đŸ‡ŻđŸ‡” Être japonais au Canada : Histoire des pionniers, camps et mĂ©moires effacĂ©es

Un miroir qui interroge aussi ce que nous entendons par multiculturalisme, citoyenneté et mémoire collective.

Être japonais au Canada

Si vous pensez aux Japonais au Canada, vous visualisez peut-ĂȘtre quelques bons sushis Ă  Vancouver et c’est tout. Pourtant, derriĂšre ces images familiĂšres, il y a une histoire beaucoup plus rude, qui traverse le racisme d’État, les camps d’internement, la confiscation de tous les biens et, plus tard, un long combat pour la reconnaissance.

À lire aussi sur dondon.media : ⏳ Chronologie du Japon (dates, pĂ©riodes, faits historiques)

Une diaspora minuscule, un poids historique énorme

Aujourd’hui, environ 129 000 personnes se dĂ©clarent d’ascendance japonaise au Canada, soit Ă  peine 0,4 % de la population. La communautĂ© reste concentrĂ©e dans l’Ouest, autour de Vancouver, Burnaby et Richmond, avec des noyaux plus petits Ă  Calgary, Edmonton, Toronto ou MontrĂ©al.

Sur le papier, c’est une minoritĂ© minuscule. Pourtant, symboliquement, les Japonais du Canada portent une histoire qui pĂšse lourd. Ils sont au centre de plusieurs dossiers majeurs du 20e siĂšcle canadien, racisme d’État assumĂ©, internement de civils pourtant citoyens, dĂ©portations hors du pays, puis mise en place d’un des premiers grands programmes de rĂ©paration historique.

Si vous avez l’habitude de suivre les dĂ©bats sur le Japon contemporain, vous retrouverez d’ailleurs des Ă©chos de ces questions dans la façon dont l’archipel gĂšre aujourd’hui sa propre transition vers plus de diversitĂ©, par exemple dans Le Japon vers une sociĂ©tĂ© plus multiculturelle ?.

Pionniers de Wakayama et naissance d’une communautĂ©

Tout commence Ă  la fin du 19e siĂšcle, alors que le Canada est encore en construction et que le Japon de l’ùre Meiji s’ouvre vers l’extĂ©rieur. En 1877, un marin originaire de la prĂ©fecture de Wakayama, Manzo Nagano, quitte son navire Ă  New Westminster, en Colombie-Britannique. Il est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le premier Japonais Ă  s’installer durablement au Canada.

Quelques annĂ©es plus tard, un autre homme de Wakayama, Kuno Gihei, retourne dans son village pour recruter des pĂȘcheurs. Il les emmĂšne Ă  Steveston, petit port Ă  l’embouchure du fleuve Fraser. Juste avant 1914, Steveston est devenue la deuxiĂšme plus grande communautĂ© nippo-canadienne du pays.

Cette premiĂšre vague de migrants, les issei, est composĂ©e en grande majoritĂ© de jeunes hommes ruraux, peu argentĂ©s, qui arrivent comme main-d’Ɠuvre. On les retrouve dans les conserveries de saumon le long de la cĂŽte pacifique, dans l’exploitation forestiĂšre et les scieries, et sur les chantiers de chemins de fer ou dans certaines mines, souvent dans des conditions proches du travail forcĂ©.

À la veille de la PremiĂšre Guerre mondiale, environ 10 000 Japonais vivent au Canada, dont 95 % en Colombie-Britannique. À Vancouver, un quartier japonais s’organise autour de Powell Street, rapidement surnommĂ© Paueru-gai, avec commerces, auberges, journaux et associations.

Construire la cĂŽte Ouest, malgrĂ© l’hostilitĂ©

Sur le terrain, les Japonais s’intĂšgrent trĂšs vite aux Ă©conomies locales. Dans les conserveries de saumon, ils acceptent des salaires plus bas et des horaires plus lourds que leurs collĂšgues blancs, ce qui les rend vite indispensables aux patrons et en mĂȘme temps dĂ©testĂ©s par certains syndicats.

Dans l’agriculture, ils dĂ©veloppent des fermes maraĂźchĂšres et des cultures de fraises dans la vallĂ©e du Fraser, mais aussi plus loin en Alberta. D’autres investissent dans de petits bateaux, deviennent propriĂ©taires de leur embarcation et concurrencent directement les pĂȘcheurs euro-canadiens.

