Les haïkus ne sont connus en Occident que depuis le début du XXe siècle. Découvrez le maître de ce style poétique nippon Matsuo Basho.
📜 Qu’est-ce qu’un Haïku ?
Symbole de la poésie japonais. Le terme a été créé par le poète Masaoka Shiki (1867-1902), haïku (俳句) décrit un style de poème calligraphié d’origine japonais très bref, célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elles suscitent.
Connus en Occident depuis le début du XXe siècle, les poètes occidentaux ont alors tenté de s’en inspirer et ont choisi de la transposer sous la forme d’un tercet 5, 7, 5 syllabes.
Une personne écrivant des haïkus est appelée haijin, haidjin ou encore haïkiste en français.
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Un haïku japonais traditionnel est composé de 17 mores réparties en trois vers. Il évoque généralement une saison et comporte souvent une césure :
Un vieil étang
Matsuo Basho
Une grenouille qui plonge,
Le bruit de l’eau.
L’original japonais :
古池や (furu ike ya, fu/ru/i/ke ya : 5)
蛙飛込む (kawazu tobikomu, ka/wa/zu to/bi/ko/mu : 7)
水の音 (mizu no oto, mi/zu no o/to : 5)
Si le haïku n’indique ni saison, ni moment particulier, on l’appellera Moki. De plus s’il a pour sujet les humains de manière humoristique on l’appelle Senryu.
Tirant leurs origines du tanka, les Haïkus de Basho Matsuo (松尾 芭蕉) sont en quelques sorte les premiers poèmes de ce père spirituel du haïku.
📜 Qui est Matsuo Basho [BIOGRAPHIE] ?
Matsuo Basho, aussi connu sous le nom de Basho signifiant le Bananier, est un poète japonais du début de l’époque d’Edo. Il est né en 1644 à Iga-Ueno et mort le 28 novembre 1694 à Osaka.
Il est issu d’une famille de bushi ayant perdu ce statut et qui vivait d’agriculture. Il est embauché à la fin de son adolescence par la maison Todo, et devient compagnon littéraire du fils du seigneur (Toshitada).
Il développe avec lui son don pour la poésie. Toshitada meurt en 1666, et il quitte dans la foulée la région.
Il aurait ensuite suivi l’enseignement de philosophie et de poésie de plusieurs maîtres, Kitamura Kigin, à Kyōto. En 1672, il part pour Edo et adopte le nom de plume Tosei.
Après avoir occupé divers emplois, il parvint a gagner sa vie comme professeur de haikai. Il prend alors des disciples dont Kikaku, Ransetsu et Sanpū, qui le soutiendront jusqu’à sa mort.
Considéré comme l’un des grands maîtres des haÏkus, il est l’auteur d’environ 2 000 poèmes.
📜 Haïkus de Matsuo Basho (1644–1695)
Basho propose une poésie subtile qui crée l’émotion par ce que suggère le contraste ambigu ou spectaculaire d’éléments naturels simples opposés ou encore juxtaposés :
De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune.
— Matsuo Bashō
Qu’il est digne d’admiration,
Celui qui, devant l’éclair,
Ne pense pas : – Que la vie est brève !
— Matsuo Bashō
Mes larmes grésillent
En éteignant
Les braises.
— Matsuo Bashō
Rien ne dit
Dans le chant de la cigale
Qu’elle est près de sa fin.
— Matsuo Bashō
Devant l’éclair –
Sublime est celui
Qui ne sait rien !
— Matsuo Bashō
Sous la pluie d’été
Raccourcissent
Les pattes du héron.
— Matsuo Bashō
De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune.
— Matsuo Bashō
Du cœur de la pivoine
L’abeille sort –
Avec quel regret !
— Matsuo Bashō
Mes larmes grésillent
En éteignant
Les braises.
— Matsuo Bashō
Viens –
Allons voir la neige
Jusqu’à nous ensevelir !
— Matsuo Bashō
Au printemps qui s’en va
Les oiseaux crient –
Les yeux des poissons en larmes.
— Matsuo Bashō
De quel arbre en fleur ?
Je ne sais –
Mais quel parfum !
— Matsuo Bashō
La fraîcheur –
J’en fais ma demeure
Et m’assoupis.
— Matsuo Bashō
Ce couchant d’automne
On dirait
Le Pays des ombres.
— Matsuo Bashō
Ce chemin –
Seule la pénombre d’automne
L’emprunte encore.
— Matsuo Bashō
Arc pour battre le coton
aussi apaisant qu’un luth
derrière les bambous.
— Matsuo Bashō
Ivre de fleurs
la femme armée d’une épée
porte une veste d’homme.
— Matsuo Bashō
📜 Liste des recueils de poèmes originaux de Matsuo Basho
- Kai oi
- Minashiguri
- Yimatire lesakaka
- Basho no utsusu kotoba
- Heikan no setsu
- Betsuzashiki
Les sept livres de poèmes en kasen de Bashō et son école - Fuyu no hi (Jours d’hiver)
- Haru no hi (Jours de printemps)
- Arano (Friches)
- Hisago (La Calebasse)
- Sarumino
- Sumidawara (Le Sac à charbon)
- Zoku sarumina (posthume)
Les sept journaux de voyage - Nozarashi kikô (journal de voyage usé par les intempéries)
- Kashima kikô (Notes d’un voyage à Kashima)
- Oi no kobumi (Le Carnet de la hotte)
- Sarashina kikô (Notes d’un voyage à Sarashina)
- Genjû-an no ki (Notes de l’ermitage de Genjû / Notes de la demeure d’illusion)
- Saga nikki (Le Journal de Saga)
- Oku no hosomichi (La Sente étroite du Bout-du-Monde)
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