🎹 Parodies & droit d’auteur spĂ©cial dƍjin

Fanart qui dĂ©chire, fanzine tirĂ© Ă  cent exemplaires, crossover entre licences
 Le dƍjin vit et respire par la parodie.

Parodies & droit d’auteur dƍjin

⚠ Ce guide est informatif : si ton projet devient sĂ©rieux, mieux vaut consulter un·e avocat·e.

Voici un tour d’horizon clair — et sans drama — de ce que disent le Japon, la France/UE et les États-Unis, avec quelques rĂ©flexes pour crĂ©er l’esprit plus lĂ©ger.

ZoneStatut de la parodieRisques principauxBonnes pratiques
đŸ‡ŻđŸ‡” JaponPas d’exception lĂ©gale, tolĂ©rance culturelleAction civile ou pĂ©nale si plainteTirage limitĂ©, respect des guidelines
đŸ‡«đŸ‡·/đŸ‡ȘđŸ‡ș France/UEException encadrĂ©e par la loiConfusion, atteinte au droit moral, marquesTransformation claire, humour, Ă©viter logos bruts
đŸ‡ș🇾 USAParodie = possible fair useSatire moins protĂ©gĂ©e, impact sur le marchĂ©Cibler l’Ɠuvre, limiter la copie au nĂ©cessaire

đŸ‡ŻđŸ‡” Japon : zone grise lĂ©gale

Au Japon, la loi ne prĂ©voit pas d’exception spĂ©cifique pour la parodie. Techniquement, toute parodie est considĂ©rĂ©e comme une Ɠuvre dĂ©rivĂ©e soumise Ă  l’autorisation de l’auteur original. Les articles 11 et 28 du Code du droit d’auteur protĂšgent ces Ɠuvres dĂ©rivĂ©es et confirment que l’auteur initial garde la main sur leur exploitation.

Pourtant, dans les faits, une grande partie de la scĂšne dƍjin prospĂšre grĂące Ă  un mĂ©canisme juridique particulier : de nombreuses infractions sont dites Ă  plainte (shinkokuzai). Tant que le titulaire des droits ne porte pas plainte, il n’y a pas de poursuites pĂ©nales. Cette particularitĂ© a permis l’émergence d’une tolĂ©rance culturelle, surtout pour les productions Ă  petit tirage et destinĂ©es aux Ă©vĂ©nements comme le Comiket.

Cette tolĂ©rance s’accompagne de rĂšgles implicites et parfois explicites. Certains Ă©diteurs ou studios publient des “fan guidelines” prĂ©cisant ce qui est autorisĂ© ou non, par exemple en limitant les volumes imprimĂ©s, en interdisant certains contenus ou en imposant de prĂ©ciser le caractĂšre non officiel de l’Ɠuvre.

En rĂ©sumĂ©, au Japon, le cadre lĂ©gal n’est pas favorable Ă  la parodie, mais la pratique la rend possible
 jusqu’au jour oĂč un ayant droit dĂ©cide d’agir.

đŸ‡«đŸ‡· France & đŸ‡ȘđŸ‡ș Union europĂ©enne : parodie autorisĂ©e

En France, la parodie bĂ©nĂ©ficie d’une exception prĂ©vue par l’article L122-5, 4° du Code de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, qui autorise la parodie, le pastiche et la caricature, Ă  condition de respecter “les lois du genre”.

La Cour de justice de l’Union europĂ©enne a prĂ©cisĂ© dans l’arrĂȘt Deckmyn (2014) que la parodie devait Ă©voquer une Ɠuvre existante, prĂ©senter des diffĂ©rences perceptibles et viser l’humour ou la moquerie, tout en Ă©vitant de vĂ©hiculer un message discriminatoire. En pratique, la jurisprudence française insiste aussi sur l’absence de confusion avec l’Ɠuvre originale et sur le respect du droit moral, notamment l’intĂ©gritĂ© de l’Ɠuvre et la mention du nom de l’auteur.

Il faut aussi noter que l’exception de parodie ne couvre pas automatiquement l’usage de marques protĂ©gĂ©es. Utiliser un logo ou un titre officiel peut donc poser problĂšme, mĂȘme dans un contexte humoristique.

En rĂ©sumĂ©, en France et dans l’UE, la parodie est possible si elle est clairement transformative, ne prĂȘte pas Ă  confusion et respecte le droit moral, mais elle n’excuse pas l’atteinte aux marques.

đŸ‡ș🇾 États-Unis : la parodie, un “fair use” potentiel

Aux États-Unis, la parodie peut relever de la doctrine du fair use. L’affaire emblĂ©matique est Campbell v. Acuff-Rose (1994), oĂč la Cour suprĂȘme a reconnu qu’une parodie commerciale pouvait ĂȘtre protĂ©gĂ©e si elle est transformative et ne porte pas prĂ©judice de maniĂšre excessive au marchĂ© de l’original.

La distinction entre parodie et satire est essentielle. La premiĂšre vise directement l’Ɠuvre parodiĂ©e et est mieux protĂ©gĂ©e ; la seconde utilise l’Ɠuvre pour commenter un autre sujet, et sa protection est beaucoup plus incertaine.

Le fair use est Ă©valuĂ© selon quatre facteurs : le but et la nature de l’usage, la nature de l’Ɠuvre copiĂ©e, la quantitĂ© empruntĂ©e et l’effet sur le marchĂ©. Aucun critĂšre n’est dĂ©cisif seul : tout est question d’équilibre.

En rĂ©sumĂ©, une parodie qui cible l’Ɠuvre originale et transforme son sens a de bonnes chances d’ĂȘtre protĂ©gĂ©e par le fair use, mais chaque cas reste soumis Ă  l’apprĂ©ciation d’un juge.

🛡 CrĂ©er un dƍjin parodique sans se cramer

Si tu veux minimiser les risques, il faut d’abord miser sur la transformation : donner un angle nouveau, commenter le style ou dĂ©tourner l’univers d’une maniĂšre qui ne laisse aucun doute sur ton intention parodique. Évite toute confusion avec une production officielle, notamment dans le titre ou la couverture.

En France et dans l’UE, fais attention Ă  l’usage des marques, mĂȘme dans un contexte humoristique. Au Japon, renseigne-toi sur les fan guidelines de la licence qui t’intĂ©resse et reste dans des volumes modestes. Aux États-Unis, pense au test des quatre facteurs du fair use et ne copie que ce qui est nĂ©cessaire pour que la parodie fonctionne.

Enfin, peu importe le pays, reste attentif aux rĂšgles des plateformes oĂč tu publies et Ă©vite les contenus sensibles, qui peuvent entraĂźner un retrait immĂ©diat ou pire.

La parodie n’est jamais un passe-droit absolu. En France et dans l’UE, c’est une exception encadrĂ©e. Aux États-Unis, c’est potentiellement du fair use, mais toujours au cas par cas. Au Japon, c’est la tolĂ©rance culturelle et la nĂ©cessitĂ© d’une plainte qui font vivre le dƍjin, malgrĂ© un texte de loi dĂ©favorable.

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Auteur/autrice : Louis Japon

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