La culture japonaise de la communication possède 2 concepts centraux et majeurs : Honne (本音) et Tatemae (建前).
Dans cet article, nous vous proposons une exploration complète des concepts de Honne et Tatemae ainsi que leur impact au quotidien et dans le monde du travail.
💡 À retenir
- Honne (本音) : sentiments profonds, sincères et personnels.
- Tatemae (建前) : « façade » sociale, discours et comportements attendus pour préserver l’harmonie.
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Ces notions trouvent leurs origines dans la longue histoire du Japon et dans l’influence de courants philosophiques tels que le confucianisme, le shintô et le bouddhisme.
🇯🇵 Qu’est-ce que le Honne (本音) ?
Le terme Honne (本音), littéralement « son véritable », fait référence à la sincérité intérieure et aux émotions profondes que chacun porte en soi.
Il s’agit de la part la plus authentique de la personnalité, celle qui exprime nos désirs, nos avis et nos ressentis les plus spontanés.
Pourquoi le Honne est-il si important ?
Dans la culture japonaise, le Honne est considéré comme le reflet de la véritable personnalité. Cependant, il est souvent tenu à l’écart dans les interactions quotidiennes pour éviter de perturber l’harmonie.
Malgré cette retenue, le Honne demeure néanmoins présent et peut se manifester dans des moments de grande proximité ou de confiance partagée.
Lorsque l’on exprime son Honne de façon trop directe, on risque de heurter les autres ou de provoquer des conflits. C’est pourquoi les Japonais préfèrent parfois recourir au Tatemae, qui leur permet de maintenir une atmosphère paisible.
🇯🇵 Qu’est-ce que le Tatemae (建前) ?
Le Tatemae (建前), que l’on peut traduire par « façade » ou « partie visible », renvoie à l’attitude et aux paroles que l’on adopte en public pour respecter les normes sociales et préserver l’harmonie collective. Il s’agit d’une forme de maîtrise de soi, consistant à tempérer ses opinions et à adapter son discours de manière à éviter toute discorde.
Dans la société japonaise, la cohésion du groupe prime sur les aspirations individuelles. Le Tatemae joue ici un rôle essentiel : il permet de faire passer un message socialement acceptable, sans toutefois révéler ce que l’on ressent réellement.
De fait, un sourire de politesse devant une critique, par exemple, tient davantage de la façade (Tatemae) que d’un consentement sincère (Honne).
Le Tatemae ne se limite donc pas à la simple politesse et on peut mieux comprendre pourquoi ce comportement est valorisé au Japon : il contribue à préserver l’harmonie au sein du groupe.
🇯🇵 Origines du Honne et Tatemae
Dès le VIᵉ siècle, le confucianisme venu de Chine instaure l’idée qu’il est nécessaire de maintenir l’ordre social à travers la hiérarchie et le respect des rôles.
Le shintô, la religion autochtone du Japon, met en avant la pureté et le lien spirituel avec la nature, ce qui renforce la volonté de ne pas heurter autrui. Le bouddhisme, arrivé à la même époque, insiste sur la compassion et l’harmonie, favorisant là aussi une discrétion et une retenue propices au développement du Tatemae.
Au cours de l’époque Edo (1603-1868), le régime des Tokugawa consolide un système féodal strict, hiérarchisé et clos aux influences extérieures. Dans un tel contexte, il devient impératif de respecter le rang social et de contrôler ses comportements afin de ne pas perturber l’équilibre.
Les rapports codifiés consolident cette pratique de la modestie et du conformisme et amène progressivement la société japonaise à séparer l’expression de l’être profond, le Honne, de la posture officielle exigée par la collectivité, le Tatemae pour préserver l’harmonie, appelé « wa » (和).
🇯🇵 Les enjeux du Honne et Tatemae aujourd’hui
Avec la mondialisation, la rencontre des cultures et l’essor des réseaux sociaux, la frontière entre Honne et Tatemae tend à se transformer.
D’une part, la jeunesse japonaise, influencée par les cultures occidentales, se montre plus encline à exprimer librement ses opinions. D’autre part, les plateformes comme X ou Instagram offrent des espaces d’expression moins formels, où il devient plus simple de dévoiler son ressenti.
Au travail, les entreprises japonaises évoluent également dans un contexte de plus en plus international. Elles doivent alors composer avec des méthodes de communication plus directes, souvent en décalage avec la culture du Tatemae.
🇯🇵 Conseils pour bien naviguer entre Honne et Tatemae
Plus je collabore avec des Japonais ou que je m’intéresse à la culture japonaise, je considère qu’il est essentiel de comprendre cette dualité.
La clé réside dans la capacité à percevoir toutes les nuances de ce mode de communication. En cultivant la patience, l’observation et le respect des conventions sociales, il est beaucoup plus simple de naviguer avec aisance entre Honne et Tatemae… Voici quelques pistes de réflexion :
- Observer attentivement le contexte : repérez les signaux non verbaux et la dynamique de groupe pour percevoir si l’interlocuteur exprime réellement son Honne ou s’il se limite au Tatemae.
- Faire preuve de patience et d’empathie : éviter de forcer l’interlocuteur à exprimer ses sentiments profonds. La confiance se construit progressivement.
- Adopter une communication indirecte : lorsque vous abordez des sujets délicats, utilisez des formules polies et nuancées qui laissent de la place à l’autre pour s’exprimer en douceur.
- Respecter la hiérarchie et l’harmonie : au Japon, la cohésion du groupe est primordiale. Évitez les critiques directes devant un tiers ou en public, afin de ne pas briser l’équilibre social.
Cet article vous a aidé à mieux comprendre les subtilités de la culture japonaise ? N’hésitez pas à le partager et échanger sur vos expériences pour encourager la découverte et l’échange autour de ces notions fondamentales.
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