Socialement, c’est un modĂšle hybride. La communautĂ© s’auto-organise fortement par le biais d’écoles de langue, de temples bouddhistes et d’associations de soutien. En mĂȘme temps, elle s’insĂšre rapidement dans le marchĂ© du travail canadien. C’est lĂ  que se dessine un paradoxe qui va marquer tout le 20e siĂšcle, les Japonais sont dĂ©crits Ă  la fois comme travailleurs, disciplinĂ©s, respectables, et comme menace raciale et Ă©conomique.

Quand le droit de cité est retiré

DĂšs que la communautĂ© devient visible, l’appareil politique provincial se durcit. En 1895, la Colombie-Britannique retire le droit de vote aux personnes d’origine japonaise, y compris celles qui sont naturalisĂ©es. Avec cette exclusion Ă©lectorale, ce sont aussi le service de jurĂ©, certaines professions et, plus largement, la pleine citoyennetĂ© locale qui deviennent inaccessibles.

Au dĂ©but du 20e siĂšcle, la peur du fameux « pĂ©ril jaune » explose dans les rues de Vancouver. En 1907, des milliers de manifestants rĂ©unis par l’Asiatic Exclusion League attaquent des commerces chinois et japonais lors d’une Ă©meute raciste. C’est dans ce climat que le gouvernement canadien nĂ©gocie avec Tokyo le Hayashi-Lemieux Gentlemen’s Agreement de 1908.

Le Japon accepte de limiter volontairement l’émigration vers le Canada Ă  400 hommes par an, ouvriers et domestiques. Les retours au pays et l’arrivĂ©e des Ă©pouses par mariage arrangĂ©, les fameuses picture brides, restent possibles. Cela permet Ă  des milliers de femmes de rejoindre leurs maris au Canada, et Ă  la communautĂ© de se stabiliser familialement. En 1928, le quota est abaissĂ© Ă  150 migrants par an, ce qui revient pratiquement Ă  un gel de l’immigration.

Le message dominant est limpide, les Japonais sont jugés inassimilables, trop solidaires entre eux, trop compétitifs sur le marché du travail, et donc à contenir. Pourtant, malgré ces contraintes, une génération nisei, née au Canada, grandit en considérant le pays comme son seul horizon.

1942 : quand la citoyenneté ne protÚge plus

Tout s’effondre aprĂšs l’attaque de Pearl Harbor, le 7 dĂ©cembre 1941. Le Japon devient officiellement ennemi. En Colombie-Britannique, les discours racistes dĂ©jĂ  anciens se combinent Ă  la rhĂ©torique de la sĂ©curitĂ© nationale.

Au dĂ©but de 1942, Ottawa utilise la Loi sur les mesures de guerre pour crĂ©er une zone protĂ©gĂ©e de 160 kilomĂštres de profondeur le long de la cĂŽte Pacifique. Dans un premier temps, les hommes de 18 Ă  45 ans sont expulsĂ©s vers des camps de travail. TrĂšs vite, la mesure s’étend Ă  toutes les personnes d’ascendance japonaise, citoyennes ou non.

Entre 1942 et 1949, plus de 22 000 Japonais-Canadiens, soit plus de 90 % de la communautĂ©, sont dĂ©portĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du pays. Une partie est envoyĂ©e dans des camps de l’intĂ©rieur montagneux de la Colombie-Britannique, comme Slocan, New Denver ou Tashme. D’autres sont affectĂ©s Ă  des camps de travail routier ou forestier, ou dirigĂ©s vers des exploitations agricoles de betteraves Ă  sucre en Alberta, au Manitoba et dans le sud de l’Ontario. Quelques centaines sont enfermĂ©s dans des camps de prisonniers de guerre en Ontario.

Le point central, souvent sous-estimĂ©, tient Ă  la question des biens. Maisons, bateaux de pĂȘche, commerces, terrains, infrastructures communautaires, tout est saisi, vendu par l’État, officiellement pour financer l’internement. Des Ă©tudes estimeront plus tard les pertes Ă©conomiques Ă  plusieurs centaines de millions de dollars. La communautĂ© n’est pas seulement dĂ©placĂ©e, elle est littĂ©ralement dĂ©sancrĂ©e. Powell Street Ă  Vancouver, Steveston et les villages de la cĂŽte sont vidĂ©s de leurs habitants japonais et rĂ©attribuĂ©s Ă  d’autres.

