philosophiques
La culture japonaise est profondément imprégnée de Shintō et de Bouddhisme. Dans cette vision du monde, chaque élément a une valeur : les plantes, les animaux, les humains, la terre.
Dire itadakimasu, c’est donc reconnaître ce réseau invisible de vies et d’efforts.
Dans les temples bouddhistes, les “5 réflexions” (Gokan no Ge) invitent à méditer avant de manger :
- d’où vient la nourriture,
- quels efforts et quelles vies elle représente,
- quelle est notre propre attitude face à ce don.
Le mot “humble” est central ici : manger n’est pas un droit, mais un cadeau reçu avec respect.
🍵 Itadakimasu dans la vie quotidienne
Au Japon, on apprend dès l’enfance à dire itadakimasu. Que ce soit à l’école ou à la maison, ce n’est pas seulement une règle de politesse : c’est un rituel d’attention.
- Même en mangeant seul, beaucoup continuent à le prononcer. La gratitude n’a pas besoin de spectateurs.
- Après le repas, on dit gochisōsama deshita (ごちそうさまでした) : un remerciement final pour le repas reçu.
- Cette pratique encourage aussi une approche plus consciente : moins de gaspillage, plus de respect pour ce qui a été donné.
En filigrane, on retrouve la notion de mottainai — ce regret de gaspiller quelque chose qui avait une valeur.
⚖️ Entre idéal et réalité
Comme toute tradition, itadakimasu n’est pas toujours vécu dans sa pleine profondeur.
- Pour certains Japonais, le mot est devenu automatique, une formule sans réflexion.
- Dans les contextes modernes, les gestes (joindre les mains, marquer une pause) se perdent parfois.
- Hors Japon, son usage peut sembler exotique ou superficiel si l’on ne connaît pas son vrai sens.
Mais même dans sa simplicité, l’intention demeure : rappeler que manger est un acte de gratitude.
🌸 Un petit mot, une grande porte
Itadakimasu n’est pas qu’un mot : c’est une porte vers la gratitude et le respect. C’est reconnaître tout ce que l’on ne voit pas mais qui rend notre repas possible — la nature, les vivants, le travail invisible.
Dans un monde où l’on mange souvent sans réfléchir, où les emballages nous coupent de l’origine de ce que l’on consomme, itadakimasu nous invite à ralentir. À voir chaque repas comme un miracle ordinaire.
La prochaine fois que vous vous asseyez à table, prenez une seconde pour remercier, à votre façon. Parce que ce “merci”, si petit soit-il, change la manière dont on reçoit la vie Itadakimasu.
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