Le Kagura offre une fenêtre sur la spiritualité et la culture japonaise à travers un spectacle qui allie tradition, histoire et dévotion.
Le Kagura (神楽) est une forme d’art traditionnel japonais qui mêle danse, musique et théâtre dans un cadre rituel shintoïste. Son nom, qui signifie littéralement « divertir les dieux », reflète ses origines sacrées et son lien étroit avec la mythologie japonaise.
À lire aussi sur dondon.media : 🕉️⛩️ Différences entre bouddhisme et shintoïsme au Japon
Ce rituel ancien, à la fois spectaculaire et spirituel, continue de fasciner et de captiver aussi bien les amateurs d’art que ceux intéressés par la culture japonaise.
Origines et Histoire du Kagura
Le Kagura trouve ses racines dans les rituels de la cour impériale japonaise, où il était pratiqué sous forme de Mikagura, des danses sacrées exécutées dans l’enceinte privée des palais.
Ces rituels, destinés à honorer les divinités shintoïstes, étaient initialement réservés à une élite. Cependant, au fil du temps, ils ont inspiré des formes plus populaires appelées Satokagura, qui se sont répandues dans les villages à travers le pays, intégrant des éléments du folklore local.
Le Kagura s’est ainsi adapté aux traditions régionales, donnant naissance à diverses variantes. Parmi les styles notables, on retrouve :
- Miko kagura : Exécutée par les miko (prêtresses shinto), cette danse dérive des rituels où la miko entrait en transe, possédée par le kami. Elle s’accompagne souvent d’accessoires rituels comme des clochettes, des cannes en bambou ou des branches de sakaki.
- Izumo-ryū kagura : Originaire de la région d’Izumo, cette variante trouverait son origine dans le rituel gozakae du sanctuaire Sada. La danse sacrée Sada shin nō est d’ailleurs inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2011.
- Ise-ryū kagura : Dérivée des danses exécutées lors des rituels yudate au sanctuaire d’Ise, cette forme implique une purification par immersion dans l’eau chaude. On l’appelle aussi shimotsuki kagura ou yudate kagura.
- Shishi kagura : Cette variante met en scène le lion gardien des temples (komainu) à travers deux types principaux. Yamabushi kagura : Pratiquée par les moines yamabushi, elle peut être brutale (préfecture d’Iwate) ou posée comme le nō (préfectures d’Aomori, Yamagata et Akita) et Dai-kagura : Dérivée des rituels du sanctuaire Atsuta et de certains sanctuaires d’Ise, elle intègre des éléments acrobatiques et comiques pour divertir la divinité.
Ces formes de Kagura ont également influencé d’autres arts de la scène japonais, comme le théâtre Nô, contribuant à l’évolution culturelle et artistique du Japon.
Caractéristiques et Pratique du Kagura
Le Kagura se distingue par 4 éléments caractéristiques :
- Les danseurs de Kagura portent des costumes colorés et des masques expressifs représentant des divinités ou des personnages mythologiques. Ces costumes sont souvent riches en symbolisme, évoquant les récits sacrés du Shintoïsme.
- Les représentations de Kagura sont accompagnées de musique traditionnelle jouée en direct, comprenant des flûtes, des tambours taiko, et parfois d’autres instruments traditionnels japonais. Cette musique crée une atmosphère mystique qui renforce le caractère sacré du rituel.
- Le Kagura met souvent en scène des récits tirés de la mythologie shintoïste, notamment l’histoire de la déesse du soleil Amaterasu. Ces récits sont interprétés à travers la danse, la musique et les dialogues, permettant au public de revivre les mythes fondateurs du Japon.
- Traditionnellement, les représentations complètes de Kagura peuvent durer toute une nuit, voire plusieurs jours dans certains cas. Cette durée permet une immersion totale dans le rituel et une connexion profonde avec le divin.
Signification Culturelle du Kagura
Le Kagura joue un rôle central dans la culture japonaise pour plusieurs raisons :
- Rituel religieux : Il sert à remercier les divinités locales (kami) pour les bonnes récoltes et à demander leur bienveillance pour l’année à venir.
- Préservation culturelle : Le Kagura est un moyen de préserver et de transmettre les traditions et l’héritage culturel japonais. Il perpétue des pratiques anciennes tout en les adaptant aux évolutions de la société.
- Identité communautaire : Dans certaines régions, le Kagura est une source de fierté locale et un élément central du patrimoine communautaire, renforçant le lien social et culturel au sein des villages.
Variantes Régionales du Kagura
Chaque région du Japon a développé sa propre forme de Kagura au fil des générations, enrichissant ainsi la diversité de cet art sacré.
- L’Iwami Kagura de la préfecture de Shimane est connu pour son rythme rapide et ses costumes flamboyants. Cette forme de Kagura est particulièrement spectaculaire, attirant de nombreux spectateurs.
- Le Kagura de Takachiho, dans la préfecture de Miyazaki, est réputé pour être l’une des formes les plus anciennes, pratiquée sans interruption depuis le 12e siècle. Ce Kagura est considéré comme une représentation pure et authentique des traditions shintoïstes.
En 2016, le Kagura de la région de Buzen (Keichiku) a été reconnu comme bien culturel folklorique immatériel important du Japon, une distinction qui souligne son importance culturelle et spirituelle.
Les efforts pour préserver et promouvoir le Kagura sont cruciaux pour la survie de cet art millénaire. De nombreuses communautés locales soutiennent activement leurs troupes de Kagura, veillant à la transmission des techniques et des savoirs aux jeunes générations.
🚨 Ne manquez pas les derniers articles dondon.media sur le Japon : sur Google Actualités, Twitter, E-mail ou via notre flux RSS.