AprĂšs les camps : dispersion, assimilation, silence

La fin de la guerre ne signifie pas la fin du rĂ©gime d’exception. Jusqu’en 1949, les Japonais-Canadiens n’ont pas le droit de revenir sur la cĂŽte de la Colombie-Britannique. À partir de 1945, deux options, toutes deux brutales, leur sont proposĂ©es.

La premiĂšre est la « repatriation » vers le Japon, pays que beaucoup n’ont jamais vu, y compris des nisei et parfois des sansei, nĂ©s et socialisĂ©s au Canada. Environ 4 000 personnes seront effectivement dĂ©portĂ©es vers le Japon, parmi lesquelles des citoyens canadiens de naissance.

La seconde option est le dĂ©placement vers l’est du pays : Prairies, Ontario, QuĂ©bec. On leur propose une installation dite volontaire dans des villes oĂč il n’existe quasiment pas de communautĂ© japonaise. Ils doivent tout reconstruire, souvent loin de la mer, dans des environnements oĂč leur histoire n’est connue de personne.

Ce moment laisse des traces profondes. La communautĂ© se fragmente gĂ©ographiquement. L’assimilation s’accĂ©lĂšre, parfois comme stratĂ©gie de survie; changement de nom, abandon volontaire de la langue japonaise Ă  la maison, mariages mixtes. Dans beaucoup de familles, l’internement devient un sujet tabou. On n’en parle pas aux enfants, pour Ă©viter la stigmatisation Ă  l’école ou au travail.

Les droits politiques sont rĂ©tablis lentement, morceau par morceau. Le vote fĂ©dĂ©ral pour les Japonais-Canadiens n’est rĂ©ellement garanti qu’à la toute fin des annĂ©es 1940, dans un mouvement plus large de dĂ©mantĂšlement des rĂ©gimes raciaux hĂ©ritĂ©s du 19e siĂšcle.

Des annĂ©es 1970 Ă  1988 : construire un dossier contre l’oubli

À partir des annĂ©es 1960 et surtout 1970, une nouvelle gĂ©nĂ©ration, souvent mieux Ă©duquĂ©e, commence Ă  remettre en cause la version officielle de l’internement : un mal nĂ©cessaire en temps de guerre. Les enfants et petits-enfants des internĂ©s se mettent Ă  poser des questions. Pourquoi avons-nous perdu la maison familiale? Pourquoi grand-mĂšre refuse de parler de son adolescence? Pourquoi grand-pĂšre a-t-il un accent japonais mais nous ne parlons pas la langue?

Des associations se crĂ©ent et se structurent. La plus importante est la National Association of Japanese Canadians, NAJC, qui va jouer un rĂŽle central dans la bataille pour le redressment, le redress. Le travail est mĂ©thodique. On collecte des tĂ©moignages, on sort des cartons des lettres, des photos, des listes de biens confisquĂ©s. Des Ă©conomistes calculent les pertes subies par la communautĂ©. Des militants se consacrent au lobbying auprĂšs d’Ottawa, en inscrivant le dossier nippo-canadien dans un dĂ©bat plus large sur les droits humains et les abus de la Loi sur les mesures de guerre.

Le mouvement est nourri aussi par ce qui se passe aux États-Unis. Les Japonais-AmĂ©ricains obtiennent, dans les annĂ©es 1980, une loi de rĂ©paration aprĂšs un combat similaire. Cela renforce l’idĂ©e que ce qui a Ă©tĂ© fait au Canada doit aussi ĂȘtre rĂ©parĂ©, concrĂštement et symboliquement.

Le 22 septembre 1988, aprĂšs des annĂ©es de nĂ©gociations, le Premier ministre Brian Mulroney prĂ©sente des excuses officielles au Parlement et signe un accord avec la NAJC. L’architecture de ce redressment est inĂ©dite Ă  l’époque.

Chaque personne encore vivante qui a Ă©tĂ© internĂ©e, dĂ©placĂ©e ou privĂ©e de ses droits entre 1941 et 1949 reçoit 21 000 dollars. Un fonds communautaire de 12 millions de dollars est créé pour reconstruire les institutions et infrastructures japonaises-canadiennes. Une nouvelle fondation, la Canadian Race Relations Foundation, est dotĂ©e de 24 millions de dollars, avec un financement partagĂ© entre l’État et la communautĂ©. La citoyennetĂ© est restaurĂ©e pour les personnes dĂ©portĂ©es et leurs descendants, et les condamnations prononcĂ©es en vertu de la Loi sur les mesures de guerre sont annulĂ©es.

Pour la premiĂšre fois, l’État canadien met en place un dispositif de rĂ©paration aussi massif pour un groupe ciblĂ©. Ce modĂšle inspirera d’autres demandes de justice historique dans les dĂ©cennies suivantes.

Reconstruire sans territoire : musées, résidences, festivals

Le fonds communautaire de 12 millions de dollars ne reste pas thĂ©orique. Dans l’Ouest canadien, il finance des projets trĂšs concrets. L’un des plus emblĂ©matiques est Nikkei Place, un ensemble de trois hectares Ă  Burnaby, prĂšs de Vancouver.

Nikkei Place regroupe le Nikkei National Museum & Cultural Centre, principal musĂ©e d’histoire des Japonais au Canada, des rĂ©sidences pour personnes ĂągĂ©es japonaises-canadiennes, comme New Sakura-so ou Nikkei Home, ainsi que des espaces pour festivals, archives et expositions. Ce n’est pas seulement un lieu de mĂ©moire, c’est une sorte de quartier de substitution, nĂ© d’un fonds de rĂ©paration pour compenser la disparition de Paueru-gai, de Steveston ou d’autres enclaves cĂŽtiĂšres.

En parallĂšle, des festivals comme le Powell Street Festival rĂ©investissent chaque annĂ©e les lieux d’origine. L’ancien quartier japonais de Vancouver se transforme chaque Ă©tĂ© en espace de musique, de gastronomie, d’arts et de cĂ©rĂ©monies commĂ©moratives. Si vous aimez suivre la vie des conventions et festivals japonais hors du Japon, vous retrouverez ce type d’évĂ©nements dans des panoramas comme la liste des conventions anime, manga et Cool Japan, qui incluent aussi des rendez-vous au Canada.

Japonais au Canada aujourd’hui

DĂ©mographiquement, la diaspora japonaise au Canada reste petite comparĂ©e aux communautĂ©s chinoise ou sud-asiatique. Les donnĂ©es de recensement indiquent qu’en 2021, environ 129 000 personnes se dĂ©claraient d’ascendance japonaise.

Plusieurs traits marquants se dĂ©gagent. D’abord, une forte proportion de personnes nĂ©es au Canada. Les flux migratoires rĂ©cents en provenance du Japon existent, mais restent modestes. Ensuite, un taux trĂšs Ă©levĂ© de mariages mixtes. DĂšs 2001, les Japonais-Canadiens Ă©taient le groupe minoritaire le plus susceptible d’avoir un conjoint non japonais. Dans seulement environ 30 % des couples impliquant au moins une personne d’origine japonaise, les deux partenaires sont eux-mĂȘmes d’ascendance japonaise.

Enfin, la rĂ©partition gĂ©ographique s’est Ă©largie vers l’Est, avec des communautĂ©s visibles Ă  Toronto, Winnipeg ou MontrĂ©al, mĂȘme si la Colombie-Britannique reste le cƓur historique.

Cette hyper-intĂ©gration a un effet paradoxal; la communautĂ© devient moins visible en tant que telle. Dans l’imaginaire populaire, l’histoire japonaise au Canada se rĂ©sume souvent Ă  quelques images d’archives des camps, sans que l’on perçoive la profondeur du travail de reconstruction, la diversitĂ© religieuse et linguistique ou l’arrivĂ©e de nouvelles vagues de migrants depuis les annĂ©es 1990.

Dans le mĂȘme temps, une nouvelle gĂ©nĂ©ration yonsei, quatriĂšme gĂ©nĂ©ration, se tourne vers les archives, la littĂ©rature, le cinĂ©ma ou le militantisme pour interroger l’hĂ©ritage familial et le rattacher aux dĂ©bats actuels sur le racisme systĂ©mique et les politiques sĂ©curitaires. Si vous faites vous-mĂȘme des aller-retours entre Canada et Japon, ou que vous envisagez une expĂ©rience sur place, vous croiserez peut-ĂȘtre ces enjeux via des dispositifs comme le programme JET, qui tissent aujourd’hui d’autres formes de circulation entre les deux pays.

Mémoire, culture pop et usages politiques du passé

Sur le terrain, la mĂ©moire japonaise-canadienne se matĂ©rialise dans plusieurs types de lieux et de pratiques. On trouve des centres communautaires Ă  Vancouver, Toronto, Calgary, Edmonton, Lethbridge ou Winnipeg. Des musĂ©es de site, comme le Nikkei Internment Memorial Centre Ă  New Denver, occupent l’emplacement mĂȘme d’anciens camps. Les visiteurs y voient les baraquements, les photos, les archives qui donnent un visage humain Ă  ce qui pourrait autrement rester une date dans un manuel.

Dans les grandes villes, la culture japonaise apparaĂźt aussi sous une forme plus diffuse. Restaurants, izakaya, Ă©coles de langue, clubs de judo, Ă©vĂ©nements autour de l’animĂ©, du manga ou des jeux vidĂ©o coexistent avec ce passĂ© plus sombre. La mĂȘme esthĂ©tique kawaii que l’on retrouve dans les conventions ou les festivals sert parfois aussi Ă  attirer l’attention sur des expositions ou des initiatives de mĂ©moire.

On peut distinguer plusieurs registres complĂ©mentaires. Un registre patrimonial et civique, incarnĂ© par les musĂ©es, les fondations, les bourses et les programmes Ă©ducatifs financĂ©s en partie par le fonds de redressment. Un registre pop globalisĂ©, oĂč les acteurs japonais-canadiens sont prĂ©sents mais pas toujours identifiĂ©s comme tels, tant l’univers anime et J-pop dĂ©passe les frontiĂšres nationales. Et un registre militant plus discret, qui mobilise l’internement comme prĂ©cĂ©dent pour rĂ©flĂ©chir aux formes actuelles de surveillance, de dĂ©tention d’étrangers ou de mesures d’exception.

Ce que le parcours nippo-canadien dit du Canada

L’histoire des Japonais au Canada agit comme un test de rĂ©sistance pour le rĂ©cit d’un pays prĂ©sentĂ© comme naturellement tolĂ©rant et multiculturel. Elle rappelle que la citoyennetĂ© n’a pas protĂ©gĂ© une minoritĂ© pourtant bien installĂ©e, en grande partie nĂ©e sur place. Elle montre que la logique Ă©conomique et raciale, construite autour de la main-d’Ɠuvre bon marchĂ©, de la concurrence sur le marchĂ© du travail et du fantasme du pĂ©ril jaune, a structurĂ© les politiques dĂšs l’origine, longtemps avant la guerre.

Elle met aussi en lumiĂšre la capacitĂ© de la communautĂ© Ă  transformer un traumatisme en pouvoir politique, jusqu’à imposer un programme de rĂ©paration pionnier Ă  la fin des annĂ©es 1980. Ce processus n’annule pas le passĂ©, mais il donne des outils pour le nommer, le transmettre et le relier Ă  d’autres luttes.

Aujourd’hui, le parcours nippo-canadien est Ă  la fois profondĂ©ment local, ancrĂ© dans les ports de la cĂŽte Pacifique, les camps de l’intĂ©rieur, les banlieues de Vancouver, et rĂ©solument global, reliĂ© aux autres diasporas japonaises des AmĂ©riques et aux dĂ©bats mondiaux sur la mĂ©moire des violences d’État.

Et vous, oĂč vous situez-vous dans cette histoire? Lecteur ou lectrice au Canada, au Japon, ailleurs francophone, peut-ĂȘtre que vous avez dans votre entourage une personne d’origine japonaise qui porte ce passĂ© sans le dire. Peut-ĂȘtre que vous connaissiez dĂ©jĂ  les camps, mais pas la confiscation totale des biens. Ou peut-ĂȘtre que vous dĂ©couvrez seulement que cette histoire existe, ici, et qu’elle continue de façonner silencieusement le pays.

📌 Pour ne rien rater de l’actualitĂ© du Japon par dondon.media : suivez-nous via Google ActualitĂ©s, X, E-mail ou sur notre flux RSS.

Auteur/autrice : Louis Japon

Auteur #Actus, #BonsPlans, #Guides, #Culture, #Insolite chez dondon media. Chaque jours de nouveaux contenus en direct du #Japon et en français ! đŸ‡«đŸ‡·đŸ’•đŸ‡ŻđŸ‡”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *